Au Darfour, la sécurité se détériore dangereusement, déclare António Guterres

GENEVE, 25 octobre (UNHCR) - La situation dans la région du Darfour au Soudan se dégrade à nouveau dangereusement, a déclaré ce week-end le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres. Une nouvelle catastrophe pourrait y survenir très bientôt avec un « impact dévastateur » sur les pays voisins et les espoirs de paix ailleurs au Soudan, a-t-il alerté.

« Nous sommes témoins sur le terrain d'une importante aggravation de la situation », a-t-il dit à des journalistes et d'autres invités à Londres lors du lancement international du DVD du concert « Voices for Darfour ». « ... c'est extrêmement grave, des choses horribles se produisent. »

La sécurité s'est terriblement détériorée depuis six semaines, spécialement dans l'ouest du Darfour, avec des embuscades, des prises d'otages et des attaques contre les villages ainsi que le camp d'Aro Sharow pour les personnes déplacées qui ont provoqué la mort de 34 déplacés et villageois. Les travailleurs humanitaires constituent de plus en plus la cible d'attaques. Les agences humanitaires sont considérablement gênées dans leur capacité d'opération sur le terrain.

António Guterres, qui a visité le Darfour il y a deux mois, avait alors fait part de son optimisme déclarant que la paix, bien que difficile, pouvait être possible au Darfour et que, si elle se produisait, elle pourrait avoir un impact bénéfique sur le reste du pays.

« Il y a trois crises différentes en ce moment », a-t-il dit. « Le Sud-Soudan, où la paix a été rétablie sur la base du partage des revenus pétroliers, le Darfour et enfin l'est du Soudan, où les événements sont également en relation avec ceux des pays voisins et le problème entre l'Erythrée et l'Ethiopie. »

« Le Darfour ... selon moi est la clé du succès ou de l'échec pour l'ensemble du Soudan », a-t-il ajouté. « S'il y a succès au Darfour, cela aura un impact positif pour coordonner les accords de paix dans le sud et pour permettre un développement de la paix dans l'est. »

Mais l'inverse, a-t-il prévenu, pourrait probablement produire l'effet négatif : « Si la situation empire au Darfour, cela se détériorera y compris dans le sud où l'accord sera alors menacé. »

Il a exprimé sa profonde inquiétude quant à un possible effet négatif sur les autres pays voisins, particulièrement le Tchad, qui accueille déjà plus de 200 000 réfugiés soudanais du Darfour.

Après nombre d'incidents de sécurité récents, les Nations Unies ont décidé le 11 octobre, comme mesure de précaution, de redéployer le personnel non essentiel en dehors de l'ouest du Darfour. Il est à espérer que cette mesure ne soit que temporaire et que le travail puisse reprendre dans un avenir proche. Tout dépendra de la capacité du gouvernement soudanais à pouvoir garantir la sécurité des personnes déplacées et des travailleurs humanitaires sur son territoire.

L'UNHCR est présent dans l'ouest du Darfour depuis juin 2004, avec des bureaux à El Geneina, Zalinge, Mukjar et Nyala (au sud du Darfour). Quarante internationaux et trente-sept travailleurs nationaux sont présents dans ces bureaux. Selon l'évolution de la situation de sécurité, cinq nouveaux bureaux supplémentaires pourraient être ouverts pour assurer une meilleure protection et mieux assister les personnes déplacées.

António Guterres a fait ce commentaire à l'occasion du lancement du DVD du récent concert de charité pour les réfugiés du Darfour, lors d'une rencontre pour remercier les chanteurs d'avoir participé à ce projet.

L'un d'eux, le chanteur d'opéra grec Mario Frangoulis, a dit à l'équipe de l'UNHCR au siège de l'agence à Genève lundi que sa propre visite prévue au Darfour a été annulée à cause de l'insécurité. Cependant, il a affirmé garder espoir et souhaite continuer à attirer l'attention sur les problèmes du Darfour et le travail de l'UNHCR. Tous les artistes ayant participé à ce concert, ainsi que Sade, David Gray et Franz Ferdinand qui ont offert des morceaux en exclusivité pour le DVD, sont totalement engagés, a-t-il ajouté, et faire connaître le sort des victimes du conflit du Darfour.

Des 31 millions de dollars nécessaires pour les activités de l'UNHCR au Darfour en 2005, les contributions reçues à ce jour s'élèvent seulement à 14,4 millions de dollars.