Un projet de couloir universitaire redonne espoir à deux jeunes réfugiés en Tanzanie
Un projet de couloir universitaire redonne espoir à deux jeunes réfugiés en Tanzanie
Au moment d'embarquer pour la France, Claudine Niyonkuru et Dernel Mpundu rayonnent d'excitation et d'impatience. Avec 21 autres jeunes réfugiés du continent, ils ont été sélectionnés pour prendre part au programme UNIV’R (Universités pour les Réfugiés).
Première personne de sa famille à obtenir un diplôme universitaire
« Mes rêves se réalisent grâce à cette opportunité », se réjouit Claudine, 29 ans, l'une des quatre femmes sélectionnées par le projet. Née au Burundi, elle a fui en Tanzanie alors qu'elle était encore très jeune. Inscrite à l'école dans différents camps de réfugiés, elle a trouvé le moyen d’acquérir de nouvelles compétences tout au long de sa scolarité.
« Après avoir terminé le lycée, j'ai commencé à travailler », explique-t-elle. « Mon premier travail consistait à enseigner l'anglais aux élèves du secondaire dans une école du camp de Nyarugusu. »
Claudine a ensuite occupé d'autres emplois, qui lui ont permis d’acquérir de nouvelles aptitudes et d’apprendre le français. En 2019, grâce à une bourse DAFI, financée par le ministère allemand des affaires étrangères, elle a rejoint l'Université d'Iringa en Tanzanie, où elle a pu étudier le conseil et la psychologie. Elle est devenue la première personne de sa famille à obtenir un diplôme universitaire.
Dernel Mpundu a quant à lui fui le Burundi en 2015, un an après avoir terminé ses études de premier cycle à Bujumbura, la capitale. Grâce au projet UNIV’R, il va rejoindre l'Université Paris 13 Sorbonne Paris Nord pour poursuivre un master en Insertion et Intervention Sociale sur les Territoires (IIST).
« Je n'ai pas de mots pour exprimer combien cette bourse me redonne de l’espoir », déclare-t-il. « J'espère que ce Master m'aidera à développer mes compétences et à travailler à la construction d'une société vraiment pacifique. »
50 réfugiés pourraient bénéficier du programme UNIV’R
Aujourd’hui, seuls six pour cent des personnes réfugiées à travers le monde ont accès à l'enseignement supérieur. En 2021, le HCR et l'AUF ont convenu de travailler ensemble sur un programme de couloir universitaire permettant à des réfugiés francophones vivant dans un premier pays d'asile d'étudier deux ans au sein d'un établissement d'enseignement supérieur en France, au niveau Master. D'ici septembre 2023, 50 réfugiés pourraient ainsi bénéficier du programme UNIV’R.
« UNIV'R est un phare qui apporte de la lumière et de l’espoir à des milliers de jeunes réfugiés en Tanzanie, grâce à un accès à l'enseignement supérieur », se réjouit Yanik Yankeu, chargé d’éducation pour le HCR en Tanzanie. « Nous accueillons favorablement les initiatives qui offrent des opportunités de ce type et aident à réduire les obstacles à l'accès des jeunes réfugiés à l'enseignement supérieur, pour les mettre sur la voie de leurs rêves. Les étudiants deviennent ensuite de bons modèles pour les autres réfugiés au sein de leurs communautés. »
Améliorer la qualité de l’éducation dispensée aux réfugiés
En Tanzanie, le HCR s'emploie à renforcer l’inclusion de plus de 95 000 enfants réfugiés dans les camps de Nyarugusu et Nduta au sein du système éducatif national.
Entre 2021 et mai 2022, plus de 6 000 étudiants réfugiés burundais et congolais se sont présentés aux examens nationaux, administrés par le HCR et soutenus par le Conseil national des examens de Tanzanie et le ministère de l'Éducation de la République démocratique du Congo. En mars 2022, à la suite d'une réunion bilatérale de haut niveau entre le HCR et la Tanzanie, le gouvernement tanzanien a exprimé sa volonté de travailler avec toutes les parties prenantes pour améliorer la qualité de l'éducation dispensée aux réfugiés.
« Malgré des réalisations importantes pour inclure les réfugiés dans le système éducatif tanzanien, d'énormes défis subsistent pour garantir que tous les réfugiés accèdent à une éducation de qualité et aux niveaux secondaire et supérieur », explique Yankeu.
Le HCR appelle à renforcer les initiatives comme le programme UNIV’R, afin que davantage d'étudiants réfugiés puissent avoir l'opportunité de suivre les traces de Claudine et Dernel, pour se construire un meilleur avenir.