L'inquiétude au HCR après les violences survenues au Darfour
L'inquiétude au HCR après les violences survenues au Darfour
EL GENEINA/ABECHE, 2 novembre 2004 (UNHCR) - L'UNHCR est préoccupé par l'escalade de la violence au Darfour. Tout comme d'autres organisations internationales, l'UNHCR a dû annuler les missions sur le terrain prévues pour cette semaine. Suite à l'enlèvement de 18 Soudanais se trouvant à bord d'un autocar sur la route entre Zalinge et Nyala jeudi dernier, le Coordonnateur des Nations Unies pour les mesures de sécurité a suspendu, jusqu'à nouvel ordre, toute mission sur le terrain, y compris les missions de l'UNHCR.
Les autorités locales ont imputé la responsabilité de ces enlèvements aux mouvements rebelles de l'Armée de libération du Soudan et du Mouvement pour la justice et l'égalité et ont indiqué que les rebelles continuaient de violer le cessez-le-feu, d'attaquer les véhicules gouvernementaux et de bloquer les routes empruntées par les convois humanitaires.
L'insécurité dans la zone de Djabel Moon, au Nord de El Geneina est également une source d'inquiétude, tandis que de vives tensions subsistent dans la zone de Masteri, à 50 km au Sud de El Geneina. Une équipe de l'UNHCR devait être déployée à Masteri pour plusieurs jours à compter de dimanche pour évaluer la situation et surveiller les mouvements de population vers le Tchad. Cette mission n'a pas pu quitter El Geneina, comme ce fut le cas pour d'autres missions, en raison des mesures préventives de sécurité prises suite aux enlèvements de Zalinge.
Le Coordonnateur pour les mesures de sécurité venait juste de lever les restrictions relatives aux déplacements dans la zone de Masteri. Ces restrictions avaient été mises en place pour deux semaines suite à l'attaque d'un poste de police le 10 octobre, attribuée à l'Armée de libération du Soudan. Finalement, une équipe de l'UNHCR est parvenue à se rendre à Masteri le 26 octobre, après la levée des restrictions. Certaines personnes lui ont fait part du sentiment d'insécurité qui prévaut depuis le 10 octobre.
Chaque nuit, de petits groupes (20 à 40 personnes) rentrent au Tchad, alors qu'ils sont beaucoup plus nombreux en réalité à vouloir retourner mais ne peuvent le faire en raison de l'insécurité qui règne le long de la route. Suite à une mission du Bureau de la coordination des affaires humanitaires et du Bureau du Haut Commissaire aux droits de l'homme le 24 octobre, il avait été indiqué que 400 familles avaient fui vers le Tchad après l'attaque du 10 octobre.
Entre temps, au Tchad, une série d'incidents se sont produits la semaine dernière dans le camp de Breidjing, entraînant l'interruption d'une campagne de sensibilisation sur l'épidémie de l'hépatite E. Mais les humanitaires ont repris leur activité lundi dès le retour au calme.
Les récents troubles - apparemment perpétrés par le même groupe qui a causé de sérieux problèmes en juillet dernier dans les camps de Farchana et de Breidjing, entraînant la mort de deux réfugiés - incluent le recours aux menaces et à l'intimidation à l'encontre des représentants de réfugiés et des humanitaires. Le fait que les récents problèmes aient commencé peu de temps après la libération de l'un des instigateurs des incidents de juillet constitue un facteur particulièrement alarmant. Huit réfugiés suspectés d'être à l'origine de ces troubles ont été arrêtés par les forces de l'ordre qui sont responsables de la sécurité des camps en vertu d'un accord entre le gouvernement tchadien et l'UNHCR.
Lors d'un incident la semaine dernière, deux chefs de sections de camp de réfugiés ont été menacés par d'autres réfugiés et ont été avertis qu'ils seraient rapidement remplacés. Au cours d'un autre incident, un réfugié, qui s'était porté volontaire pour travailler avec CARE, notre partenaire qui dirige le camp de Breidjing, a été physiquement menacé par deux personnes qui ont confisqué son livret de famille et son badge de volontaire. Le réfugié travaillait pour le comité de gestion de l'eau et du système sanitaire du camp.
De nombreux réfugiés ont rapporté que les rebelles continuent d'organiser des réunions la nuit, en violation des règlements du camp. Le comité a suspendu ses activités après de violentes réactions de foule, suite à la distribution de 36 jerricans dans l'une des sections du camp. Lors d'une réunion la semaine dernière à propos de l'épidémie d'hépatite E, les réfugiés ont demandé à connaître les raisons de l'arrestation de huit personnes suspectées d'avoir provoqué des troubles.
Avec la montée des tensions, des travailleurs humanitaires de MSF-Hollande et d'Oxfam ont été menacés et ont décidé de quitter le camp après que certains membres de l'assistance ont sorti des couteaux.
Le Préfet d'Adré a rencontré des chefs de groupes de réfugiés vendredi dernier et a averti que si le contrôle de la situation n'était pas rétabli, il serait dans l'obligation de prendre des mesures pour assurer le respect de la loi tchadienne. Le gouvernement hôte est en effet l'entité ultimement responsable de la sécurité dans les camps. Les fauteurs de troubles seraient originaires du Soudan et du camp de Farchana.
Le fond du problème réside dans la crainte de plusieurs réfugiés que la création d'associations pour mettre en place des activités génératrices de revenus ne « normalise » leur situation, donnant l'impression qu'ils sont bien implantés au Tchad et réduisant ainsi leurs chances de rentrer chez eux.
Du fait de la réticence des réfugiés envers ces associations sur la base d'un commerce professionnel, aucune association n'a vu le jour, à l'exception du comité pour la gestion de l'eau et de l'hygiène sanitaire.
Sur le plan du financement, l'UNHCR a reçu à ce jour 83 millions de dollars sur les 114,8 millions demandés dans son appel de fonds pour les régions de l'Est du Tchad et du Darfour jusqu'à la fin de l'année. L'UNHCR est reconnaissant des récentes contributions additionnelles des Etats-Unis (13,7 millions de dollars, ce qui porte à
31,7 millions de dollars la contribution totale des Etats-Unis pour cette opération) et du Japon (4 millions de dollars de fonds additionnels, ce qui porte à 5 millions de dollars la contribution totale du Japon pour cette opération).