Au Tchad, le Haut Commissaire souligne l'engagement du HCR et appelle à une présence internationale plus importante pour améliorer la sécurité
Au Tchad, le Haut Commissaire souligne l'engagement du HCR et appelle à une présence internationale plus importante pour améliorer la sécurité
Le Haut Commissaire pour les réfugiés António Guterres est aujourd'hui dans l'est du Tchad, une région déchirée par le conflit, où l'UNHCR et ses partenaires tentent de maintenir l'aide humanitaire pour des centaines de milliers de réfugiés du Darfour et de personnes déplacées internes. Le Haut Commissaire est arrivé au Tchad mercredi soir et a passé la journée d'hier dans la capitale N'Djamena, où il a rencontré des membres du gouvernement et du corps diplomatique ainsi que du personnel de l'UNHCR. António Guterres a souligné l'engagement de l'UNHCR pour poursuivre son travail au Tchad même dans les pires conditions de sécurité. Il a également noté qu'une présence internationale plus importante était nécessaire pour améliorer la sécurité de ceux qui sont victimes de cette violence et des travailleurs humanitaires qui essaient de les aider.
Au total, le Tchad accueille plus de 370 000 réfugiés et personnes déplacées internes, incluant 232 000 réfugiés du Darfour venus du Soudan voisin et 90 000 Tchadiens déplacés internes dans l'est du pays, ainsi que 48 000 réfugiés centrafricains dans le sud.
Depuis 2003, l'UNHCR gère une douzaine de camps isolés dans l'est, dispersés sur une bande de 600 kilomètres le long de la frontière entre le Tchad et le Soudan. Gérer ces camps isolés représente des problèmes logistiques considérables. Récemment, cette tâche est devenue encore plus difficile à cause de la montée de la violence interethnique, d'une rébellion armée et de banditisme.
António Guterres a décrit la région du Darfour au Soudan comme l'épicentre d'une déstabilisation régionale qui affecte maintenant aussi bien le Tchad que la République centrafricaine. Depuis le début du mois de novembre, quelque 300 personnes ont été tuées dans l'est du Tchad lors d'attaques contre plus de 70 villages par des bandes armées écumant la zone et qui utilisent des tactiques identiques à celles des milices janjawid de l'autre côté de la frontière au Darfour. La plupart des villages ont été pillés, brûlés et vidés de leurs habitants. Le week-end dernier, des attaques contre des villages dans la région de Koukou Angarana, près du camp de réfugiés de Goz Amer dans le sud-est du Tchad, ont causé des dizaines de morts, parmi lesquels des villageois, des réfugiés et des personnes déjà déplacées par des combats précédents.
Fin novembre, l'UNHCR a perdu plus d'un million de dollars de matériel humanitaire vital lors du pillage de son principal entrepôt dans la ville d'Abéché, à l'est du Tchad, suite aux affrontements entre forces gouvernementales et rebelles.
La violence a contraint l'UNHCR et d'autres agences humanitaires à redéployer provisoirement le personnel non essentiel loin des zones en proie à des troubles. Actuellement, nous ne pouvons maintenir qu'un effectif minimum dans la moitié des 12 camps de réfugiés de l'est du Tchad.
António Guterres a indiqué que dans l'est du pays, les réfugiés, les civils tchadiens et les personnels humanitaires tentent de faire face à une situation humanitaire qui s'aggrave, et qu'ils méritent de recevoir tout le soutien possible, notamment par le biais d'une présence internationale renforcée au Tchad. En août, la résolution 1706 du Conseil de sécurité des Nations Unies a appelé à la mise en place d'une présence multidisciplinaire comprenant des spécialistes des affaires politiques, du personnel humanitaire et militaire et des officiers de liaison de la police civile affectés dans des lieux critiques au Tchad.
Il y a une semaine, le Conseil de Sécurité a exprimé sa profonde inquiétude quant à la dégradation de la situation au Soudan et ses conséquences au Tchad et en République centrafricaine. Le Conseil de Sécurité a également noté qu'il attendait des recommandations portant sur l'amélioration de la sécurité dans l'est du Tchad.
Le Haut Commissaire discute également d'une proposition des autorités tchadiennes concernant le transfert des camps de réfugiés situés à l'est à quelque 500/600 kilomètres de la région instable proche de la frontière avec le Darfour. Des experts de l'UNHCR et du gouvernement ont visité les sites proposés la semaine dernière et préparent actuellement un rapport sur ce qu'il est possible de faire ou non. Le transfert des réfugiés loin de la frontière pourrait permettre d'améliorer la sécurité, mais un tel déplacement nécessiterait également la mise en place de conditions suffisantes tant pour l'environnement qu'au niveau des infrastructures pour accueillir plus de 200 000 personnes. Manifestement, transférer une population si importante sur une telle distance, prendrait sûrement un temps considérable, d'importantes dépenses et ressources - tout cela doit être étudié avec précaution avant de prendre une décision.