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António Guterres appelle à une action pour mettre fin aux tragédies du Golfe d'Aden

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António Guterres appelle à une action pour mettre fin aux tragédies du Golfe d'Aden

Devant le nombre croissant de décès et les récits poignants des survivants dans le Golfe d'Aden, le Haut Commissaire des Nations pour les réfugiés, António Guterres, a aujourd'hui lancé un appel à la communauté internationale pour que des mesures urgentes soient prises afin de mettre fin aux flux de personnes désespérées traversant la mer depuis la Somalie pour se rendre au Yémen à bord d'embarcations de fortune tenues par des passeurs clandestins.
9 Septembre 2005

GENEVE, 9 septembre, UNHCR - Devant le nombre croissant de décès et les récits poignants des survivants dans le Golfe d'Aden, le Haut Commissaire des Nations pour les réfugiés, António Guterres, a aujourd'hui lancé un appel à la communauté internationale pour que des mesures urgentes soient prises afin d'endiguer le flux de personnes désespérées traversant la mer depuis la Somalie pour se rendre au Yémen à bord d'embarcations de fortune tenues par des passeurs clandestins.

Au moins 150 personnes sont décédées suite à leur traversée dans le Golfe d'Aden durant les trois dernières semaines. Aujourd'hui, on déplore la mort de 25 personnes mortes le long des côtes yéménites, alors qu'au moins 75 corps ont échoué la semaine dernière après que les passeurs clandestins de quatre bateaux, transportant quelque 400 personnes, aient obligé les passagers à sauter par-dessus bord alors qu'ils s'approchaient de la côte. Beaucoup d'entre eux manquent encore. Mercredi soir, un bateau danois a porté secours à 39 personnes qui avaient été abandonnées à leur sort dans le Golfe d'Aden pendant plusieurs jours, mais un homme est décédé avant qu'il n'ait pu recevoir une aide médicale appropriée.

Lors du dernier incident de vendredi, deux bateaux de passeurs clandestins somaliens transportant environ 120 personnes, ont été trouvés au large du Yémen par les garde-côtes yéménites. Dix personnes ont été trouvées mortes près du moteur du bateau, dont deux avaient leurs mains attachées au dos. Deux autres passagers sont décédés après avoir débarqué. Des survivants ont déclaré vendredi que 13 autres passagers avaient péri pendant le voyage, et que leurs corps avaient été jetés à la mer. Beaucoup d'autres sur les bateaux avaient des blessures et 12 se trouvaient dans un état critique. Pratiquement tous étaient assoiffés et affamés, et plusieurs ont dit qu'ils avaient été battus par les passeurs, dont trois ont été arrêtés par les autorités yéménites. Les survivants ont été emmenés au centre d'accueil de l'UNHCR à Mayfa'a, où une assistance médicale leur a été dispensée.

Chaque année, entre septembre et mars, quand les conditions sont favorables dans le Golfe d'Aden, des centaines de personnes périssent à bord d'embarcations de fortune, leurs décès passant le plus souvent inaperçus. Beaucoup d'entre elles embarquent à Bossasso, au nord-est de la Somalie, dans la région du Puntland, tentant d'atteindre le Moyen-Orient à la recherche d'une sécurité, d'un refuge contre la persécution ou tout simplement en quête d'une vie meilleure. Ceux qui survivent à ce voyage périlleux arrivent souvent au Yémen où l'UNHCR gère des centres d'accueil et un camp.

« Avec la saison de navigation qui vient de commencer, nous ne pouvons pas tout simplement attendre pendant plusieurs mois tandis que des centaines, voire des milliers de personnes désespérées périssent dans le Golfe d'Aden, aux mains des passeurs clandestins », a déclaré le Haut Commissaire António Guterres. « La communauté internationale doit aider, et faire pression auprès des autorités de Puntland et Bossasso afin de mettre un terme aux actions des passeurs clandestins. Il faut aussi mieux informer des risques ceux qui sont exploités par les passeurs. Nous demandons aussi aux navires internationaux de secourir les personnes qui pourraient se trouver en détresse dans le Golfe, et aux gouvernements de la région de faire tout leur possible afin d'aider ceux qui arrivent à leurs rivages. »

Mercredi soir, le tanker danois Eli Maersk a sauvé 39 Somaliens et Ethiopiens qui dérivaient dans le Golfe d'Aden depuis plusieurs jours après que leur bateau soit tombé en panne. Deux des passagers étaient dans un état critique et avaient besoin de soins médicaux d'urgence. Une femme venait d'accoucher, et tous les passagers étaient déshydratés et sous-alimentés. L'un d'eux est par la suite décédé. On aide maintenant les survivants à Djibouti.

António Guterres a salué le capitaine et l'équipage du Eli Maersk, et a remercié les autorités de Djibouti pour leur aide.

La Yémen, l'un des rares pays de la région à avoir signé la Convention de 1951 sur les réfugiés, fait preuve de générosité en accueillant les immigrants et les réfugiés. Il y a actuellement environ 47 000 Somaliens enregistrés par l'UNHCR comme réfugiés prima facie au Yémen, mais des centaines de milliers d'autres se trouveraient dans le pays

Dans un contexte directement lié à ce problème, l'UNHCR, avec le soutien de la Commission européenne, organise une réunion internationale d'experts sur l'interception et le sauvetage en mer Méditerranée, à Athènes, le 12 septembre. L'objectif de cette table ronde, qui réunira tant les experts des principaux Etats méditerranéens, que les représentants de l'industrie maritime, les organisations internationales, les organisations non gouvernementales et les universitaires ayant une expertise dans ce domaine, est de discuter des moyens de concilier à la fois contrôles migratoires et protection des réfugiés.

La réunion d'Athènes devrait permettre de formuler un ensemble de recommandations concrètes pour la seconde réunion prévue à Madrid les 17 et 18 octobre 2005, qui réunira les représentants des gouvernements bordant la Méditerranée.