Le HCR recherche 11,1 millions de dollars pour combler le déficit de son budget consacré au Sud-Soudan
Le HCR recherche 11,1 millions de dollars pour combler le déficit de son budget consacré au Sud-Soudan
KHARTOUM, Soudan, 2 octobre (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a indiqué, mardi, qu'elle était confrontée, cette année, à un grave déficit de 11,1 millions de dollars pour son opération de rapatriement et de réintégration des réfugiés au Sud-Soudan.
« Nous sommes dans une situation désastreuse. Si nous n'obtenons pas davantage de soutien il nous faudra réduire ou même interrompre nos opérations, avec des conséquences graves sur l'ensemble de nos activités », a indiqué Chris Ache, le délégué de l'UNHCR au Soudan. « Je supplie les donateurs de nous donner l'argent dont nous avons besoin pour poursuivre notre travail », a-t-il ajouté.
La porte-parole de l'UNHCR, Jennifer Pagonis, a réitéré cet appel à l'aide, indiquant mardi depuis Genève que le budget 2007 de l'agence pour les réfugiés consacré aux opérations au Sud-Soudan s'élevait à 56,1 millions de dollars, mais que seuls 45 millions de dollars avaient été reçus.
« La situation financière est si catastrophique que le transport des réfugiés rentrant des camps installés dans les pays voisins au Soudan, qui devait reprendre rapidement après la fin de la saison des pluies, ne pourra peut-être pas avoir lieu, ruinant notre travail au Sud-Soudan et dans l'Etat voisin du Nil bleu », a-t-elle indiqué aux journalistes.
« Notre objectif, cette année, est de faciliter le retour et la réintégration de 102 000 réfugiés soudanais et de quelque 25 000 déplacés internes mais, en l'absence de fonds supplémentaires, ce nombre sera sans aucun doute réduit », a-t-elle ajouté. Elle a, par ailleurs, souligné que l'UNHCR avait facilité, cette année, le rapatriement de 42 000 réfugiés et, conjointement à d'autres agences, celui de 12 000 déplacés internes.
Jennifer Pagonis a ajouté que le manque de fonds avait forcé l'UNHCR à interrompre, en septembre, l'achat par avance d'articles élémentaires d'aide, tels que des articles domestiques ou d'hébergement, des produits hygiéniques et des ustensiles de cuisine, que l'agence distribue habituellement aux rapatriés pour les aider à se réinstaller dans leur communauté d'origine.
La saison des pluies devant arriver à son terme dans les prochaines semaines, il est prévu d'accélérer le rythme des opérations de rapatriement. Quelque 22 000 réfugiés devraient rentrer dans le sud-est du Soudan entre octobre et décembre 2007. Les rapatriés devraient regagner l'Est-Equateur, Jonglei, le Haut-Nil, le Nil bleu depuis l'Ouganda, le Kenya et l'Ethiopie.
Cependant, Jennifer Pagonis a indiqué que l'UNHCR ne serait pas en mesure de les rapatrier ou de leur fournir des colis contenant un minimum d'aide pour faciliter leur retour, à moins de recevoir des fonds très rapidement. Les programmes destinés à la construction et à la réhabilitation des infrastructures de base comme les écoles, les centres de santé et les puits, ainsi que le déminage dans les zones de retour, seront également sérieusement entravés.
L'aide fournie par l'UNHCR est d'une importance vitale pour les rapatriés tels que Johannes Wani. Ce dernier a commencé à cultiver des champs dans le village de Kapuri, près de la ville de Juba, après avoir quitté l'Ouganda plus tôt cette année avec toute sa famille pour rentrer au Sud-Soudan.
Il est plein d'espoirs alors qu'il attend sa première récolte d'arachides. « Cette première récolte marquera le début d'une nouvelle étape dans ma vie », explique cet homme de 45 ans, qui a également planté du gombo, du sorgho et du sésame sur ses trois acres, afin de devenir autosuffisant.
Johannes Wani explique que tout ceci aurait été impossible sans le soutien de l'UNHCR et de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture), qui l'ont aidé à démarrer en ajoutant des graines et des outils à son colis d'aide au retour. Les autres rapatriés ne pourront pas bénéficier de ce genre d'assistance à la réintégration. Si l'UNHCR ne parvient pas à combler ce trou financier, il leur sera donc plus difficile de s'en sortir.
Plus de deux ans se sont écoulés depuis la signature de l'accord de paix qui a mis fin, en janvier 2005, à vingt ans de guerre civile, mais le Sud-Soudan reste largement dévasté et sous-développé. Le conflit a causé le déplacement de plus de 4 millions de civils à l'intérieur et à l'extérieur du pays.
Au Sud-Soudan, les institutions et les communautés locales n'ont tout simplement pas les moyens d'accueillir et d'aider les réfugiés et les déplacés internes qui sont de retour ; elles dépendent du gouvernement et de la communauté internationale pour fournir cette aide. Dans certains villages des Etats de l'Ouest-Equateur et de Jonglei, les seules écoles existantes ont été reconstruites ou rénovées par l'UNHCR et d'autres acteurs humanitaires.
Depuis le lancement du programme de rapatriement volontaire en décembre 2005, quelque 68 000 réfugiés originaires du Sud-Soudan sont rentrés chez eux, avec l'assistance de l'UNHCR. Ils ont été rapatriés de République centrafricaine, de République démocratique du Congo, d'Ouganda, du Kenya, d'Ethiopie et d'Egypte. Environ 92 000 personnes sont également rentrées par leurs propres moyens depuis 2005.
Plus de 260 000 réfugiés soudanais sont encore enregistrés. La majorité d'entre eux (216 000) vit en exil dans des camps de l'UNHCR au Kenya, en Ouganda et en Ethiopie.
Par Fatoumata Kaba à Khartoum, et Peter Farajallah à Juba, Soudan