Dans une nouvelle étude « C'est bien qu'on nous écoute », le HCR appelle à une meilleure écoute des enfants non accompagnés pour mieux les comprendre et les protéger
Dans une nouvelle étude « C'est bien qu'on nous écoute », le HCR appelle à une meilleure écoute des enfants non accompagnés pour mieux les comprendre et les protéger
Dans une nouvelle étude « C’est bien qu’on nous écoute », l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) appelle à une meilleure écoute des enfants non accompagnés afin d’assurer, dans leur intérêt supérieur, un accès à une protection et à une solution pour leur avenir.
L’étude a été réalisée en France entre octobre 2017 et avril 2018 dans des lieux d’arrivée ou de passage, en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France et les Alpes-Maritimes. Elle s’interroge sur la mise en œuvre de l’intérêt supérieur des enfants non accompagnés afin d’améliorer leurs conditions de vie et de leur permettre de construire un avenir meilleur. Elle a été menée pour eux et avec eux. Dès leur arrivée en France jusqu’à leur intégration, les enfants non accompagnés doivent être soutenus et protégés.
« Ce que je vois, c’est que les gens savent pas vraiment ce qui se passe, le nombre de jeunes qui sont là, dehors, ou qui attendent. Ou peut-être qu’ils savent mais qu’ils ne peuvent pas nous aider. En tout cas, c’est bien qu’on nous écoute », explique Jacques*, un jeune de 17 ans qui a été interviewé dans le cadre de l’étude.
« Dans mon expérience dans plusieurs pays, j’ai toujours remarqué qu’écouter les enfants et les adolescents aide énormément à trouver des solutions et à développer des projets pour l’avenir. J’ai vu, par exemple, des enfants isolés qui ont réussi à continuer leurs études, à avoir de bons résultats scolaires, et sont devenus des sources d’inspiration et de courage pour d’autres réfugiés. Ils ont ainsi contribué à changer d’une façon positive le regard sur les réfugiés par les communautés hôtes » souligne Paolo Artini, Représentant du Haut Commissariat des Nations Unies en France lors de la présentation du rapport à l’Assemblée Nationale.
Plus de 75 enfants non accompagnés et quelque 102 professionnels qui les accompagnent ont été interviewés pour cette étude. Les enfants ont partagé leurs craintes, leurs interrogations ainsi que leurs projets d’avenir. Les professionnels qui les accompagnent au quotidien dans leur parcours administratif, judiciaire, social ou médical, ont permis de mieux comprendre les problématiques existantes et de réfléchir à des pistes d’amélioration.
En 2018, 21% des personnes qui sont arrivées en Europe sont des enfants. Plus de 3 500 enfants non accompagnés sont arrivés en Europe par la mer entre janvier et août 2018. Ces chiffres ne reflètent pourtant qu’une partie de la réalité compte tenu du nombre limité de données statistiques fournies par les États européens concernant les enfants non accompagnés.
En France, plus de 14 900 enfants non accompagnés ont intégré le dispositif de protection de l’enfance au cours de l’année 2017. Au 10 décembre 2018, ce sont environ 16 000 enfants qui ont été protégés au titre de la protection de l’enfance.
« Les chiffres sont importants mais ne nous racontent pas toutes les difficultés auxquelles sont confrontées les enfants non accompagnés étrangers. N’oublions pas, par exemple, que les enfants isolés afghans traversent plusieurs pays pendant des semaines, parfois des mois ou même des années dans des pays de transit, avant d’arriver en Europe. Pendant ces voyages, ils sont souvent victimes de violence et d’exploitation de toutes sortes », rappelle Paolo Artini, Représentant du HCR en France.
Face à cette réalité, l’étude propose une série de pistes d’améliorations et d’actions avec pour fil conducteur, la question de la mise en œuvre de l’intérêt supérieur de l’enfant lors des différentes étapes de son parcours, depuis l’arrivée sur le territoire jusqu’à la concrétisation du projet d’avenir.
Les propositions portent notamment sur des aspects liés à la protection de l’enfance, l’identification et l’orientation aux frontières et sur le territoire, l’accueil provisoire et le développement de structures d’accueil spécialisées, l’évaluation de l’intérêt supérieur, l’accompagnement sur le plan psychologique et l’accès à une solution durable pour leur avenir.
L’étude souligne l’importance de la mise en place de structures de premier accueil supplémentaires et la présence d’interprètes lors de l’accompagnement, y compris lors des audiences devant le juge des enfants. L’accès à une information juste, fiable, et adaptée est primordial.
« Il faut que dans les foyers, il y ait beaucoup d’information. Que l’on puisse connaître la prochaine étape », confirme Shapour *, un jeune Aghan de 15 ans qui a été interviewé dans le cadre de l’étude.
L’étude recommande aussi un renforcement de la représentation légale des mineurs, acteur primordial de la protection des enfants non accompagnés. Une garantie procédurale d’information et de protection doit être assurée sans exception.
Les professionnels doivent être d’avantage soutenus afin de mieux explorer les solutions durables qui pourraient être proposées aux enfants, comme la possibilité de solliciter une protection internationale, une réunification familiale pour rejoindre un membre de sa famille ou encore un retour volontaire.
Finalement, le rapport met en valeur des bonnes pratiques qui existent grâce au travail de tous les acteurs qui sont en contact avec les enfants non accompagnés et qui, dans leur travail quotidien, les écoutent pour trouver, ensemble, des solutions.
*Nom modifié pour des raisons de protection.
Cliquez ici pour lire le rapport « C’est bien qu’on nous écoute »
Intérêt supérieur, accès à une protection et à une solution durable
Expériences et points de vue d’enfants non accompagnés étrangers en France
HCR France, Décembre 2018