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Même durant la fête de l'Aïd au Pakistan, tous continuent à aider les survivants du séisme

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Même durant la fête de l'Aïd au Pakistan, tous continuent à aider les survivants du séisme

Près d'un mois après le séisme catastrophique du 8 octobre, de nombreuses personnes ont célébré l'Aïd dans la simplicité le week-end dernier. L'atmosphère est restée solennelle dans les camps humanitaires, où le personnel pakistanais de l'UNHCR a travaillé durant les congés pour apporter de l'aide et du réconfort aux survivants du séisme.
7 Novembre 2005
Tahira Mirhussain, lycéenne âgée de 22 ans, a passé l'Aïd dans une tente de l'UNHCR à Mera Yanolia, près de Muzaffarabad.

BALAKOT, Pakistan, 7 novembre (UNHCR) - Chaque année, Tahira Gulafshan célèbre l'Aïd el Fitr en cuisinant du sheer khurma, un mélange sucré de lait, de fruits secs et de nouilles, pour sa famille à Quetta, dans le sud-ouest du Pakistan. Ce met sucré est dégusté pour l'Aïd, qui marque la fin du mois sacré de Ramadan pour les musulmans. Mais cette année, la fête se passe dans la simplicité.

« J'ai dit à mes enfants : 'Maman ne peut pas passer l'Aïd avec vous cette année' », raconte Tahira Gulafshan sur la route cahoteuse vers le nord du Pakistan. « Il y a beaucoup d'enfants qui ont perdu leur maman et beaucoup de mamans sans enfants, je vais les aider. »

Tahira Gulafshan fait partie du personnel pakistanais de l'UNHCR qui a choisi de passer ses congés de l'Aïd le week-end dernier à continuer d'acheminer de l'aide et d'offrir du réconfort aux survivants du séisme du 8 octobre.

« Avant, l'Aïd était une fête joyeuse. Nous faisions de nouveaux vêtements, achetions des chaussures et cuisinions de la bonne nourriture. Les gens venaient nous rendre visite à la maison. Mais maintenant, tout ceci est du passé, que reste-t-il à fêter ? » dit Masihuzaman, une personne âgée du camp de Ghari Habibullah, l'un des 18 camps établis par les militaires pakistanais et l'UNHCR pour les populations qui ont perdu leur maison lors du désastre.

Masihuzaman a perdu huit membres de sa famille au village de Bagar Sharif au-dessus du camp. Une autre habitante de ce village Bibi Zoljohan pleure, « mon mari est mort et j'ai perdu six enfants. Nous sommes très tristes, ce n'est pas notre Aïd ».

Contrairement à Masihuzaman, Bibi Zoljohan n'habite pas au camp de Ghari Habibullah. Elle vient simplement rendre visite à ses enfants qui habitent avec des proches au camp. Après l'Aïd, elle remontera chez elle en marchant toute une journée sur des chemins de montagne.

« J'ai quelques chèvres au village et je dois m'en occuper », explique-t-elle. « Je dors sous un abri de fortune, avec quelques couvertures. Même si un hélicoptère largue des biens de secours, ce sont les gens les plus forts qui les prendront et partiront rapidement avec. Je suis toute seule, personne ne prête attention à moi », ajoute-t-elle, serrant contre elle son plus jeune enfant, qui joue avec une petite voiture qu'il a reçue le jour précédent.

Les militaires ont tenté d'apporter un air de fête dans le camp, en installant des décorations entre les tentes et en distribuant des ballons, des jouets et des bracelets aux enfants.

« Ces dernières nuits, nous avons organisé des spectacles de magie et des concours pour les enfants. C'est bien de les voir sourir à nouveau », dit le capitaine Faisal au camp de Ghari Habibullah. « Nous nous concentrons sur les plus jeunes car ce sont eux qui attendent le plus l'Aïd. Nous essayons de leur apporter un peu de bonheur. »

Mais presqu'un mois après le tremblement de terre tragique, il y a peu de raisons de sourire. Sadia Abibi, 12 ans, Babar, 10 ans, et Aliya, 4 ans, ont perdu leurs parents quand la maison s'est écroulée dans le village de Gedah. Leur petit frère Tofel, tout juste un an et demi, est encore à l'hôpital.

Les enfants vivent avec leurs proches au camp. Habillés de vêtements de fête et serrant leurs nouveaux jouets, ils ont le regard perdu dans le vague quand on leur parle. Pendant la journée, les jeunes orphelins vont à l'école du camp. Ils jouent avec leurs cousins l'après-midi et sont accueillis par une tante pour la nuit.

Leurs vêtements neufs, les jouets et le fait de retourner à l'école sont possibles grâce à la générosité des Pakistanais et de la communauté internationale.

C'est la même histoire de l'autre côté des montagnes à Mera Yanolia, un des nombreux camps près de la ville dévastée de Muzaffarabad.

Shafik Ahmed, fonctionnaire, est chauffeur et il travaillait à Karachi, dans le sud du pays, quand la maison familiale s'est écroulée sur sa femme et ses enfants lors du tremblement de terre. Heureusement, ils ont pu être sortis des décombres par des proches et la famille a passé un morne Aïd dans l'une des 700 tentes de l'UNHCR, qui accueille au total environ 2 000 personnes à Mera Yanolia.

« Je me suis précipité ici aussi vite que j'ai pu », dit Ahmed. « Avant le séisme, nous passions de bonnes fêtes de l'Aïd. Pour la première nuit, nous allions au marché et on achetait plein de choses. C'était un moment très heureux. On se rendait visite entre voisins, on se rendait sur les tombes de nos parents et on achetait des cadeaux pour les enfants. Mais cette année, nous n'avons rien fait. Beaucoup de nos proches sont morts dans le tremblement de terre, il n'y a rien à fêter. Tout ce que nous possédons se trouve dans cette tente. »

Tahira Mirhussain est une étudiante âgée de 22 ans, qui appelle sa « maison » une tente de l'UNHCR à Meria Yanolia. Elle est consciente d'être l'une des plus chanceuses - malgré la perte de presque tout ce qu'ils possédaient - les membres de sa famille proche ont tous survécu au tremblement de terre.

« Cette année, nous avons passé l'Aïd très simplement », dit-elle d'une voix neutre. « Le matin, nous avons dit nos prières, nous avons pensé à tous ceux qui sont morts. Nous avons fait quelques gâteaux et nous les avons distribués aux familles dans les tentes ici. Maintenant, nous avons besoin de reconstruire les écoles et les collèges afin que nous puissions terminer notre éducation. Reconstruire nos vies sera plus difficile. »

Le Pakistan tout entier est encore sous le choc de la catastrophe qui a touché la partie nord du pays. Des milliers de civils ont travaillé durant l'Aïd el Fitr aux côtés des dizaines de milliers de soldats et de fonctionnaires, ainsi que des travailleurs humanitaires locaux et internationaux pour apporter de l'aide au plus grand nombre possible avant que les premières rigueurs de l'hiver himalayen ne rendent la situation encore plus difficile. Le week-end de l'Aïd a été marqué par des célébrations très discrètes avec une succession d'alertes à propos de risques d'affections respiratoires, comme la pneumonie, et la nécessité désespérée de davantage de financement.

Tahira Mirhussain, lycéenne âgée de 22 ans, a passé l'Aïd dans une tente de l'UNHCR à Mera Yanolia, près de Muzaffarabad.

« L'idée qui prévaut pendant le Ramadan est d'aider les personnes les moins chanceuses. Nous donnons également le zakat, une part de nos économies, aux pauvres », dit Tahira Gulafshan, employée de l'UNHCR. « L'Aïd est considérée comme cadeau de Dieu. Quelle meilleure façon de passer l'Aïd que d'aider ceux qui en ont besoin ? »

Par Vivian Tan à Balakot, avec Tim Irwin à Muzaffarabad