La Haut Commissaire assistante du HCR déclare qu'avec de l'aide, la Colombie peut remédier à la crise humanitaire
La Haut Commissaire assistante du HCR déclare qu'avec de l'aide, la Colombie peut remédier à la crise humanitaire
BOGOTA, Colombie, 13 juin (UNHCR) - L'UNHCR est préoccupé par le nombre de ressortissants colombiens qui ont fui hors des frontières ou ont été devenus déplacés, mais l'agence pour les réfugiés reste convaincue que cette nation de l'Amérique latine peut remédier à sa « tragédie humanitaire » avec l'aide de la communauté internationale, a indiqué à Bogota l'un des responsables de l'UNHCR.
Lundi dernier, avant la fin de sa mission de quatre jours, la Haut Commissaire assistante Judy Cheng-Hopkins a rencontré les représentants du Ministère des affaires étrangères et a remercié le gouvernement pour ses efforts renforcés pour aider plus de 2,5 millions de déplacés en Colombie. Elle a aussi souligné l'augmentation significative du budget annoncée fin 2005 pour aider les personnes déplacées.
Judy Cheng-Hopkins, qui a établi un lien entre le déplacement interne et le flux de centaines de milliers de réfugiés vers les pays voisins, a expliqué qu'elle craignait que davantage de personnes ne quittent leurs maisons, leurs emplois et leurs communautés chaque année pour fuir les violences du conflit colombien qui a commencé il y a 42 ans. « Ces chiffres sont extrêmement préoccupants », a indiqué Judy Cheng-Hopkins, « tout spécialement car il n'y a aucun signe de ralentissement. »
Elle est persuadée cependant que la situation pourrait changer dans ce pays. « La Colombie est un pays au revenu intermédiaire, disposant de solides institutions d'Etat. Elle ne peut pas être comparée à certains Etats tombés en faillite ou très faibles où l'UNHCR travaille dans d'autres parties du monde. Avec l'aide de la communauté internationale, la Colombie a les moyens de sortir de cette tragédie humanitaire qui dure depuis si longtemps », a-t-elle indiqué.
Elle a également mis en avant les difficultés que rencontre l'UNHCR pour accomplir sa tâche de protection dans ce vaste pays où le conflit s'étend sur plusieurs régions, les provinces rurales éloignées étant les plus durement affectées.
Judy Cheng-Hopkins a appelé la semaine dernière depuis l'Equateur voisin la communauté internationale à porter davantage d'attention à l'impact humanitaire du conflit colombien sur toute la région. Elle a aussi rendu visite aux personnes déplacées dans le département de Nariño, au sud-ouest de la Colombie, en proie à des troubles. Depuis début 2006, plus de 7 000 personnes ont fui leurs maisons pour échapper à la violence dans ce secteur.
« Nous avons dû fuir et tout abandonner trois fois de suite », a expliqué une femme, Gloria, à la Haut Commissaire assistante. « Tout cela a commencé car mon fils aîné a refusé de rejoindre les rangs d'un des groupes armés irréguliers, et depuis lors, toute la famille est menacée de mort. Ils ont tué l'un de mes fils et ont dit que tous les autres membres de la famille allaient mourir. Pour cette raison, nous ne pouvons vivre tous ensemble dans un même endroit : nous avons dû nous séparer en petits groupes, un fils ici, un autre là. »
Gloria est maintenant à la tête d'une association de déplacés qui gère une petite ferme à Nariño. C'est une partie du projet mené par l'UNHCR dont l'objectif est de fournir aux déplacés les moyens de bénéficier d'un revenu.
« Les projets générateurs de revenus utilisant les compétences des déplacés en agriculture sont particulièrement utiles », a indiqué Judy Cheng-Hopkins. « Mais nos projets ont aussi d'autres objectifs. Tous les projets de l'UNHCR en Colombie ont d'abord et avant tout pour finalité la protection des déplacés. Ils ont aussi une dimension psychosociale : nombre de déplacés ont été si traumatisés par les tragédies vécues qu'ils ont perdu espoir. Faire partie d'un projet leur fournit non seulement un moyen de subsister, mais aussi une raison de vivre. »
Elle a aussi visité un projet de construction de maisons près de Carthagène, sur la côte atlantique de la Colombie, et s'est rendue à Soacha, une banlieue de Bogota où se trouve un grand nombre de déplacés. Elle dit avoir été choquée par l'extrême violence subie par les déplacés qui lui ont fait part de leur expérience, et ce à chaque étape de sa mission.
Cependant Judy Cheng-Hopkins, qui a commencé sa mission le 6 juin en Equateur, a réitéré la détermination de l'UNHCR pour aider. « Si la Colombie dispose de lois bonnes et fortes pour protéger les personnes déplacées, ces gens sont trop perdus pour être même conscients qu'ils ont des droits. C'est là qu'intervient l'UNHCR, pour aider ces personnes qui ont vécu de pareils traumatismes à retrouver leurs droits perdus. »
La Colombie recense maintenant la plus grande population relevant de la compétence de l'UNHCR au monde. L'agence travaille en faveur des personnes déplacées dans le pays depuis la fin des années 90.
Par Marie-Hélène Verney à Bogota