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Déclaration faite par le Prince Sadruddin Aga Khan, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, au Conseil du Comité intergouvernemental pour les migrations européennes, vingt-cinquième session

Discours et déclarations

Déclaration faite par le Prince Sadruddin Aga Khan, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, au Conseil du Comité intergouvernemental pour les migrations européennes, vingt-cinquième session

10 Mai 1966

Le 10 mai 1966

1. Permettez-moi, Monsieur le Président, de vous exprimer ma profonde gratitude personnelle pour les aimables paroles que vous m'avez adressées et que j'apprécie vivement, d'autant plus qu'elles viennent d'une personne qui a été si longtemps et si étroitement associée aux travaux entrepris en faveur des réfugiés aussi bien ici, au CIME, qu'au sein du Comité exécutif du Haut Commissariat. Permettez-moi également de vous adresser mes félicitations pour votre élection au poste que vous occupez en ce moment.

2. J'aimerais aussi me joindre à vous, Monsieur le Président, et aux autres orateurs qui viennent de prendre la parole, pour dire combien j'ai été intéressé par le brillant exposé de M. le Sénateur Kennedy, dont chacune sait combien il se préoccupe du sort des réfugiés. Je vous envie naturellement beaucoup d'avoir parmi vous, au Conseil du CIME, une personnalité aussi éminente que le Sénateur Kennedy, et j'espère bien qu'il nous fera l'honneur de venir également à notre Comité exécutif.

3. C'est devenu une tradition au cours des années que le Comité exécutif du Haut Commissariat invite un représentant du CIME à prendre le parole à chacune de ses sessions, et que le Conseil du CIME fasse de même pour le Haut Commissariat pour les réfugiés. Je suite donc très heureux d'avoir cette occasion, pour la première fois depuis mon élection au poste de Haut Commissaire pour les réfugiés, de suivre cette tradition utile et amicale et de vous présenter quelques-uns des principaux problèmes qui se posent à l'heure actuelle au Haut Commissariat et qui seront soumis à mon Comité exécutif lors de sa prochaine session qui doit commencer le 16 mai.

4. Aux premiers temps du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, il y a de cela une douzaine d'années, ses ressources et ses efforts servaient à améliorer la condition tragique des milliers de réfugiés qui se trouvaient bloqués dans des camps d'Europe et qui avaient un besoin vital de recevoir une assistance internationale, soit pour s'intégrer dans les pays d'asile, soit pour émigrer vers d'autres pays au-delà des mers. Même dans ces jours lointains dont je vous parle, le CIME a jouté un rôle important en contribuant à résoudre ces problèmes.

5. Au cours des dernières années toutefois, les activités du HCNUR ont été marquées par une universalité et une diversification croissantes. Mon programme intéresse maintenant des réfugiés de cinq continente et nous coopérons étroitement avec un nombre considérable de partenaires, notamment les institutions spécialisées les programmes des Nations Unies, les organisations intergouvernementales, les sociétés bénévoles, la Ligue des sociétés de la Croix-Rouge, l'USEP et le CIME lui-même, qui joue un rôle important dans la recherche de solutions permanentes aux problèmes des réfugiés, grâce à l'émigration.

6. Comme vous le savez tous, nos activités se sont essentiellement orientées au cours des dernières années vers le continent africain, où les désordres et les tensions qui ont suivi l'accession à l'indépendance ont soulevé dans plusieurs pays de graves problèmes de réfugiés. En 1965 environ 210.000 réfugiés ont été assistés par le HCNR dans six pays - le Burundi, la République Centrafricaine, le Congo (Léopoldville), le Sénégal, l'Ouganda et la Tanzanie. Cette année encore, les gouvernements de la République centrafricaine et de la Zambie nous ont déjà demandé de les aider à s'occuper de nouveaux groupes de réfugiés.

7. En Asie, nous venons activement en aide aux réfugiés tibétains de l'Inde et du Népal, et aux réfugiés chinois de Macao. J'ai déjà fait parvenir des fonds au Gouvernement cambodgien pour faciliter l'intégration de réfugiés du Viet-Nam admis par le Cambodge.

8. C'est naturellement encore en Europe que nous attendons du CIME une aide continue pour empêcher le problème des réfugiés de prendre des proportions indues. Lorsque les réfugiés en quête d'asile ne peuvent ou ne veulent pas s'établir dans les pays où ils se trouvent, les services du CIME organisent rapidement et efficacement leur transport vers des pays de réinstallation. En fait le nombre des nouvelles arrivées a accusé en 1965 une légère augmentation qui a entraîné un surpeuplement temporaire des centres de transit. Ces difficultés ont cependant été surmontées grâce aux mesures particulières prises par les principaux pays d'immigration et aux diverses dispositions adoptées en vue d'accélérer le transport des réfugiés par une coordination adéquate des efforts communs du CIME, des sociétés bénévoles, du Haut Commissariat et des pays intéressés. J'ai suivi avec intérêt les résultats obtenus par le Laboratoire linguistique de Rome, que le Haut Commissariat a en partie financé par une subvention spéciale de 20.000 dollars, et je continuerai à prendre en considération les besoins de cet instrument important de l'aide en faveur de la réinstallation des réfugiés.

Toutefois, il est du plus haut intérêt pour le Haut Commissariat de noter que le Directeur du CIME a informe le Conseil qu'il avait actuellement à faire face à un déficit d'environ 100.000 dollars au titre des mouvements de réfugiés,. Et je tiens à souligner une fous de plus combien il importe de fournir les fonds nécessaires à la poursuite de ce programme indispensable pour les réfugiés qui recherchent de nouvelles possibilités d'existence dans d'autres pays. Je sais que les membres du Conseil ne trouveront pas trop présomptueux l'appel que je leur adresse pour qu'ils fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour remédier à cette situation regrettable. Pour ma part je tiens également à donner au Conseil l'assurance que, si ce poste essentiel du budget du CIME est encore déficitaire en fin d'année, je serai pleinement dispose à rechercher avec le Directeur du CIME quelles sont les mesures que le Haut Commissariat peut prendre pour prévenir toute perturbation dans les mouvements de réfugiés. Nous savons tous trop bien quelles seraient les conséquences, pour les centres d'accueil, d'une telles perturbation du dispositif qui permet d'assurer le transport des réfugiés : apparition de nouveaux encombrements et de nouveaux goulots d'étranglement, ruine momentanée de nombreux espoirs individuels, avec tout le cortège de souffrances humaines que cela implique.

9. Je voudrais maintenant rendre hommage une fois de plus à quelques-uns des gouvernements des pays d'outre-mer qui par tradition ont toujours offert un havre aux réfugiés - l'Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande - et qui assurent de façon régulière, grâce à des programmes bien conçus, la réinstallation de milliers de réfugiés. (Une récente initiative dont nous félicitons vivement est l'ouverture à Genève du Bureau d'immigration canadien pour l'Europe continentale. Nous nous réjouissons de pouvoir collaborer à la solution des problèmes de réinstallation avec le Directeur régional, M. MacWilliam): La mission suédoise de sélection vient de terminer sa tournée habituelle de printemps en Italie, en Grèce et en Turquie, ou elle a sélectionné plus de 400 réfugiés ; la Belgique, le Danemark, la France, le Norvège, les Pays-Bas et la Suisse ont poursuivi l'exécution de leurs importants programmes en faveur des réfugiés handicapés, âgés ou malades. Enfin je tiens à mentionner les efforts encourageants des Etats-Unis d'Amérique, qui ont apporté d'importants amendements à leur législation dans le nouvelle loi d'immigration signée par le Président Johnson en décembre dernier. Cette nouvelle loi contient des dispositions de caractère permanent concernant l'admission de réfugiés, on faveur desquels il peut être délivré jusqu'à 10.200 visas par an. Il est un peu tôt pour dire si le fait d'exiger un certificat de travail des réfugiés qui ne sont pas vises par la clause de la Septième Préférence va avoir un effet défavorable sur les résultats que nous attentions de cette nouvelle législation.

10. Je voudrais aussi mentionner l'accord que nous avens passé avec le CIME en vue du transport, d'Espagne aux Etats-Unis d'Amérique, des Cubains dont le cas réclame une attention particulière. Aux termes de cet accord nous avons fourni au total 60.000 dollars recueillis en dehors de notre programme, ce qui a permis de financer, de septembre 1963 à mars 1966, le transport de 556 de ces personnes qui se trouvent dans une situation particulièrement difficile. Si le besoin s'en faisait encore sentir, je serais prêt à examiner le possibilité de verser une contribution supplémentaire.

11. Au sujet des réfugiés cubains d'Espagne, je voudrais souligner qu'en dépit de l'accord négocié entre les Gouvernements de Cube et des Etats-Unis en novembre 1965 au sujet du transport par la voie aérienne des Cubains qui désirent rejoindre leurs parents aux Etats-Unis, l'afflux des Cubains en Espagne ne s'est pas ralenti et le nombre des arrivées est toujours de 350 à 400 par mois. Nous savons qu'il y là un problème complexe, d'autant plus qu'avec la nouvelle loi d'immigration les Cubains qui se trouvent en Espagne ne bénéficient pas des dispositions de la loi qui se rapportent aux réfugiés, mais sont considérés comme des immigrants de l'hémisphère occidental. Or, les immigrants de cette catégorie ont généralement besoin d'un certificat d'emploi délivre par le Département du travail. Nous espérons que l'on trouvera une formule permettant aux Cubains qui continuent à arriver en Espagne d'atteindre leur objectif, qui est de gagner en fin de compte les Etats-Unis. Espérons aussi que ce ne sera là qu'une mesure intérimaire applicable jusqu'au moment où tous les Cubains qui désirent s'établir aux Etats-Unis pourront s'y rendre directement.

12. Je voudrais signaler aussi que le nouveau centre de réinstallation pour réfugiés étrangers à Banja Koviljaca, en Yougoslavie, doit être officiellement inaugure au début du mois de juin prochain. Nous invitons tous les pays d'immigration à étudier la procédure qu'ils adopteront éventuellement pour choisir des réfugiés, afin de tirer le meilleur parti possible des facilités particulières offertes par ce nouveau centre.

13. En conclusion, Monsieur le Président, je forme des voeux pour la bonne marche des travaux du Conseil et pour le succès de nos efforts communs en faveur des réfugiés qui ont besoin d'aide pour commencer une nouvelle existence.