L'« autoroute du ciel » vers la vallée d'Allaï à nouveau ouverte dans le nord du Pakistan
L'« autoroute du ciel » vers la vallée d'Allaï à nouveau ouverte dans le nord du Pakistan
CAMP DE MEIRA, Pakistan, 15 février (UNHCR) - L'« autoroute du ciel » est à nouveau ouverte aux habitants du plus grand camp de secours du nord du Pakistan, grâce au soutien de l'UNHCR qui a permis la réparation d'un câble reliant le camp de Meira à la vallée d'Allaï, au-dessus de la rivière Indus.
Ce téléphérique, construit en 1997 par les autorités pakistanaises, avait été endommagé par le tremblement de terre du 8 octobre dernier. Les villageois d'Allaï avaient l'habitude de l'utiliser pour descendre aux marchés de Besham et de Thakot, le long de l'autoroute de Karakoram. Après le séisme, ils avaient été contraints de trouver un autre moyen de traverser le cours d'eau, optant notamment pour une descente en radeau, rendue aussi lente que dangereuse par les pluies et les courants forts.
Ayant compris l'importance du téléphérique pour les habitants, l'UNHCR et son partenaire d'exécution, Best, ont commencé le travail de réparation en décembre.
« Le téléphérique a été complètement détruit par le séisme », raconte Sherin, l'ingénieur de Best en charge des travaux qui s'élèvent à 42 000 roupies (l'équivalent de 700 dollars). « Le moteur était détruit. En plus, la corde était déchirée et devait être réinstallée entre les deux gares, de chaque côté de la rivière. Il nous a fallu acheter du matériel neuf et engager des ingénieurs pour qu'ils nous aident à attacher les câbles. Nous avons dû faire vite : les habitants du camp de Meira ont appris que nous étions en train de le réparer et étaient impatients que les travaux soient terminés. »
Le téléphérique a repris son fonctionnement normal début janvier, permettant à la population de traverser la rivière rapidement et dans des conditions de sécurité satisfaisantes. Aujourd'hui, les clients paient une somme modique pour utiliser la télécabine, qui peut transporter sans problème jusqu'à six personnes ou 800 kilos de charge par trajet. Ce service est géré par Gul Khan, Zeeb et son cousin Aslam. Ils s'occupent de l'entretien, de l'achat des pièces de réparation et des six à sept litres de diesel nécessaires au fonctionnement du moteur chaque jour. Une fois les passagers embarqués, Zeeb active le sifflet. Aslam met alors le moteur en route et envoie de l'autre côté de l'Indus la cabine et ses passagers, qui restent suspendus dans les airs pendant quelque 45 secondes.
« Chaque jour, nous avons en moyenne 700 passagers », affirme Gul Khan, ajoutant que le téléphérique a transporté jusqu'à 1 300 personnes par jour après les pluies diluviennes et les glissements de terrain sur les routes menant vers Bana, la ville principale dans la vallée d'Allaï.
« Nos passagers emmènent avec eux toutes sortes de choses quand ils traversent la rivière », raconte-t-il. « Très souvent, ils utilisent la télécabine pour se rendre au marché. Ils achètent et vendent des légumes, des vêtements, des articles de la vie quotidienne ainsi que du bois de chauffage. Pendant l'Aïd (à la mi-janvier), nombre d'entre eux ont eu recours à ce service pour rendre visite à des proches et leur apporter des cadeaux. Parfois, les gens transportent aussi des matériaux pour continuer la reconstruction de leur maison. »
Abdoul, qui utilise ce moyen de déplacement pour aller dans son village natal près de Bana, explique : « Bana est seulement à 2,5 kilomètres d'ici dans la montagne mais la route pour y aller est très abrupte. Pour nous, qui sommes coutumiers du fait, cela prend environ une heure et demie à pied. Les gens qui n'ont pas l'habitude de ces montagnes mettent davantage de temps. »
Le téléphérique est souvent utilisé comme une navette par certains des habitants du camp de Meira. Ce site, le plus grand dans la région nord frappée par le séisme, abrite déjà 19 000 personnes et ne cesse de grandir. Certains vont dans leur village dans la vallée d'Allaï et donnent des nouvelles, une fois de retour au camp.
L'un des chefs de communauté à Meira raconte qu'il est lui-même rentré pour voir sa maison au village de Rashang. « Tout est détruit », déplore Talizar. « Les gens ne peuvent pas cultiver leurs terres ni vivre là-bas car il n'y a aucune aide pour la reconstruction. Nous avons besoin d'outils et de matériel pour rebâtir nos maisons. La réhabilitation de la vallée d'Allaï doit devenir prioritaire. Alors nous pourrons rentrer chez nous. »
Quand cela se produira, le téléphérique récemment remis en état contribuera au retour chez eux des gens du camp de Meira.
Par Ozgul Ozcan, au camp de Meira, district de Shangla