Libéria : identification des freins au retour
Libéria : identification des freins au retour
LOFA, Libéria, 25 juillet (UNHCR) - Comment recommencez-vous une vie dans votre ville quand tout est détruit : votre maison pour la construction de laquelle vous aviez travaillé si dur durant des années, ainsi que tous vos biens personnels péniblement gagnés ? C'est ce dilemme que doivent affronter les réfugiés libériens de retour chez eux dans des régions déchirées par la guerre, comme le comté de Lofa.
Lofa, un des 15 comtés du Libéria, a des frontières communes avec la Guinée et la Sierra Leone et fut le comté le plus dévasté après les 14 ans de conflit au Libéria. C'est de là que des dizaines de milliers de Libériens ont fui entre 2001 et 2003 pour les camps de réfugiés en Sierra Leone, dont 30 000 y sont encore aujourd'hui.
Deux employés de l'UNHCR en Sierra Leone ont pu récemment voir, à Lofa, comment les rapatriés reconstruisent leur vie. Par de longues discussions avec eux, ils ont identifié les problèmes principaux et les défis toujours présents dans les régions de retour, qui font peser le pour et le contre quant à de futurs rapatriements depuis les camps.
Quand Momoh Donoh, âgé de 40 ans et quelques-uns de ces amis ont quitté le camp de réfugiés de Largo en Sierra Leone pour une visite rapide au comté de Lofa, ils ont découvert un retour à la normalité. Il a trouvé Kolahun, sa ville natale, plus sûre qu'il ne s'y attendait et a vu l'UNHCR et d'autres organisations non gouvernementales aider les communautés locales et les rapatriés.
« J'ai découvert que l'UNHCR est non seulement présent dans nos camps de réfugiés, mais aussi ici chez nous en aidant les communautés de rapatriés », a dit un rapatrié.
Bien que Momoh Donoh et ses amis soient satisfaits de la bonne évolution de la sécurité au Libéria, ils ont laissé leurs femmes et leurs enfants dans les camps en Sierra Leone. « Nous avons décidé de ne pas venir avec eux maintenant, parce que les enfants vont à l'école et nous voulons attendre la fin de l'année scolaire. Et puis certains d'entre nous ont du riz à récolter. »
Bien que l'UNHCR, l'UNICEF et d'autres partenaires aient réhabilité des centaines d'écoles à travers le Libéria, nombre d'entre elles n'ont pas encore réouvert dans les régions rurales du comté de Lofa.
Vamunya Fofanah a été le président du conseil des anciens à Largo, un camp où 70 % des habitants viennent de Lofa. De retour dans sa ville natale de Kolahun, il a affirmé avoir reçu de l'aide sous forme d'outils agricoles et de semences. « En tant que fermier, mon souci a toujours été de savoir comment démarrer mes activités agricoles sans semences ni outils depuis que nous avons tout perdu dans la guerre. Je suis très reconnaissant de l'aide de l'UNHCR dans le domaine agricole. »
Beaucoup de ses compatriotes rapatriés n'ont pas été aussi chanceux. Seuls ceux rentrés plus tôt dans l'année ont pu initier une activité agricole.
« Pour la plupart des fermiers, cela a été un cauchemar de commencer à cultiver, alors que la distribution des graines et des outils avait déjà été faite avant qu'ils n'arrivent », a dit Arthur M. Konneh, l'ancien président du camp de Gondama. Dans quelques régions, le colis de nourriture pour quatre mois du Programme alimentaire mondial étant déjà épuisé pour la plupart des rapatriés, ils ont été saisis par la peur du manque de nourriture.
En plus des activités agricoles, les rapatriés à Kolahun et Foya reconstruisent leurs maisons, usant pour la plupart de boue et de briques de torchis ou en terre. La plupart des gens ne peuvent se permettre d'acheter du ciment et avec les pluies torrentielles, le processus de reconstruction est un travail pour le moins décourageant.
Les soins médicaux et l'éducation à Lofa et dans les autres régions de rapatriement sont gratuits, quand ils existent. D'autres régions isolées vont avoir maintenant accès à ces services. L'UNHCR met en place des projets pour 1 500 communautés, notamment la réhabilitation d'écoles, les centres de santé, les routes, les ponts, la distribution de l'eau potable et les installations sanitaires, mais étant donné le niveau des dégâts des années de guerre, le défi à relever reste énorme.
L'équipe de visite de l'UNHCR a trouvé en général que la réhabilitation et le développement des infrastructures ont toujours du retard dans les régions éloignées inaccessibles en voiture. Comme l'équipe n'a pas pu visiter des régions avec un nombre important de rapatriés, elle s'est résolue à faire une série de visites supplémentaires.
Lorsque les routes existent, elles sont souvent en mauvais état, aggravé par l'actuelle saison des pluies. Cela a ralenti les mouvements des convois et a rendu la dernière étape du voyage risquée et chère pour les rapatriés, des points de distribution jusqu'à la destination finale.
Etant donné les circonstances, l'état de la route du côté libérien n'est actuellement pas favorable aux convois, a dit Ibrahima Coly, responsable du bureau de l'UNHCR à Kenema, en Sierra Leone. Il a ajouté qu'un convoi planifié le week-end dernier a dû être annulé et qu'une nouvelle tentative ne pourra être envisagée que lorsque les routes vers la station de Foya à Lofa seront en meilleur état, afin de garantir le rapatriement dans la sécurité et la dignité.
Au 6 juillet 2005, 5 579 réfugiés libériens étaient rentrés chez eux depuis la Sierra Leone dans le cadre du rapatriement volontaire commencé en octobre 2004 et qui se poursuit actuellement. Parmi eux, 2 467 personnes sont rentrées dans le comté de Lofa, moins de 10 % de ses habitants qui se trouvent encore dans les camps. Bien que les rapatriés soient généralement heureux d'être de retour chez eux, le processus de reconstruction à Lofa reste une tâche difficile pour beaucoup.
Par Sulaiman Momodu, UNHCR Sierra Leone