Le regain de violence pousse des milliers de civils hors de Mogadiscio
Le regain de violence pousse des milliers de civils hors de Mogadiscio
MOGADISCIO, Somalie, 27 juin 2007 (UNHCR) - Plus de 3 500 civils ont fui la capitale somalienne de Mogadiscio ce mois-ci, en raison de l'escalade des violences dans la cite côtière, particulièrement marquée depuis quelques semaines.
Au cours de la même période, seuls 123 000 des quelque 401 000 civils ayant fui les combats acharnés faisant rage dans la ville entre février et mai y sont retournés, selon des chiffres compilés par l'UNHCR et son réseau de partenaires.
La plupart des personnes qui sont rentrées à Mogadiscio sont originaires des provinces proches de la capitale. Une partie d'entre elles a fui à nouveau Mogadiscio en juin. Alors que plus de 3 500 personnes ont fui la ville au cours de ce mois, environ 33 000 autres y sont rentrées.
Les partenaires locaux de l'UNHCR font état d'un nouveau déplacement majeur : quelque 10 000 personnes ont fui la violence qui a éclaté entre clans rivaux dans la ville côtière du sud du pays, Kismayo, et dans ses environs. Il n'y a pas plus d'informations disponibles sur ce sujet pour le moment.
La plupart de ceux qui refusent de rentrer à Mogadiscio évoquent l'insécurité et la multiplication des actes de violence perpétrés chaque jour, bien que le Gouvernement fédéral de transition, appuyé par les Ethiopiens, ait affirmé avoir défait les insurgés. Ces civils disent qu'ils ne rentreront pas dans la capitale tant qu'elle ne sera pas complètement sécurisée », rapporte un employé d'UNHCR présent à Mogadiscio.
Au cours des dernières violences, de nombreux civils ont été tués ou blessés par des tirs de roquettes, des bombes et des échanges de tirs.
L'employé de l'UNHCR explique que certaines des familles qui étaient récemment rentrées dans la capitale partent à nouveau en raison de la résurgence de l'insécurité. D'autres quittent leur quartier pour aller s'installer dans une autre partie de la ville en raison des explosions de bombes qui ne cessent de se produire près de leurs maisons, notamment dans le nord de la capitale. Ils ont peur d'être pris entre deux feux », ajoute-t-il.
Les employés de l'agence pour les réfugiés des Nations Unies rapportent que certaines familles ont découvert, en rentrant à Mogadiscio, que leurs maisons avaient été détruites et qu'elles n'avaient nulle part où aller. D'autres, qui vivaient près de bases militaires, ont reçu l'ordre de quitter leur domicile.
Environ 250 000 Somaliens, qui vivaient dans des bâtiments appartenant à l'Etat tels que des ministères, des stations de police ou même des centrales électriques, risquent eux aussi l'expulsion. Certaines familles vivaient dans ces bâtiments publics depuis qu'elles avaient fui leurs maisons en 1991, lorsque les seigneurs de la guerre ont renversé le Président Mohammed Siad Barré avant de s'affronter à leur tour.
Le Gouvernement fédéral de transition a d'ores et déjà expulsé 2 000 personnes afin de remettre ces bâtiments publics en état et de les rendre à l'usage collectif. Ces familles sont perdues ; elles ne peuvent plus accéder à l'endroit où elles vivaient et parfois leurs maisons ont déjà été détruites par les autorités », explique un travailleur humanitaire dont l'ONG travaille avec l'UNHCR.
Il précise que ces personnes vulnérables ont besoin d'eau, de nourriture et d'un abri. Nombre d'entre elles ont également besoin de trouver un emploi afin de subvenir aux besoins de leurs familles. L'UNHCR a demandé au Gouvernement fédéral de transition de suspendre les expulsions et de fournir des services de base aux personnes déplacées tout en recherchant des solutions alternatives pour elles.
En juin, l'agence pour les réfugiés des Nations Unies a acheminé par avion des articles de secours de Dubaï, où se trouve son entrepôt, à Mogadiscio. Cette assistance, qui comprend des couvertures, des bâches en plastique, des jerrycans et des ustensiles de cuisine, sera distribuée dans la ville aux personnes les plus vulnérables.
Les mouvements de population s'étendent au-delà de Mogadiscio. Les partenaires locaux de l'UNHCR rapportent également que 4 000 personnes vivant le long de la rivière Shabelle, qui a débordé et a détruit maisons et cultures, ont dû quitter leurs maisons.