Les enfants en France se mobilisent pour les jeunes réfugiés syriens
Les enfants en France se mobilisent pour les jeunes réfugiés syriens
PARIS -- Bien que la plupart des enfants présents à la collecte de jouets au Musée du Quai Branly à Paris soient trop jeunes pour coucher leurs émotions sur le papier, le cœur y est.
En cette joyeuse après-midi de 27 décembre, des tout-petits déposent avec bienveillance plusieurs de leurs jouets dans des cartons. Accompagnés de leurs parents, ils ont le sourire aux lèvres car ils font une bonne action : ils offrent des cadeaux à des enfants réfugiés syriens au Liban.
Le Liban accueille un million de réfugiés dont 54% sont des enfants, selon le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
"J'ai dessiné un sapin de Noël et j'ai écrit mon prénom," explique timidement Aellia, 5 ans. "Solenn, mon autre fille de 3 ans, a dessiné une fleur et je l’ai aidé à écrire son prénom," ajoute sa mère.
Pour la douzième année consécutive, le Musée du Quai Branly, dédié aux arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques, organise une collecte de jouets solidaire, en partenariat avec le HCR et Aviation Sans Frontières.
"Ma maman m'a expliqué qu'on allait donner des jouets à des enfants syriens et je me suis dit que c'était bien parce que comme leur pays est en guerre, c'est bien de leur donner pour qu'ils soient heureux."
L'organisation humanitaire acheminera 23 cartons de jouets à des enfants réfugiés syriens au Liban. Elle organisera et prendra en charge le coût du transport aérien. L'équipe du HCR au Liban réceptionnera la cargaison et se chargera de la distribution de jouets.
Du camp de réfugiés de Dadaab au Kenya à Gaziantep, au sud de la Turquie, en passant par la République démocratique du Congo, la Tanzanie, le Népal et le Libéria, ces petites attentions ont fait le bonheur de milliers d'enfants déplacés par la violence et les conflits.
"Ma maman m'a expliqué qu'on allait donner des jouets à des enfants syriens et je me suis dit que c'était bien parce que comme leur pays est en guerre, c'est bien de leur donner pour qu'ils soient heureux," explique Tara, 9 ans. C'est avec enthousiasme qu'elle s'est séparée de sa boite de dominos.
Sur fond de musique arabe, Selma, 4 ans et Asmaa, 7 ans, sont fières de donner leurs peluches et leurs petites voitures pour faire des heureux. Malgré leur jeune âge, elles comprennent qu'un conflit ravage la Syrie car leur mère, Jehane, travaille pour une association caritative de médecins syriens. "J'ai écrit en arabe : 'bonjour, que vous aillez une belle vie, soyez heureux," dit Jehane.
Après avoir fait don de leurs jouets, les enfants participent à différents ateliers de 30 minutes.
Stand culinaire, lecture de contes, fabrication de marionnettes Karagöz, un art satirique syrien, et explication de la situation au Liban à l'aide d'une carte : il s'agit de sensibiliser les enfants à la cause des réfugiés dans ce pays du Moyen-Orient et dans le monde.
En effet, la plupart des réfugiés syriens au Liban sont maintenant démunis, selon une enquête annuelle sur la vulnérabilité menée par le HCR, l'UNICEF et le Programme alimentaire mondial.
“Je leur raconte que c'est le moment le plus difficile qu’ait traversé la Syrie.”
Autour d'une grande table, le chef syrien réfugié, Mohammad Elkhaldy, anime un atelier culinaire qui ravit les petits gourmands. Au menu, gâteau au chocolat et friandises sur toutes les bouches.
“Je leur raconte que c'est le moment le plus difficile qu’ait traversé la Syrie,” explique-t-il. "Je leur dis aussi que la Syrie est un des pays les plus anciens du monde et que Damas est l'une des plus anciennes capitales,” ajoute-t-il.
En cette période de fêtes, la situation est critique pour les réfugiés syriens qui font face au froid.
"La crise syrienne est la plus importante car elle génère cinq millions de réfugiés. Nous avons choisi le Liban pour montrer qu'un pays de cinq millions d'habitants peut ouvrir ses portes et accueillir autant de réfugiés syriens," dit Fadma Moumtaz, Associée chargée de la Communication et de l'Information au HCR.
“Nous avons choisi le Liban pour montrer qu'un pays de cinq millions d'habitants peut ouvrir ses portes et accueillir autant de réfugiés syriens."
Un stand du HCR avec des cartes pédagogiques ainsi qu'une carte de la répartition du million de réfugiés syriens au Liban permettent aux plus grands de mieux comprendre les défis, tels que l’accès à l’éducation ou aux services de santé, auxquels font face les réfugiés.
"J'aime l'idée de faire un don après Noël pour les enfants qui n'ont pas beaucoup de jouets. C'est super pour nos enfants aussi car ils comprennent qu'il ne s'agit pas seulement de recevoir des cadeaux à Noël mais aussi de donner et de penser aux autres," souligne Emilie Buchanan, une mère de famille. Sa fille Faye, 5 ans, a dessiné une princesse et a écrit son prénom sur le cadeau à envoyer aux enfants au Liban.
"Le Quai Branly, c’est là où dialoguent les cultures donc c’est assez naturellement qu'on a décidé d’inciter les enfants qui visitent le musée à envoyer des jouets pour des enfants ailleurs dans le monde tout en découvrant leur propre culture," explique Mathilde Jomain, Chargée de projets au Musée du Quai Branly.
"Les enfants sont sensibilisés chaque année car on les invite à donner un jouet. C'est important qu'ils comprennent qu'il y a des réfugiés partout dans le monde, en France, au Liban et dans d'autres pays," ajoute-t-elle. Au moins 400 personnes ont donné des jouets cette année, selon elle.