Des réfugiés namibiens sont rapatriés, parfois en ambulance, depuis le Botswana
Des réfugiés namibiens sont rapatriés, parfois en ambulance, depuis le Botswana
NGOMA, Namibie, 21 novembre (UNHCR) - Un convoi escorté par l'UNHCR depuis le Botswana a transporté un groupe de réfugiés namibiens, dont quatre par ambulance, pour les ramener dans leur pays, dans une atmosphère de joie mêlée de tristesse.
Le retour volontaire de ces 22 personnes est le second petit rapatriement des Namibiens depuis le Botswana cette année, laissant encore environ 1 100 de leurs compatriotes ayant fui les combats sécessionnistes peu connus qui ont eu lieu dans la bande de Caprivi en Namibie, à la fin des années 90. La plupart des 3 000 réfugiés ayant fui ce conflit sont rentrés peu après, mais le petit nombre de personnes rapatriées samedi dernier rappelait le peu d'enthousiasme ressenti par les réfugiés à l'idée de rentrer.
Parmi ces Namibiens, rentrés au Botswana voisin en empruntant un pont, se trouvaient quatre enfants dont les parents sont morts en exil. Les quatre hommes dans les ambulances, qui ont reçu des soins dans leurs maisons au camp de réfugiés de Dukwi, se déplaçaient avec difficulté. Ils seraient rentrés chez eux pour finir leurs jours entourés d'amis et de proches.
Quelques autres rapatriés, voyageant dans un bus escorté par des véhicules de l'UNHCR et de la police du Botswana, ont indiqué qu'ils rentraient en Namibie pour recevoir des soins médicaux. L'UNHCR ne demande pas à un réfugié la raison pour laquelle il désire rentre dans son pays, mais au Botswana les réfugiés n'ont pas accès aux traitements anti-rétroviraux contre le VIH/SIDA - un pays qui connaît l'un des taux d'infection les plus élevés en Afrique australe - alors qu'en Namibie aussi bien les citoyens que les réfugiés peuvent recevoir des traitements.
Les 22 rapatriés sont partis au lever du jour de Dukwi, ont traversé le Parc national de Chobé et ont été reçus par des fonctionnaires namibiens lorsqu'ils sont entrés dans la bande de Caprivi, une extension de la Namibie allant jusqu'au fleuve Zambèze, créée lors de l'ébauche des frontières coloniales au 19e siècle.
Les fonctionnaires namibiens, désireux de reléguer dans le passé la lutte du Caprivi et d'obtenir le retour des réfugiés encore présents au Botswana, ont appelé les rapatriés à dire à ceux qui restés que le retour se déroule dans la sécurité.
« Un jour tout cela finira », a indiqué Phellem Chabolo, un réfugié de retour de Dukwi, au nom des autres rapatriés, dont les proches étaient venus en nombre. « Tout le monde rentrera. »
Bien que les Namibiens constituent le plus grand groupe de réfugiés à Dukwi, ce camp accueille quelque 3 000 réfugiés de divers pays africains. Quelque 800 réfugiés angolais, qui ont fui leur pays en proie à 25 ans de conflit, forment le second plus grand groupe. Enfin, plus de 500 Somaliens, qui ont fui le chaos dans leur pays, forment le troisième groupe.
Le Botswana accueille depuis longtemps des réfugiés à Dukwi. Le camp, qui dispose d'écoles, d'une clinique et d'autres installations, a d'abord accueilli des Sud-Africains, qui avaient fui l'apartheid, et des Zimbabwéens tentant d'échapper à la guerre d'indépendance dans leur pays.
Dans le bus qui a ramené les rapatriés chez eux se trouvait aussi un Namibien qui était emprisonné depuis cinq ans au Botswana pour avoir combattu dans un mouvement d'indépendance. Il n'avait pas été reconnu en tant que réfugié. Le Gouvernement a autorisé le retour de Gallen Mousweu, qui avait toujours clamé son innocence. Il a assuré à l'UNHCR qu'il n'y avait plus de charges contre lui et qu'il était libre de recommencer sa vie.
« Même mes frères de ce côté [de la frontière] ont envoyé des lettres me disant de revenir. Ils affirment que je n'ai commis aucun crime, alors - comme ces autres Namibiens - je dois rentrer dans mon pays », a-t-il expliqué à Dukwi, où il avait été amené par les autorités pénitentiaires du Botswana la veille du retour.
Quelques-uns des Namibiens encore présents à Dukwi n'ont pas abandonné l'espoir de voir un jour l'indépendance de la bande de Caprivi, aussi peu probable soit-elle. « Je ne rentre pas sans l'indépendance », a dit un réfugié qui a assisté au départ des rapatriés. « Je suis un réfugié et je mourrai réfugié. »
Le rythme lent du rapatriement parmi les nombreux groupes de réfugiés, inclus les Namibiens, a incité l'UNHCR à faire tout son possible afin qu'ils subviennent à leurs besoins dans le camp. Ceci comprend des formations pour acquérir des compétences professionnelles, mener des activités agricoles de petite taille ou pour pouvoir être embauché dans une mine de cuivre en cours d'installation près du camp.
Mais les importants obstacles à l'intégration dans la société au Botswana, et les liens toujours existants avec les amis et la famille en Namibie, font que le débat sur le rapatriement n'est pas clos. L'UNHCR a aidé les réfugiés à obtenir des informations sur les conditions du retour, finançant de fonctionnaires namibiens qui voulaient leur retour. Les Namibiens hébergés dans le camp sont régulièrement en contact téléphonique avec des proches chez eux.
« Quand je pense à ma famille, mes parents, je réalise qu'il est temps de rentrer », a indiqué Michael Kangongo, qui était arrivé à Dukwi en janvier 1999 après avoir, dit-il, eu des problèmes avec des soldats du Gouvernement qui luttaient contre la rébellion. Il est rentré samedi avec sa femme et ses trois enfants.
Par Jack Redden à Ngoma, Namibie