Redémarrage du rapatriement des réfugiés soudanais par le HCR depuis la République centrafricaine

TAMBURA, Soudan, 18 décembre (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a repris le rapatriement des réfugiés du Sud-Soudan depuis la République centrafricaine, après avoir été obligée de suspendre cette opération pendant huit mois à cause de problèmes liés à la sécurité.

Vendredi, deux avions transportant 105 rapatriés ont décollé du campement de Mboki, dans le sud-est de la République centrafricaine, et ont atterri à Tambura, dans la région de l'Equatoria oriental, au Sud-Soudan. Le jour suivant, un autre groupe de 100 rapatriés a pu rentrer par deux vols supplémentaires. Ces quatre premiers vols transportaient 33 personnes ayant besoin de soins particuliers.

Lundi, un avion Fokker 50 a accompagné encore 164 passagers à Tambura, et l'UNHCR prévoit maintenant d'organiser trois vols, au rythme de trois fois par semaine, grâce à des avions affrétés par l'Organisation internationale des migrations.

Le premier vol a quitté Mboki après des adieux touchants. Une fois atterri, il a reçu un chaleureux accueil, une foule de quelque 500 personnes se pressant pour saluer les passagers qui descendaient d'avion.

Les retours de réfugiés soudanais par voie aérienne depuis la RCA avaient été suspendus en avril 2006 suite à la fermeture de la frontière entre les deux pays voisins pour des motifs de sécurité et du fait de l'insécurité qui régnait au Soudan. Le Gouvernement de République centrafricaine a donné son feu vert pour l'ouverture d'un corridor humanitaire destiné uniquement au rapatriement par avion des réfugiés soudanais.

Leonidas Nkurunziza, le chef du bureau de l'UNHCR à Mboki, a indiqué qu'environ 8 000 des 10 000 réfugiés congolais présents dans le site souhaitaient regagner leur pays. « Au cours des dernières semaines, beaucoup de réfugiés sont venus nous voir pour nous demander quand nous allions commencer le rapatriement », a-t-il expliqué.

Kazayo Nziro-Nabara a fait partie du premier groupe de rapatriés, vendredi. Cette femme âgée reconnaît qu'il lui sera difficile de recommencer sa vie à Tambura. Si elle et ses deux filles ont quand même décidé de rentrer, c'est parce que, dit-elle, « le Soudan, c'est chez nous ».

Christoph Hamm, chef du bureau de terrain de l'UNHCR à Tambura, a d'ailleurs confirmé que les rapatriés étaient confrontés à d'importants défis résultant du manque d'infrastructures et de personnel qualifié dans des domaines tels que la santé, l'éducation, après plus de deux décennies de guerre. L'UNHCR, par l'intermédiaire de ses partenaires d'exécution, remet en état des centres de santé, des maternités et des écoles primaires - beaucoup de classes ont lieu sous les arbres. L'agence fournit également de l'eau potable en creusant des puits instantanés.

Les rapatriés bénéficient d'un accompagnement pour les aider à démarrer leur nouvelle vie. A leur arrivée à Tambura, les Soudanais reçoivent divers articles non alimentaires, un colis de nourriture et des outils agricoles de la part de l'UNHCR et d'autres agences. Un colis d'aide spécifique contenant des habits et des jouets est attribué aux enfants âgés de deux à cinq ans.

Les rapatriés ont été enregistrés, ont pu se restaurer et se reposer. GTZ, le partenaire opérationnel de l'UNHCR, est responsable de leur transport jusqu'à leur destination finale, le lendemain de leur arrivée à Tambura. Une fois qu'ils auront rejoint leurs villages d'origine, l'UNHCR maintiendra le contact avec les rapatriés pour s'assurer que les standards minimaux de protection sont respectés.

L'Equatoria occidental, une région fertile située sur la ligne de partage des eaux entre le Nil et le Congo, produit un surplus agricole. Les rapatriés devraient pouvoir subvenir à leurs besoins en nourriture dès la première récolte.

Le bureau de l'UNHCR en République centrafricaine prévoit de rapatrier environ 8 000 réfugiés soudanais d'ici mi-2007. Plus de 2 100 réfugiés sont rentrés chez eux depuis février dans le cadre d'un accord entre l'UNHCR, la République centrafricaine et le Soudan. Quelque 92 000 réfugiés soudanais sont rentrés depuis les pays voisins. Parmi eux, plus de 18 000 sont rentrés avec l'aide de l'UNHCR.

La République centrafricaine accueille 20 000 réfugiés originaires de plusieurs pays, dont 14 000 du Soudan. A l'intérieur de la République centrafricaine, environ 150 000 personnes ont été déplacées par les combats et les crimes commis au nord du pays. Quelque 50 000 autres ont trouvé refuge dans le sud du Tchad et environ 20 000 ont fui au Cameroun.

Par Christoph Hamm à Tambura, Soudan, et Nicolas Rost à Mboki, République centrafricaine