Du théâtre pour expliquer les droits des réfugiés afghans
Du théâtre pour expliquer les droits des réfugiés afghans
CHAKRI, Pakistan, 18 août (HCR) - Deux jeunes hommes marchent dans les rues d'une ville pakistanaise où ils sont arrêtés par des policiers. Ils doivent présenter leurs papiers, ils paniquent et une dispute s'ensuit. Finalement, l'un d'entre eux montre une carte prouvant qu'il est un Afghan enregistré. Son ami, qui est aussi un Afghan, n'a pas de documents d'identité et il est arrêté.
Cette scène pourrait se produire partout au Pakistan, et tout spécialement dans le cadre des conditions de sécurité actuellement renforcées. Elle fait aussi partie d'un projet nommé « Théâtre pour le développement » mis en place par Struggle for Change (SACH), une organisation pakistanaise non gouvernementale qui travaille avec le HCR pour sensibiliser les Afghans sur leurs droits et leurs devoirs en tant que réfugiés.
Aujourd'hui, la troupe de théâtre, comptant sept Afghans, se produit à Chakri, un village situé non loin de la capitale pakistanaise, Islamabad. Une foule d'hommes et de jeunes garçons afghans s'est rassemblée et regarde la pièce avec grand intérêt.
Sur scène, l'acteur détenu est relâché après qu'un représentant de sa communauté se soit porté garant et ait payé une amende. Le jeune homme retrouve la liberté sous condition : S'il est repris à traîner sans document d'identité, il pourrait être expulsé vers l'Afghanistan.
C'est un message brutal qui laisse les spectateurs partagés. Nombre d'entre eux avaient participé à un programme gouvernemental visant à enregistrer les Afghans au Pakistan entre octobre 2006 et février 2007 et à leur distribuer des cartes d'enregistrement leur donnant le droit de séjour temporaire jusqu'à la fin 2009. Certains ne se sont pas enregistrés, malgré de nombreux rappels et l'extension des délais, et ils doivent maintenant se soumettre à la législation pakistanaise.
Mohammad Amin, âgé de 62 ans, a fui en 1979 sa ville natale située dans la province de Paktya, à l'est de l'Afghanistan. « Nous sommes très heureux que le HCR nous ait donné des cartes d'enregistement », a-t-il dit. « Grâce à cette carte, je peux gérer mon affaire et aller dans d'autres villes au Pakistan sans problème. »
Un autre spectateur, Akber Khan, a expliqué, « Cette carte est la preuve de notre identité, que nous pouvons facilement montrer à la police. Mais elle expire à la fin de l'année prochaine, et je ne sais vraiment pas ce que nous réserve l'avenir au Pakistan. Je finirai par rentrer, si la paix revient en Afghanistan. »
Durant le débat qui a suivi la pièce, des Afghans qui ne sont pas détenteurs d'une carte d'enregistrement voulaient savoir s'ils pourraient s'enregistrer maintenant, mais ils ont été informés par le SACH que le programme avait pris fin et qu'il ne reprendrait pas. D'autres spectateurs ont demandé des informations sur les procédures de rapatriement et l'assistance pour les Afghans enregistrés.
« Nous utilisons le théâtre pour le développement comme un outil de sensibilisation sur divers problèmes affectant la communauté afghane. Il se base sur des pratiques quotidiennes et il est facile à comprendre », a dit Khalida Salami, directrice exécutive du SACH, au sujet de l'approche interactive et communautaire. « Notre équipe a intégré dans son texte différents sujets comme le harcèlement de la police, la torture, la violence sexuelle et sexiste à l'encontre des femmes et des enfants. »
A part les réfugiés, d'autres ont aussi besoin d'information et de sensibilisation. Le HCR et ses partenaires ont mené de nombreux ateliers pour les autorités policières des principales villes du Pakistan, afin de les aider à prendre conscience de la situation des réfugiés, de leurs droits et de leurs devoirs.
On compte actuellement quelque 1,8 million d'Afghans enregistrés au Pakistan.
Par Asif Shahzad à Chakri, Pakistan