L'enregistrement des Afghans au Pakistan, pour mieux connaître une population en mouvement
L'enregistrement des Afghans au Pakistan, pour mieux connaître une population en mouvement
MUZAFFARABAD, Pakistan, 31 octobre (UNHCR) - Jabbar Khan porte le même nom que le dernier Gouverneur afghan, qui a été chassé du Cachemire en 1819, mais lui, contrairement à son homonyme, refuse la défaite.
Jabbar Khan, 33 ans, a déjà connu plusieurs déplacements. Son père venait de la province de Laghman, en Afghanistan oriental. Jabbar Khan lui-même est né dans la zone tribale de Kurram, au nord-ouest du Pakistan. Alors qu'il était encore enfant, sa famille a été transférée au camp de Nasir Bagh. Lorsque le gouvernement a fermé le camp, Jabbar Khan et ses proches ont gagné Muzaffarabad, la capitale du Cachemire pakistanais.
Puis il y a eu le tremblement de terre du 8 octobre 2005, qui a provoqué plus de 73 000 morts et laissé des centaines de milliers de personnes sans abri. « Au moment du tremblement de terre, je me trouvais avec mon ami sur son toit », a raconté Jabbar Khan à un employé de l'UNHCR, dans un centre d'enregistrement à Muzaffarabad. « A la fin du séisme, j'ai couru à la maison pour voir ma famille. J'ai été choqué de voir que le toit s'était effondré et que mes deux filles étaient prisonnières des débris. J'ai imploré pour qu'on vienne m'aider, mais nous n'avons pas pu les sauver. »
La famille a également perdu son logement. « La maison a été complètement détruite ; nous dormions à ciel ouvert. La situation était terrible, les gens pleuraient, il y avait des morts partout et les secousses continuaient », se souvient-il. Alors il est parti avec sa femme et ses trois enfants encore en vie pour rejoindre des proches dans un camp de réfugiés à Mansehra, dans la Province frontière du Nord-Ouest.
L'histoire de Jabbar Khan illustre les besoins et les défis auxquels doit répondre l'opération d'enregistrement en cours pour les Afghans au Pakistan. Les Afghans forment une population connue pour être mobile, que ce soit pour fuir un conflit et la pauvreté, pour chercher du travail ou, comme c'est le cas de Jabbar Khan, à cause de catastrophes naturelles. Essayer de garder leurs traces est une immense tâche.
Le recensement mené par le Gouvernement pakistanais début 2005 avait évalué le nombre d'Afghans vivant au Pakistan à un peu plus de trois millions. Plus de 580 000 d'entre eux ayant été rapatriés depuis, il resterait donc environ 2,4 millions d'Afghans au Pakistan. L'enregistrement actuel fait suite à ce recensement et cherche à définir un profil clair des Afghans restants, qui ne sont pas tous des réfugiés. Ceux qui sont enregistrés reçoivent une « preuve d'enregistrement ». Cette carte est valable trois ans et identifie son porteur comme étant un citoyen afghan habitant temporairement au Pakistan.
Interrogé sur la raison de son retour à Muzaffarabad pour l'enregistrement, Jabbar Khan a indiqué : « Je m'enregistre avec ma famille car nous allons recevoir une carte d'identité valable de la part du Gouvernement pakistanais. Je pourrai fréquemment me rendre à Lahore pour mon travail. » Il a expliqué qu'il dirige maintenant un magasin de chaussures qui lui rapporte environ 500 roupies (8,30 dollars) par jour.
Rehmat Khan, un Afghan, ferrailleur et photographe, a aussi été enregistré à Muzaffarabad avec ses quatre femmes et ses six enfants. « Nous sommes heureux ici. Il n'y a rien dans mon pays - ni paix ni nourriture », a-t-il expliqué.
La plupart des Afghans qui ont été enregistrés semblent être satisfaits de la carte qu'ils ont reçue. « Je suis très heureux d'avoir ma propre carte d'identité », a indiqué Abdul Raheem. « Maintenant la police ne me harcèlera plus et je pourrai voyager dans d'autres régions du Pakistan. »
Plus de 45 000 Afghans ont été enregistrés à ce jour, dont 1 700 dans le Cachemire pakistanais. L'enregistrement au niveau national a commencé le 15 octobre et se terminera fin 2006.
Par Asif Shahzad à Muzaffarabad, Pakistan