Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

Alors que la barre du million d'Afghans déjà enregistrés au Pakistan vient d'être franchie, les shura facilitent la mobilisation

Articles et reportages

Alors que la barre du million d'Afghans déjà enregistrés au Pakistan vient d'être franchie, les shura facilitent la mobilisation

Le Pakistan a déjà procédé à l'enregistrement d'un million d'Afghans présents sur son sol. Ce chiffre impressionnant ne représente pourtant que 40 pour cent de la population cible. L'UNHCR et les autorités organisent des réunions traditionnelles pour encourager davantage d'Afghans répondant aux critères d'enregistrement à se présenter avant la fin de l'exercice, prévue pour le 31 décembre prochain.
19 Décembre 2006
Le personnel de l'UNHCR recueille les réactions des Afghans sur l'enregistrement à l'occasion d'une shura, une réunion organisée dans le camp de réfugiés de Saranan.

CAMPS DE SARANAN/MALGAGAI, Pakistan, 19 décembre (UNHCR) - Alors que l'enregistrement des Afghans organisés au Pakistan a franchi mardi la barre du million d'individus, les efforts s'intensifient pour atteindre encore davantage d'Afghans et les encourager à venir s'enregistrer avant que l'exercice n'arrive à son terme, le 31 décembre prochain.

Depuis le début de l'opération d'enregistrement organisée par le Gouvernement pakistanais début octobre, plus de 631 000 Afghans ont été enregistrés dans la Province frontière du Nord-Ouest, environ 174 000 dans le Baloutchistan, plus de 122 000 au Punjab, 67 000 au Sindh et environ 6 000 dans la province du Cachemire pakistanais. Environ 48 pour cent des personnes enregistrées sont des femmes et 51 pour cent des enfants ont moins de 14 ans.

Toutefois, avec une population cible estimée à 2,4 millions, l'opération d'enregistrement des Afghans présents au Pakistan a encore un long chemin à parcourir. C'est tout particulièrement le cas dans la province du Baloutchistan au sud-ouest, où les conditions hivernales difficiles et les sensibilités culturelles et politiques ont eu pour résultat une faible mobilisation. Afin d'encourager les Afghans à se présenter pour qu'ils puissent être comptés, le gouvernement et l'UNHCR ont mené une campagne d'information intensive expliquant les objectifs de cette opération d'enregistrement.

« Les Afghans ont bien reçu les messages qui leur ont été transmis via la radio, les journaux et la télévision », explique Vivian Tan, qui dirige cette campagne d'information. « Mais la population afghane est dispersée et dispose d'un accès limité aux médias. C'est la raison pour laquelle les rencontres directes et les shura sont si importantes pour faire passer notre message. »

Shura est un terme utilisé par les Afghans pour désigner des séances de partage d'information et de consultations. Avant même que l'enregistrement ne débute, des équipes du Commissariat gouvernemental pakistanais pour les réfugiés afghans (CAR), du Ministère afghan des réfugiés et du rapatriement (MoRR) et de l'UNHCR se sont rendues dans les camps et dans les points de rencontre urbains pour répondre aux diverses questions et obtenir des réactions sur le processus d'enregistrement.

Par un matin d'hiver ensoleillé, avec pour décor les montagnes recouvertes de neige qui entourent le camp de Saranan, au Baloutchistan, un groupe d'Afghans d'âges divers, portant tous barbe et turban, est réuni en cercle autour des employés de l'UNHCR. Les questions fusent de toutes parts : « Vous devez vous assurer que le centre d'enregistrement soit plus près du camp de réfugiés.... Que va-t-il se passer pour ceux qui ne seront pas recensés ?.... Nous avons des gens qui sont partis en Arabie saoudite pour travailler, comment vont-ils faire pour obtenir leur carte ? »

Haji Khair Mohammad Khan, un ancien originaire de Sar-i-Pul, dans le nord de l'Afghanistan, fume une cigarette avant de prendre la parole et de mettre un peu d'ordre dans la réunion. Il demande aux plus âgés de parler à tour de rôle.

« Nous les Afghans, nous avons respecté toutes les lois de ce territoire et les déclarations faites par le gouvernement. Nous sommes prêts à coopérer de notre mieux à cet enregistrement », déclare Haji Khair Mohammad Khan. « Mais certains Afghans qui se sont rendus dans les centres nous ont dit qu'il était impossible de se faire enregistrer sans avoir pris part au recensement préalablement. C'est décourageant. »

Indrika Ratwatte, déléguée assistante de l'UNHCR au Pakistan, intervient. « Les instructions concernant cet enregistrement sont très claires. Seuls ceux qui ont été comptés lors du recensement de 2005 peuvent être enregistrés. Pour les autres, il est inutile d'essayer. Mais de nombreux Afghans qui répondent à ce critère doivent encore s'enregistrer et il ne reste plus que quelques semaines avant que l'enregistrement ne termine ; il faut vous dépêcher. »

Aucun effort n'est épargné pour accéder aux communautés afghanes les plus reculées. Après quatre heures sur une route difficile au départ de Quetta, la capitale du Baloutchistan, l'équipe chargée de la shura arrive dans le camp isolé de Malgagai.

La réunion commence par l'annonce de bonnes nouvelles pour les habitants du camp. « Le centre d'enregistrement sera ouvert du 17 au 31 décembre dans votre camp. Nous vous demandons de coopérer avec les représentants qui viendront dans ce cadre », annonce Imdad Ullah Khan, le directeur du MoRR pour le Baloutchistan

Tawakal Khan n'hésite pas à prendre la parole devant ses pairs plus âgés : « Nous pouvons vous aider à établir le centre d'enregistrement dans l'école. Il y aura assez de place pour accueillir vos machines et votre personnel chargé de mener l'enregistrement. »

Une fois enregistré, chaque Afghan de plus de cinq ans reçoit une carte d'enregistrement. Elle est valable trois ans et identifie son détenteur comme un citoyen afghan temporairement établi au Pakistan. Les enfants de moins de cinq ans sont enregistrés sur la carte de leur mère. Outre le fait que cette carte constitue le premier document officiel qu'aient jamais reçu ces Afghans en exil, l'enregistrement permet de mieux connaître la population afghane présente au Pakistan et donc de faciliter la recherche de solutions durables.

Cet exercice d'enregistrement, d'un coût de six millions de dollars, est mené par l'Autorité pakistanaise des bases de données et de l'enregistrement (National Database and Registration Authority). Il bénéficie de fonds alloués par la Commission européenne, les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

Par Babar Baloch dans les camps de Saranan et Malgagai, Pakistan