Les rapatriés libériens dépassent le nombre des 10 000

NAAMA, Libéria, 30 mars (UNHCR) - Kollie Barco a d'abord pleuré quand il rentré dans sa ville natale. Ce fut un accès d'émotion inattendu de la part d'un costaud de 32 ans qui avait survécu à plus de 10 ans en exil en Guinée.

Ses larmes provenaient de la joie de rentrer à la maison, mais aussi du désespoir de voir la dévastation de sa communauté de Naama, dans le comté de Bong. Des maisons - y compris la sienne - avaient été envahies par des arbres et des buissons, et l'infrastructure avait été détruite au Libéria pendant les 14 années de guerre civile.

La ville était dans un triste état. Où se trouvait jadis le Camp Naama, le terrain d'entraînement des meilleurs militaires, il n'y avait plus que des décombres et des herbes folles.

« Mes choix étaient limités », se souvient Barco, en se remémorant ce jour inoubliable d'octobre dernier quand il est revenu au Libéria par le premier convoi organisé par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés. Il n'a pas perdu de temps à pleurer, mais se mit directement au travail, utilisant les connaissances en menuiserie qu'il avait acquises dans le camp de Kouankan en Guinée pour reconstruire sa maison.

« Après avoir construit une maison pour moi-même, je peux maintenant aider d'autres à reconstruire la leur. Dans la communauté, on m'appelle pour faire des petits travaux ici et là », déclare l'ancien réfugié, qui a rassemblé d'autres rapatriés compétents pour assister des voisins sans ressources dont les maisons avaient été endommagées.

Aujourd'hui, six mois après son retour à Naama, Barco et son équipe de quatre hommes ont décroché un contrat avec l'UNHCR pour réhabiliter l'école publique locale. « L'assistance que nous avons fournie à notre communauté nous a aidés à obtenir ce contrat » déclare Barco en expliquant que l'agence pour les réfugiés a eu la possibilité d'utiliser leurs services en se fondant sur les recommandations de la communauté.

« En tant que rapatriés, nous pouvons aussi assister l'UNHCR et la communauté humanitaire à rétablir les services de base et une normalité relative », ajoute-t-il.

Depuis octobre 2004, un total de 10 566 réfugiés libériens sont rentrés chez eux avec l'assistance de l'UNHCR. La barre des 10 000 fut franchie la semaine dernière quand trois convois ont rapatrié 963 Libériens de Guinée. Tous les réfugiés qui rentrent reçoivent une aide de départ en rations alimentaires, des ustensiles ménagers et des outils agricoles.

De surcroît, près de 100 000 personnes déplacées à l'intérieur du Libéria sont revenues dans leurs régions d'origine dans un esprit de collaboration entre agences dont l'UNHCR est partie prenante.

L'UNHCR et ses partenaires ont développé pas moins de 1 000 projets permettant aux gens de s'assumer dans les régions du Libéria où ont lieu ces retours. Ces projets visent à aider les rapatriés à se réinstaller chez eux et à absorber l'impact des retours massifs sur les communautés locales. Les deux groupes sont directement impliqués dans l'effort de réparation de l'habitat, des routes, des points d'eau, des écoles et des cliniques qui, à leur tour, fournissent des emplois bien nécessaires à la communauté.

La réintégration et la reconstruction restent des priorités fondamentales pour l'UNHCR. En effet, on s'attend au retour d'un plus grand nombre de réfugiés au Libéria pendant les mois qui précèdent les élections présidentielles d'octobre.

Par Sarah Brownell, UNHCR Libéria