Dans la chaleur intense, un camp abrite 25 000 réfugiés, principalement des Kurdes syriens
Dans la chaleur intense, un camp abrite 25 000 réfugiés, principalement des Kurdes syriens
CAMP DE REFUGIES DE SURUC, Turquie, 3 juillet (HCR) - Sous le soleil, il règne une chaleur implacable et la lumière aveuglante se réfléchit depuis le sol presque blanc.
Nous sommes la plaine de Suruç, où se trouve le camp de réfugiés le plus vaste en Turquie. Près de 25 000 personnes y résident dans des tentes HCR-AFAD*. Presque tous sont kurdes et la plupart ont fui Kobané en Syrie, lors des violents combats en septembre 2014.
Au début, les réfugiés étaient logés dans des centres d'hébergement près de Sanliurfa. Le 25 janvier 2014, soit quatre mois seulement après l'afflux massif de civils depuis Kobané, les autorités turques ont ouvert le Centre d'hébergement sous tentes de Suruç, dont la capacité initiale d'accueil était de 35 000 personnes.
Dans les tentes alignées en rangs serrés, la chaleur est à peine moins écrasante à l'intérieur qu'à l'extérieur. Un petit garçon ouvre la porte du petit réfrigérateur fourni par le HCR en même temps que la tente et il rentre sa tête à l'intérieur, dans l'air froid, en tentant d'imaginer une minute qu'il vit dans un climat tempéré. Dans d'autres tentes, les gens sont assis comme des statues, en attendant que le soleil se couche et que le jeûne du ramadan prenne fin.
Moustafa est l'un d'entre eux. Il est assis et scrute la porte de sa tente. Lui et sa famille de 20 personnes ont fui Kobané en automne dernier. Et aujourd'hui, comment se passe sa vie?
« C'est difficile. Il fait chaud, très chaud en été. Et nous n'avons pas de travail. Je suis sorti et j'ai trouvé des places de journalier chez quelques employeurs. Mais ils ne me payaient pas. Je n'ai pu faire contre ça. »
De nombreux résidents du camp essaient de trouver du travail pour compléter les coupons mensuels alloués à chaque famille par les autorités turques pour les produits alimentaires et d'hygiène.
Moustafa attend désormais d'obtenir des conseils de la part de l'un des 11 Mukhtars du camp, qui sont élus par les résidents du camp, sur ses droits et sur la possibilité de trouver ce qu'il appelle du travail d'aide juridique.
Rausan a trouvé un moyen de gagner un peu d'argent en supplément des coupons. Pendant que son mari est assis avec leurs enfants sur le sol de la tente, elle recense ses produits - cigarettes, café, chaussures pour les enfants, bonbons, couteaux de cuisine et tisane.
En Syrie, elle travaillait en tant que couturière et elle a réussi à fuir avec un peu d'argent. Deux fois par semaine, elle va en ville pour acheter les marchandises qu'elle présente à la vente devant sa tente. Son affaire fonctionne bien, explique-t-elle. Son entreprise est également une nécessité car son mari a des problèmes médicaux et il ne peut pas travailler. Les produits de la vente l'aide à subvenir aux besoins de la famille.
Et dans son pays natal ? Sa mère vit toujours en Syrie mais elle ne sait pas si elle va bien. La maison familiale a été rasée lors des combats.
Abdoul Kade, 73 ans, est arrivé au camp il y a un mois. Il a fui son domicile à Raqaa lors de l'une des spirales de violences. Il a un fils âgé de six ans, Moustafa, et pour fuir, ils ont dû se cacher pendant trois jours.
« J'essaye de déterminer comment les choses fonctionnent ici », affirme-t-il. Il a deux fils plus âgés, dans la vingtaine, qui avaient déjà fui auparavant en Turquie.
Et a-t-il de l'espoir pour lui-même et son fils Moustafa? Il veut rentrer dans sa ville natale, bien évidemment. La vie en tant que réfugié est très difficile. Puis il reconnait que lorsqu'il téléphone à des membres de sa famille restés en Syrie, personne ne répond.
Un autre vieil homme passe par là et déclare « seulement Kobané ! ». C'est peut-être le seul mot qu'il connait en anglais. C'est comme une déclaration d'espoir et de défi mais, pour le moment, c'est seulement l'affirmation d'un rêve.
* AFAD - Agence des Services du Premier Ministre turc pour la gestion des catastrophes et des situations d'urgence
Par Don Murray, camp de Suruç, Turquie