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Changer de camp dans la zone frappée par le séisme au Pakistan

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Changer de camp dans la zone frappée par le séisme au Pakistan

La rivière Kunhar sépare deux camps de survivants du tremblement de terre au nord du Pakistan. L'un ne dispose ni de ressources en eau, ni de soins de santé, ni d'électricité ; l'autre affiche de belles rangées de tentes équipées pour l'hiver et des latrines préfabriquées ... mais persuader les gens de déménager dans ces installations de meilleure qualité n'est pas chose facile.
1 Février 2006
A Balakot, les installations du camp de Kamal Ban (au premier plan) contrastent avec celles du camp de Lightouse, de l'autre côté de la rivière.

BALAKOT, Pakistan, 1er février (UNHCR) - Deux camps très différents se trouvent de part et d'autre de la rivière Kunhar qui coule à travers Balakot, au nord du Pakistan. D'un côté, le camp de Kamal Ban qui regroupe 56 familles dans des tentes disparates, sans eau, système de santé, ni électricité. De l'autre, le camp Lighthouse, sorte d'« hôtel trois étoiles » des camps, avec ses rangées de tentes équipées pour l'hiver et ses latrines préfabriquées.

Entre les deux camps, il semble que le choix ne soit pas très difficile à faire. Et pourtant, les survivants du séisme du camp de Kamal Ban sont d'un tout autre avis. « Nous sommes très heureux ici », explique Irshad. « Nous avons choisi cet endroit parce que nous pouvons y garder nos animaux. Comme il est situé loin de la route, c'est plus sûr quand les enfants jouent. Nous ne voulons pas déménager dans un autre camp. »

Irshad fait partie des quelque 360 personnes qui sont arrivées du même village -

Kamal Ban, dans la vallée de Kaghan, à environ 100 kilomètres - et qui se sont installées, il y a trois mois, dans ce camp établi par une organisation basée à Karachi.

Ils vivent à proximité de la rivière glacée de Kunhar, dans des tentes légères plantées trop près les unes des autres. Des ordures traînent partout, entre les fagots de bois et les réserves de pétrole pour l'hiver. Pour obtenir de l'eau potable, il leur faut grimper jusqu'à une source située à quelques centaines de mètres - ce qui est difficile lorsque la saison des pluies débute et transforme tout en boue. Il n'y a aucun poste de santé, pas d'école pour les enfants qui jouent dans la saleté. Il n'y a pas non plus d'électricité ; la seule lumière qui brille la nuit vient des lanternes.

« Le but de ce transfert est de reloger les gens vivant dans ce genre de sites vers des camps de meilleure qualité et plus sûrs, où l'aide peut leur être fournie d'une manière plus efficace », indique Gonzalo Vargas Llosa, coordinateur pour les urgences de l'UNHCR à Mansehra et qui couvre aussi la zone de Balakot.

« Ils doivent déménager », explique Charlemagne Kpakpo, le responsable de la planification des sites. « Cette zone est sujette aux écoulements de boue. S'il continue à pleuvoir, la rivière va grossir et inonder le camp. Les latrines aux abords du camp vont aussi déborder et générer de sérieux problèmes de santé pour les gens qui y vivent. »

Shaquil, le responsable du camp, n'est pas d'accord : « Il n'y a pas d'inondation l'hiver, elles arrivent seulement au mois de mars et à ce moment-là, les familles rentreront de toute façon chez elles. Nous aidons la population ici et il n'y a aucune raison de partir. S'ils veulent partir, nous ne les retiendrons pas. »

La population elle-même est divisée sur la question du transfert. « Avant, nous voulions bouger car les tentes étaient en mauvais état. Récemment, nous avons reçu des plaques de tôle ondulée pour améliorer nos tentes et nous nous sentons plus en sécurité maintenant », raconte un homme en montrant son toit.

« La tôle ondulée a tout changé », raconte Faïza, chargée de la mobilisation des communautés au sein de l'une des 23 équipes mobiles de l'UNHCR pour la gestion des camps. « Comme leur abri s'est amélioré, ceux qui voulaient partir ont désormais changé d'avis. »

De l'autre côté de la rivière, le camp de Lighthouse attire l'attention. La population de ce camp, géré par une organisation non gouvernementale turque, habite dans des tentes équipées pour l'hiver et dispose d'électricité, de chauffage au gaz et de réchauds pour cuisiner dans chaque tente. Les latrines préfabriquées et les sanitaires ont été importés de Turquie. On y trouve aussi un centre de santé géré par International Medical Corps. Le camp ayant été construit sur un terrain surélevé, il est moins vulnérable aux débordements éventuels de la rivière.

A Balakot, les autres sites disponibles pour le transfert sont les camps de Hassa et Ghari Habibullah, tous deux gérés par les militaires pakistanais et disposant sur place de services essentiels comme la distribution d'eau, les sanitaires, le chauffage, les soins de santé et l'éducation.

« Nous pensons que ces sites représentent une alternative satisfaisante au camp de Kamal Ban », affirme Mata-ul-Hussain Changaiz, assistant de terrain pour l'UNHCR à Balakot. « Mais en fait, nous ne pouvons forcer personne à être transféré. Nous pouvons seulement les conseiller et essayer de les convaincre en insistant ; il ne reste qu'à espérer qu'ils nous écoutent. »

Gonzalo Vargas Llosa ajoute : « Jusqu'à maintenant, les efforts déployés par les autorités et l'UNHCR pour le transfert se sont montrés vains. Ceci illustre malheureusement la complexité de l'exercice de transfert. »

Pour le moment, constate Faïza, chargée de la mobilisation des communautés, le vote du camp de Kamal Ban est partagé à 50-50 - il est à espérer que cette impasse ne durera pas longtemps, étant donnée la détérioration de la météo.

« Nous venons du même village », explique Irshad. « Si l'un d'entre nous part, nous partons tous. Si l'un reste, nous restons tous. »

Par Vivian Tan à Balakot, nord du Pakistan