La banque de développement du Conseil de l'Europe finance la construction de logements dans les Balkans
La banque de développement du Conseil de l'Europe finance la construction de logements dans les Balkans
PARIS, 15 mars (UNHCR) - Plus de 2 300 personnes en Bosnie-Herzégovine et en Serbie Monténégro pourront bientôt quitter leur centre d'hébergement collectif pour intégrer des logements individuels après la finalisation d'un Protocole d'accord entre la Banque de développement du Conseil de l'Europe (CEB) et l'agence de l'ONU pour les réfugiés.
Signé lundi à Paris, ce Protocole d'accord (PA) fixe un cadre de coopération entre les deux institutions et prévoit le versement d'environ 3 millions $ de subventions sur une période de cinq ans ainsi que la formation du personnel de l'UNHCR à la conception, la planification et le suivi d'un prêt de 8 millions d'euros accordé par la Banque au gouvernement de Bosnie-Herzégovine. Les subventions et le crédit ont été développés en parallèle et portent tous deux sur la construction ou la reconstruction de logements pour les personnes déplacées dans les deux pays.
Le PA s'inscrit dans la droite ligne de l'une des priorités statutaires de la banque de développement - soutenir des projets destinés à résoudre les problèmes sociaux provoqués dans des pays européens par la présence ou les mouvements forcés de réfugiés, de déplacés ou de migrants, et ce à travers des programmes de logement, d'éducation, de santé et de création d'emplois. Cet accord résulte également d'une conviction et d'un principe chers à l'UNHCR : le travail d'assistance est plus efficace lorsque les personnes concernées sont impliquées dans les projets de développement.
« C'est le premier accord d'un nouveau genre signé avec une grande banque européenne de développement, il traduit la volonté d'injecter plus de fonds dans l'aide au développement dès lors qu'il s'agit d'apporter des solutions en faveur des réfugiés et des personnes déplacées, c'est un grand pas en avant, » déclarait mardi à Genève le porte-parole de l'UNHCR Rupert Colville.
Selon lui, le PA a d'ores et déjà bénéficié à quelques-uns de ceux qui, 10 ans après les accords de Dayton, n'ont toujours pas trouvé de solution permanente à leur déplacement forcé en Bosnie-Herzégovine et en Serbie Monténégro.
Ainsi, l'an dernier, la banque a versé à l'UNHCR une aide directe d'1 million$ pour reloger de façon permanente 1 081 résidants de centres d'hébergement collectif en Serbie Monténégro, et 55 autres en Bosnie-Herzégovine. Dans certains cas, ceux qui souhaitaient quitter un hébergement collectif pour emménager dans un appartement en location ont pu bénéficier d'une assistance ponctuelle (notamment sous forme de meubles, comme des lits ou un réfrigérateur).
« Cette aide s'est avérée précieuse pour les plus vulnérables, qui ont du mal à faire face dès qu'ils quittent la sécurité des centres collectifs, » témoigne Guido Ambroso, responsable de la zone Europe du sud-est pour l'UNHCR. Il ajoute qu'en Serbie Monténégro la subvention prévue sur 2005, si elle est approuvée par la CEB, couvrirait les coûts de construction liés à l'intégration locale et la distribution de kits d'assistance en nature pour les réfugiés mal logés dans le secteur privé, et pour ceux qui vont quitter les centres collectifs que le Commissariat serbe pour les réfugiés prévoit de fermer cette année.
Pour renforcer l'intégration locale, ajoute G. Ambroso, l'UNHCR a lancé des projets générateurs de revenus par le biais de micro crédits et de formation professionnelle pour les personnes éligibles.
En Bosnie-Herzégovine, ceux qui ont déjà bénéficié du programme sont naturellement ravis de pouvoir enfin mener une existence plus normale après tant d'années passées en hébergement collectif.
« Je suis si heureuse que nous soyons chez nous, avec un toit au-dessus de nos têtes, ma fille et moi. Maintenant elle se sent en sécurité et nous pouvons penser à notre avenir, » se réjouit Sala Jamakovic, qui a quitté le centre collectif de Jablanica en novembre 2004 pour s'installer dans une maison neuve à Zlate, son village natal. Les six maisons bâties à Zlate ont été entièrement financées par la subvention de la CEB.
Cette année, l'agence pour les réfugiés a demandé 1 million $ supplémentaire pour des projets équivalents de logement et d'assistance au redémarrage en faveur des familles vulnérables déplacées dans les deux pays.
« Plus important encore, sur le même thème et suivant le modèle élaboré avec l'UNHCR, la banque a accepté d'octroyer au gouvernement de Bosnie-Herzégovine un prêt à taux privilégié de 8 millions € afin de construire des logements pour ceux qui vivent encore en centre collectif, » se félicite R. Colville. « Le gouvernement de Bosnie-Herzégovine contribuera aussi au projet en débloquant 4 millions € sur ses propres ressources. »
Bien que l'UNHCR ne soit pas impliqué dans le financement ou la mise en oeuvre de ce programme, il déterminera qui en seront les bénéficiaires et participera au suivi pour s'assurer que les prêts profitent effectivement aux quelque 1 200 personnes pressenties.
« L'UNHCR collaborera étroitement avec les ministères de Bosnie-Herzégovine concernés et la CEB dans les deux ans qui viennent pour veiller au bon déroulement du projet, » précise Udo Janz, représentant de l'agence à Sarajevo.
En tant que membre de la Banque de développement européenne, la Bosnie-Herzégovine a droit à des prêts alors que la Serbie Monténégro, non membre, ne peut que recevoir des subventions.
Le prêt accordé à la Bosnie-Herzégovine bénéficiera d'abord aux 734 personnes qui vivent actuellement dans les 13 centres collectifs officiels encore ouverts, mais l'UNHCR espère que des solutions équivalentes seront trouvées pour les derniers des 7 000 déplacés hébergés dans des centres non officiels à travers le pays, a indiqué R. Colville. Plusieurs centaines d'entre eux vont déjà pouvoir profiter du prêt en cours.
A l'époque des accords de Dayton, en 1995, environ 45 000 déplacés vivaient dans près de 300 foyers d'hébergement officiellement reconnus en Bosnie-Herzégovine. Depuis, la grande majorité d'entre eux ont pu regagner leurs habitations.
En janvier, les gouvernements de Bosnie-Herzégovine, de Croatie et de Serbie Monténégro sont convenus de clore le chapitre des réfugiés dans le sud-est de l'Europe d'ici fin 2006 par le biais des rapatriements volontaires ou de l'intégration locale.