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Sept réfugiés en première ligne durant la pandémie de Covid-19

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Sept réfugiés en première ligne durant la pandémie de Covid-19

En produisant du savon, en soignant les malades et en faisant les courses pour les plus vulnérables, ces réfugiés du monde entier agissent concrètement pour lutter contre le coronavirus.
19 Juin 2020
Voir aussi : Des médecins réfugiés veulent rejoindre la lutte contre la pandémie de Covid-19

Depuis près de deux mois, Carmen Parra travaille par périodes de 12 ou de 24 heures au sein d’une équipe d’ambulanciers au Pérou qui rend visite chez eux à des patients potentiellement atteints du Covid-19 et les transporte à l’hôpital.


Bien qu’elle passe parfois plusieurs jours sans voir ses trois enfants, qu’elle fait garder par un ami proche, elle est fière d’avoir été choisie pour faire partie de l’équipe de prévention et de lutte contre le Covid-19.

« Je suis heureuse de travailler, de soutenir les personnes qui en ont besoin et de mettre à profit mes compétences », explique Carmen, une veuve de 35 ans qui travaillait comme médecin au Venezuela avant de déposer une demande d’asile au Pérou en 2017.

Elle a passé les deux années suivantes à travailler en tant que serveuse ou vendeuse, puis comme réceptionniste dans une clinique de radiographie avant que le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et une ONG locale l’aident à faire reconnaître ses diplômes de praticien en médecine au Pérou. Elle est retournée à la clinique de radiographie au début de l’année mais, cette fois, en tant que médecin.

Lorsque la clinique a fermé peu de temps après à cause de la pandémie, elle a demandé à se joindre à une équipe d’ambulanciers, dans le cadre du programme de prévention et de lutte contre le Covid-19 au Pérou.

En cette Journée mondiale du réfugié, Carmen n’est pas la seule réfugiée à intervenir en première ligne contre la pandémie de coronavirus. Des travailleurs de santé aux éducateurs, en passant par les animateurs de radio et les bénévoles, de nombreux réfugiés trouvent des moyens de jouer un rôle, alors qu’ils sont confrontés aux mêmes pertes de travail, d’éducation et de contact direct avec leur famille et amis, comme tant de personnes à travers le monde ces derniers mois.

« Plus que jamais, nous avons besoin de savon. »

La contribution de Midia Said Sido consiste à faire du savon pour que ses enfants et d’autres réfugiés syriens vivant dans sa communauté au sud du Liban puissent se laver les mains régulièrement et réduire la propagation du virus.

« Plus que jamais, nous avons besoin de savon », souligne-t-elle.

De retour à Alep, Midia avait l’habitude de regarder ses parents faire bouillir des ingrédients pour produire du savon de laurier, qui est très renommé de la région. Grâce à une formation offerte par le HCR au Liban, elle a appris à utiliser un procédé froid pour faire du savon à la maison. Lorsqu’on lui a demandé si elle souhaitait contribuer aux efforts de prévention et de lutte contre le Covid-19 en produisant du savon médical, elle a rapidement accepté et a participé à une séance de formation via Internet.

« Cette activité est bénéfique pour moi, et cela peut profiter à d’autres personnes aussi », dit-elle. « J’aimerais enseigner à d’autres femmes comment le faire. »

Sidra Median Al-Ghothani, 14 ans et réfugiée syrienne, vit au camp de réfugiés de Zaatari en Jordanie. Elle prouve que l’âge n’est pas un obstacle pour participer à la lutte contre la pandémie. Enseignante en herbe persuadée que l’éducation « construit la personnalité humaine », elle ne voulait pas voir son jeune frère et les enfants de son voisin prendre du retard lorsque les écoles du camp ont fermé en raison du coronavirus.

« Les élèves devaient étudier en utilisant des applications d’apprentissage en ligne ou des programmes télévisés », explique-t-elle. « Mais beaucoup d’entre eux ont besoin d’aide avec ces méthodes d’éducation, et leurs parents ne pouvaient pas les soutenir, alors je me suis porté volontaire pour enseigner aux enfants de mon voisin. »

Le plus grand défi, ajoute Sidra, a été de persuader patiemment ses jeunes élèves de faire leur travail scolaire plutôt que de regarder des dessins animés.

Heval Kelli connaît l’importance de l’éducation. Il est arrivé dans la ville sud des États-Unis de Clarkston, en Géorgie, en 2001 en tant que réfugié syrien âgé de 18 ans et il s’est inscrit à l’Université d’État de Géorgie 10 mois après. Près de 20 ans plus tard, il est boursier en cardiologie dans un grand hôpital d’Atlanta et a cofondé plusieurs organisations sans but lucratif axées sur le mentorat de la prochaine génération de médecins issus de communautés de migrants et de réfugiés. Récemment, il a également trouvé le temps de travailler comme médecin bénévole sur un site de test Covid-19 en drive-in et de sensibiliser, via Internet, les membres de la communauté kurde sur la lutte contre le virus.

« Nous avons besoin de réfugiés pour participer à la lutte car, grâce à notre résilience et aux épreuves que nous avons traversées, nous pourrions occuper un rôle de soutien pour beaucoup de pays autochtones qui nous acceptent », a déclaré Heval Kelli au Secrétaire général de l’ONU António Guterres lors d’un récent appel vidéo qui a été largement diffusé sur les médias sociaux.

« Je suis persuadé que la solidarité est une responsabilité humaine »

Shadi Shhadeh, un réfugié syrien vivant à Genève, en Suisse, est également persuadé que l’expérience de survie des réfugiés face au danger et à l’incertitude les rendent bien placés pour comprendre la nécessité de travailler ensemble pendant la pandémie actuelle.

« Je suis persuadé que la solidarité est une responsabilité humaine », dit-il. « En tant que réfugié, je comprends ce que signifie une crise. »

En mars dernier, lorsque le gouvernement suisse a conseillé aux personnes âgées et aux personnes souffrant de problèmes de santé préexistants de rester à la maison, Shadi et son épouse, Regula, se sont rendu compte que de nombreuses personnes auraient besoin d’aide. Shadi a rapidement engagé ses amis syriens à Genève et à Lausanne pour déposer des prospectus dans les halls d’immeubles et les supermarchés offrant de faire des courses pour ceux qui ne peuvent pas sortir. En l’espace de quelques semaines, les bénévoles – pour la plupart des réfugiés syriens – faisaient du shopping pour environ 200 personnes.

Selon Djuba Alois, un réfugié de 75 ans et originaire de la République démocratique du Congo, il y a deux types de réfugiés à Kakuma, le camp de réfugiés où il vit au Kenya : ceux qui sont informés au sujet du coronavirus, et ceux qui ne le sont pas. Il s’est donné pour mission de sensibiliser les personnes mal informées. En tant que pasteur, Djuba est habitué à partager des informations à partir d’une chaire mais, les églises ayant été fermées durant le confinement en prévention contre le Covid-19, il utilise son vélo pour servir une fonction similaire. À l’aide d’affichettes dessinées à la main placées sur le devant du vélo et d’un microphone monté sur le guidon, il pédale à travers le camp pour inciter les gens à se laver les mains.

Un prédicateur réfugié de 75 ans sensibilise les réfugiés sur la prévention et la lutte contre le Covid-19 (Samuel Otieno, Vidéaste, Editeur)

« Je ferai de la sensibilisation tous les jours, pour que les gens soient à l’abri du coronavirus », dit-il.

La sensibilisation des réfugiés habitant en périphérie de Wellington, la capitale de la Nouvelle-Zélande, exige une approche différente. L’ancienne réfugiée irakienne Narjis Al-Zaidi, âgée de vingt ans, est étudiante à l’université et présentatrice d’un programme radiophonique intitulé « Voice of Aroha », qui vise à créer une plateforme inclusive pour les personnes d’origine réfugiée et non réfugiée, afin qu’elles puissent partager leurs points de vue et leur expérience.

Elle et ses co-présentateurs ont commencé à parler de la prévention et la lutte contre le Covid-19 avec leurs auditeurs, et à partager des informations avec eux via les médias sociaux, quand ils ont réalisé que les conseils officiels n’étaient pas immédiatement disponibles dans des langues telles que l’arabe, l’amharique, le farsi et l’espagnol, ou accessible à ceux qui n’étaient pas habitués à utiliser les supports numériques.

« Etant un réfugié, on peut se sentir isolé », explique Narjis. « Nous voulions tenir nos auditeurs informés, car c’était une situation difficile à gérer à laquelle nous avons tous dû faire face et que notre inconfort résultait, en majeure partie, de l’incertitude de ne pas savoir ce qui allait se passer ensuite et comment cela nous affecterait. »

Narjis, Pastor Alois, Shadi, le Dr Kelli, Sidra, Midia et Carmen ont tous participé à une vidéo produite par le HCR pour commémorer la Journée mondiale du réfugié le 20 juin. La narratrice de cette vidéo est l’actrice sud-africaine et Ambassadrice de bonne volonté du HCR Nomzamo Mbata.

« Il est plus nécessaire que jamais de nous montrer solidaires envers les réfugiés et de faire savoir comment ils font face et qu’ils contribuent à la lutte contre ce virus », a-t-elle commenté. « Tout le monde peut agir. Chaque geste compte. »

Dans son message à l’occasion de la Journée mondiale du réfugié, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a rendu hommage aux réfugiés qui se sont mobilisés pour prévenir et lutter contre la pandémie, malgré leur statut souvent précaire.

« Alors que nous luttons contre la pandémie, je puise mon inspiration dans la résilience dont les réfugiés font preuve pour surmonter leur propre crise de déplacement et de dépossession… et leur détermination à améliorer leur vie et celle des autres, malgré toutes les difficultés », a-t-il déclaré.

Voir aussi : Journée mondiale du réfugié 2020 : Déclaration du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi

 

Écrit par Kristy Siegfried, avec les informations complémentaires de Regina De La Portilla à Lima, Pérou; Warda Al-Jawahiry à Beyrouth, Liban; Moh’d Al-Taher dans le camp de Zaatari, Jordanie; et Samuel Otieno Odhiambo dans le camp de Kakuma, Kenya.

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