Les réfugiés soudanais continuent à fuir vers le Tchad alors que l'équipe d'urgence du HCR se déploie dans la région
Les réfugiés soudanais continuent à fuir vers le Tchad alors que l'équipe d'urgence du HCR se déploie dans la région
N'DJAMENA, Tchad, 2 janvier 2004 (UNHCR) - Il était prévu ce week-end que les six membres de l'équipe d'urgence de l'UNHCR prennent un vol en direction d'Abéché à l'est du Tchad afin de commencer à organiser le déplacement en urgence de dizaines de milliers de réfugiés soudanais depuis les zones frontalières devenues dangereuses.
Environ 95 000 réfugiés soudanais ont fui vers le Tchad depuis le mois d'avril et se trouvent dispersés le long d'une zone s'étirant sur 600 km entre les deux pays.
Selon les estimations, 30 000 d'entre eux sont arrivés pendant le seul mois de décembre et environ 5 000 ces derniers jours depuis la région de Darfour au Soudan occidental.
L'équipe d'urgence, qui comprend un chef d'équipe, un officier de protection, un officier chargé sur le terrain des travaux d'intérêt général, un administrateur et un logisticien, est arrivée le 30 décembre dernier dans la capitale tchadienne de N'Djamena pour encourager l'équipe de l'UNHCR déjà présente à Abéché. Samedi, l'équipe s'est envolée vers Abéché, à 850 km à l'est de la capitale.
La plupart de réfugiés sont des femmes et des enfants. Ils arrivent généralement à la frontière à pied en raison des raids incessants des milices dans les villages de la région de Darfour. Ces derniers racontent que les raids des milices sont accompagnés d'importants pillages et de vols de provisions, poussant les villageois, pris de panique, à prendre la route en direction de la frontière avec le Tchad.
La plupart des réfugiés voyagent de nuit et en petits groupes afin de ne pas attirer l'attention. Ces dernières semaines, des douzaines de camps « spontanés » sont apparus le long de la frontière soudano-tchadienne. L'insécurité bat son plein dans ces camps frontaliers en proie aux raids des milices soudanaises qui volent le bétail des réfugiés.
De nouveaux emplacements de camps plus sûrs ont été identifiés par les autorités et l'UNHCR. Tous doivent être situés au moins à 50 km de la zone frontalière à risque.
Un site à Farchana à 55 km de la frontière est actuellement en construction et devrait être prêt à recevoir les premiers réfugiés à la mi-janvier.
Le camp, situé entre Abéché et la ville frontalière d'Adré, aura une capacité de 15 000 personnes. Le partenaire allemand de l'UNHCR, GTZ, est actuellement en train de creuser trois puits sur le site et de construire des latrines et des douches. L'équipe de Médecins Sans Frontières-Pays Bas sera chargée du traitement de l'eau.
L'UNHCR dispose de 2 000 tentes à Abéché, tentes qui seront bientôt érigées à Farchana.
Un second emplacement de camp a été repéré à Karoub, à 30 km d'Adé et au sud d'Abéché.
De nombreux réfugiés souffrent de problèmes respiratoires. Dans la région de Birak au nord, les températures de jour peuvent atteindre 35°C alors qu'elles peuvent tomber à moins de 10°C la nuit.
Vendredi dernier, l'UNHCR a commencé à distribuer couvertures, matelas, jerrycans et ustensiles de cuisine à des milliers de réfugiés dans les zones de Birak, Guimeze et Bali. La distribution se poursuivra jusqu'à la semaine prochaine et comprendra également des provisions de sorgho et d'huile de cuisine.
A N'Djamena, l'équipe d'urgence de l'UNHCR a rencontré des délégués gouvernementaux ainsi que des représentants des autres Agences des Nations Unies et ceux d'organisations non-gouvernementales (ONG).
Le soutien du gouvernement sera d'une importance cruciale, afin d'assurer que les sites ne présentent aucun risque dû aux mines ou à du matériel n'ayant pas explosé.
L'UNHCR a demandé au Haut Commissariat national pour le déminage de mener parmi les réfugiés des campagnes de sensibilisation sur les dangers des mines et du matériel n'ayant pas explosé.
Certaines zones au nord et à l'est du Tchad sont en effet sévèrement minées en raison des trois décades de guerre civile du pays qui a duré jusqu'en 1996.