Le spectacle doit continuer : Tournage de séries TV au Liban pour le Ramadan
Le spectacle doit continuer : Tournage de séries TV au Liban pour le Ramadan
BEYROUTH, Liban, 7 août (HCR) - Mosalsalats, les séries TV, sont un moment clé lors du Ramadan dans le monde arabe. Les Syriens fuyant la guerre acharnée dans leur pays d'origine continuent la tradition.
Après iftar, le repas du soir des Musulmans pour la rupture du jeûne durant l'actuel mois de Ramadan, des dizaines de millions de personnes à travers le Moyen-Orient en proie à des troubles se détendent devant une série TV. En général, leur thème concerne des héros du monde arabe engagés dans des batailles célèbres et les séries TV sont un moment clé - et très attendu - du Ramadan.
La Syrie est célèbre dans la région pour ses séries TV. Avant le début du conflit en mars 2011, les séries du petit écran étaient l'un des meilleurs produits à l'export et les compagnies de production étaient très puissantes. « Les émissions de la télévision syrienne pour le Ramadan étaient célèbres à travers le monde », a indiqué un Syrien en exil.
Désormais, cette industrie ayant été pratiquement réduite à néant en Syrie, certaines des productions - ainsi que les équipes d'acteurs et de tournage - ont rejoint le Liban pour continuer à travailler. La plupart ne peuvent pas rentrer chez eux en Syrie.
Bien qu'ils s'en sortent financièrement mieux que la majorité des réfugiés, ceux qui ont fui seraient en danger s'ils rentraient dans leur pays. « Il y a une liste noire des acteurs [publiée sur Internet] », a expliqué un Syrien.
Au Liban, ils reprennent leur travail et ils continuent la tradition de raconter des histoires, une partie intégrante de leur culture. Saifeddine Al Sibaii, qui vit et travaille désormais au Liban, tourne sa toute dernière série TV, « Al Wilada Min Al Khasira, » près de Beyrouth.
Un membre du personnel du HCR, en visite auprès de l'équipe sur le lieu de tournage, a pris des photos des acteurs qui étaient filmés dans un bâtiment abandonné. Dans le script, ils retenaient en otage une personne de la communauté parce qu'elle avait pris parti pour le gouvernement qui, selon eux, n'avait pas fourni les nouvelles maisons promises. L'attente est longue et les tensions sont vives.
C'est le scénario de base de la troisième partie d'une série sur des questions sociales, qui avait été diffusée ces deux dernières années pendant le Ramadan. Cette année, cette série TV est diffusée dans toute la région via une chaîne câblée basée à Abu Dhabi.
Dans cette série TV très populaire, Saifeddine Al Sibaii fait référence à la guerre syrienne et ses effets sur la population. Le metteur en scène explique que le script pose indirectement des questions comme : Que devons-nous faire en tant que peuple ? Pouvons-nous continuer comme ça ? Pouvons-nous parler ? Devons-nous continuer à rester en retrait, à se tuer les uns les autres ou y aurait-il une autre solution ?
Bien que Saifeddine Al Sibaii ait quitté la Syrie, il dit que dans son coeur est resté là-bas. Il est engagé dans le tournage et pris par son travail, mais il explique que lui et tous les acteurs sont inquiets de ce qui se passe dans leur pays et qu'ils sont souvent déprimés. Ils sont déracinés et leur avenir est incertain.
La metteuse en scène Abiha Esber a travaillé ces dernières semaines sur une série TV pour le Ramadan, « Al Obour, » (« La Transition ») dans une région montagneuse du Liban. Tout en racontant une histoire traditionnelle, cette série relève plutôt de la science-fiction, une approche inhabituelle pour une saga traditionnelle.
Dans le scénario, il s'agit d'un étranger en quête d'un nouveau monde, qui n'a ni règle ni population à gouverner. A la fin de l'histoire, après que le pays ait été détruit, l'étranger promet qu'il ramènera les citoyens dans leur lieu d'origine datant d'avant les actes de destruction.
Durant tout le scénario écrit par Abiha Esber, l'étranger pose des questions existentielles aux téléspectateurs : Qu'est-ce que la patrie ? Qu'est-ce que le pouvoir ? Pourquoi les gens doivent souffrir des erreurs des autres ?
Abiha Esber vit et travaille au Liban depuis ces six derniers mois. La plupart des acteurs de sa production TV doivent rester calmes - fuyant les interviews - afin de continuer à travailler. Abiha Esber et ses acteurs regrettent que le secteur artistique en Syrie ait été détruit. « Chaque jour, je dois recommencer à motiver tout le monde, mais les acteurs sont des professionnels et ils font très bien leur travail. »
Par Elena Dorfman à Beyrouth, Liban