Début d'une importante opération de retour de déplacés soudanais : les agences humanitaires organisent la traversée du Nil blanc par bateau
Début d'une importante opération de retour de déplacés soudanais : les agences humanitaires organisent la traversée du Nil blanc par bateau
BOR, Soudan, 6 février (UNHCR) - Au terme d'un voyage sur le Nil blanc, un ferry à deux ponts a accosté dans la ville de Bor au Sud-Soudan, avec à son bord 376 Soudanais déplacés internes. Cette opération s'inscrit dans le cadre des efforts fournis par des agences humanitaires, parmi lesquelles l'UNHCR, afin d'aider ces personnes originaires du Sud-Soudan à rentrer chez elles après des années d'exode.
Le bateau transportait principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées, les hommes faisant eux le voyage à pied, afin d'escorter leur troupeau d'un demi-million de têtes de l'Ouest-Equateur à Bor.
Les passagers, tous membres de l'ethnie dinka, chantaient gaiement lorsqu'ils ont posé pied à terre, sur la rive de la ville portuaire de l'Etat de Jonglei, dimanche. Des membres de famille et des amis étaient venus à leur rencontre et ont, eux aussi, manifesté leur joie. Les 375 déplacés, auxquels il a fallu ajouter une petite fille née pendant la traversée, avaient quitté Juba 14 heures plus tôt.
« Au moment précis où vous avez quitté le ferry, vous êtes devenus des citoyens de Bor et vous avez cessé d'être des déplacés », s'est exclamé le gouverneur par intérim de l'Etat de Jonglei. « De vastes terres vous attendent ; vous serez en mesure de reconstruire vos communautés et d'élever vos enfants. »
Les rapatriés faisaient partie d'un groupe de 4 800 déplacés installés dans le centre de transit situé à Lologo, près de Juba. Il y a 16 ans, alors que la guerre civile ravageait leur région d'origine, ces Dinkas avaient fui Bor et s'étaient établis près de Maridi dans l'Etat Ouest-Equateur.
La signature de l'accord de paix en janvier 2005 a finalement rendu possible leur retour à Bor. A la fin de la saison des pluies en septembre 2005, ils ont entrepris un long voyage à pied. Avec leur troupeau d'un demi-million de têtes, ils ont traversé le Nil blanc à Juba fin novembre puis ont continué vers le nord sur la rive est de la rivière. Ce retour par voie terrestre se poursuit ; à ce jour, 250 000 bêtes sont arrivées à Bor et sont maintenant gardées dans 34 parcs à bestiaux des environs.
Les femmes, les enfants et les personnes âgées étant restés à Juba, l'UNHCR, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et d'autres organisations humanitaires, ont organisé leur retour sur une péniche transformée en bateau de passagers et leur ont fourni une aide aux points de départ et d'arrivée. Le voyage de dimanche a été le premier des 12 déplacements par bateau prévus pour les deux prochains mois.
Il s'agit là du premier groupe important de déplacés soudanais dont les agences humanitaires facilitent le retour. Un second groupe de Dinkas originaires de Bor, déplacés en décembre vers Yei, à la frontière de l'Ouganda, sera aussi aidé, une fois toutes les personnes originaires de Juba rentrées chez elles. Les 4 600 déplacés dinkas présents à Yei ont fui le conflit interethnique à Yambio et dans d'autres parties de l'Ouest-Equateur, où ils étaient déjà déplacés.
En prévision de leur arrivée à Bor, l'UNHCR a établi un centre de transit, où le Programme alimentaire mondial, l'UNICEF et l'ADRA (Adventist Development and Relief Agency International) fournissent aux rapatriés de la nourriture, des médicaments et des soins médicaux. L'UNHCR a aussi fourni aux personnes rentrées plusieurs articles de secours, notamment des bâches en plastique, des jerrycans, des moustiquaires et des ustensiles de cuisine.
A leur arrivée, l'UNHCR, l'OIM et la SRRC (Commission de réhabilitation et de secours au Soudan) ont enregistré les rapatriés, dont la plupart passera trois nuits dans le centre d'accueil avant de rentrer dans leur village près de Bor. Du matériel pour construire ce lieu d'accueil et des articles humanitaires ont été transportés sur deux bateaux depuis Juba, il y a deux semaines. D'autres biens de secours ont été acheminés par voie aérienne en raison du risque de mines sur les routes.
La situation générale à Bor reste précaire, avec très peu d'infrastructures et de services. De nombreux villages de la campagne environnante sont difficiles d'accès à cause des mines antipersonnel sur les routes et dans les champs. Malgré ces défis, le seul souhait des déplacés de Juba et de Yei est de rentrer chez eux et de reconstruire leur pays après tant d'années d'exode.
Par Mans Nyberg à Bor, Sud-Soudan