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Des milliers de réfugiés soudanais fuient le Darfour vers le Tchad

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Des milliers de réfugiés soudanais fuient le Darfour vers le Tchad

Près de 12 000 personnes fuient des attaques de milices, survenues ces derniers jours dans la région soudanaise du Darfour, et cherchent refuge au Tchad voisin.
11 Février 2008
Près de Birak, dans l'est du Tchad, des réfugiés soudanais restent à l'ombre d'un arbre, après avoir fui des attaques au Darfour.

ABECHE, Tchad, 11 février (UNHCR) - Près de 12 000 personnes ont fui des attaques de milices, survenues ces derniers jours dans la région soudanaise du Darfour, et ont cherché refuge au Tchad voisin, après une détérioration significative de la situation militaire au niveau régional.

Dimanche matin, une équipe de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, avec des partenaires humanitaires, a envoyé une mission d'urgence dans la région frontalière instable à l'est du Tchad vers Figeira, dans la région de Birak. Environ 4 000 à 6 000 réfugiés du Darfour ont cherché refuge aux alentours de Birak, fuyant des attaques meurtrières, aériennes et terrestres, survenues vendredi et samedi.

Un nombre équivalent de réfugiés se trouverait près de Koruk, dans cette même région de Birak. L'équipe de l'UNHCR devrait se rendre dans cette région mardi.

Les membres de l'équipe de l'UNHCR ont indiqué que les réfugiés qu'ils ont vus aux alentours de Birak étaient terrifiés et sans ressources. Ils ont dit que leurs villages avaient été pillés, brûlés et encerclés par la milice pour empêcher les gens de fuir.

Les réfugiés sont principalement originaires des zones de Sirba, Sileah et Abu Suruj, des régions situées au nord d'El Geneina, la capitale de l'Ouest-Darfour. La zone, qui est aussi appelée le corridor du nord, est connue pour être un bastion du groupe d'opposition soudanaise JEM (Justice and Equality Movement).

« La plupart des nouveaux arrivants au Tchad étaient déjà des déplacés au Darfour ces dernières années. Ils sont las de subir des attaques et de devoir encore se déplacer », a indiqué Jorge Holly de l'UNHCR, qui s'est rendu à Birak dimanche.

« Tous les nouveaux réfugiés avec lesquels nous nous sommes entretenus nous ont dit qu'ils ne voulaient pas rentrer au Darfour à ce stade, ils souhaitaient être transférés vers un camp de réfugiés dans l'est du Tchad », a ajouté le directeur du bureau de l'UNHCR à Guéréda.

Les nouveaux arrivants ont indiqué que de nombreux autres réfugiés, principalement des femmes et des enfants, étaient en chemin vers le Tchad pour chercher refuge. Les employés de l'UNHCR dans l'Ouest-Darfour, ainsi que d'autres agences humanitaires, se sont rendus dans la zone affectée lundi pour évaluer les besoins humanitaires du côté soudanais de la frontière. Des milliers de foyers auraient été directement affectés par les attaques.

Un réfugié de Sileah a indiqué que les attaques sur le terrain menées par les milices janjawid, qui auraient été appuyées par un Antonov soudanais, ont pratiquement détruit Abu Suruj et causé de lourds dommages sur quatre camps accueillant des déplacés internes. L'UNHCR ne dispose pas encore d'informations précises sur les pertes en vie humaine. Des employés des organisations non gouvernementales sur place ont été forcés de partir vers le Tchad pour échapper aux attaques.

L'UNHCR prévoit d'envoyer des camions mardi depuis Guéréda vers la zone de Birak pour commencer le transfert des nouveaux arrivants depuis la région frontalière vers le camp de réfugiés de Kounoungou, qui est situé près de Guéréda, à environ 50 kilomètres de Birak.

« Nous sommes en discussion avec les autorités pour établir un nouveau site car nos camps existants dans la région, à Mile et à Kounoungou, sont déjà saturés », a indiqué Jorge Holly. Quelque 30 000 réfugiés du Darfour vivent actuellement à Kounoungou et à Mile.

Les camions partant de Guéréda mardi vont transporter des articles humanitaires y compris des matelas, des couvertures et des jerrycans. L'UNHCR achemine 2 000 articles de secours de son entrepôt d'Abéché et 2 000 autres depuis la ville d'Iriba pour compléter les stocks existants. Cependant des biens humanitaires supplémentaires seront nécessaires pour aider les nouveaux arrivants.

« Pour le moment, les réfugiés dorment dehors et ils se regroupent sous les arbres, durant la journée, pour se protéger du soleil », a expliqué Jorge Holly. « Le problème, c'est qu'il n'y a pas assez d'ombre pour tout le monde. »

Avant ce tout dernier flot de réfugiés, l'UNHCR et ses partenaires fournissaient déjà protection et assistance à 240 000 réfugiés soudanais dans 12 camps à l'est du Tchad et à quelque 50 000 réfugiés centrafricains dans le sud du pays.

Ces toutes dernières arrivées surviennent durant une détérioration de la situation sécuritaire au Tchad. Des forces rebelles ont donné l'assaut sur la capitale N'Djamena en début de mois, forçant près de 30 000 personnes à fuir la ville et à traverser le fleuve Chari vers le Cameroun voisin.

Au Cameroun, un second avion cargo Iliouchine 76, affrété par l'UNHCR, a atterri à Garoua, une ville située dans le nord du pays. Il transportait 45 tonnes de biens de secours qui seront distribués aux réfugiés tchadiens dans la ville frontalière de Kousséri, qui est située non loin de N'Djamena.

Un premier vol acheminant 45 tonnes d'aide humanitaire avait atterri à Garoua vendredi. Le Programme alimentaire mondial a transporté, par avion lundi, une cargaison supplémentaire de 17 tonnes, depuis Accra au Ghana vers Garoua.

Par Annette Rehrl à Abéché, Tchad