Les meurtres et les enlèvements suscitent peur et colère chez les Palestiniens de Bagdad
Les meurtres et les enlèvements suscitent peur et colère chez les Palestiniens de Bagdad
GENEVE, 1er juin (UNHCR) - La récente vague d'assassinats et d'enlèvements à Bagdad et de nouvelles menaces de mort ont suscité colère, panique et inquiétude au sein de la communauté de réfugiés palestiniens vivant en Iraq. Des centaines d'entre eux se sont enfuis vers les zones frontalières.
Des assaillants inconnus ont tués au moins six Palestiniens dans la capitale iraquienne au cours des deux dernières semaines, d'après les informations reçues sur place par les employés de l'UNHCR. Dimanche dernier, environ 20 assaillants armés ont pénétré dans une maison à Bagdad et traîné un homme dans son jardin avant de l'abattre devant toute sa famille.
Dans un cas précédent, un autre Palestinien a été retrouvé mort, peu de temps après son enlèvement le 15 mai. Par la suite, un communiqué menaçant les Palestiniens a été publié selon lequel « ils subiraient le même sort que des criminels dans d'autres régions » s'ils ne quittaient pas l'Iraq dans les 10 jours.
« Vous avez été prévenus », disait ce message anonyme, qu'ont pu lire les collaborateurs de l'UNHCR. « Vous serez traités sans pitié. »
Ces meurtres et ces enlèvements récents ont alimenté la peur, la panique et la colère grandissantes parmi les Palestiniens, selon les informations fournies par des diplomates palestiniens qui ont rendu visite à certains membres de la communauté. Depuis février, Bagdad est le théâtre d'assassinats, d'actes d'intimidation et d'enlèvements de Palestiniens.
La situation s'était un peu calmée à la fin avril, lorsque le dirigeant religieux chiite iraquien, le Grand Ayatollah Ali al-Sistani, avait émis un décret interdisant les attaques contres les Palestiniens et que la police avait mis en place des patrouilles dans les zones essentiellement habitées par des Palestiniens.
Mais il semble que cette accalmie n'ait été que temporaire. Des centaines de Palestiniens ont fui la capitale ces dernières semaines pour rejoindre la frontière entre la Syrie et l'Iraq dans l'espoir d'y trouver la sécurité. Début mai, la Syrie a autorisé 287 Palestiniens à entrer dans le pays, après s'être vus refuser l'entrée en Jordanie.
L'UNHCR essaye de négocier l'entrée d'autres Palestiniens qui vivent dans la peur, mais le Gouvernement syrien a indiqué aux employés de l'UNHCR qu'aucun nouvel arrivant ne serait accepté.
Au total, 212 Palestiniens, parmi lesquels des enfants et des femmes enceintes, ont fui Bagdad depuis le 10 mai et sont bloqués à la frontière entre la Syrie et l'Iraq. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés et le Croissant-Rouge syrien fournissent de la nourriture, des articles de base et des soins médicaux à ce groupe qui refuse de retourner à Bagdad.
Pendant ce temps, l'UNHCR a aussi reçu des informations selon lesquelles des membres de la communauté palestinienne en Iraq n'auraient pas pu renouveler leur permis de résidence depuis le 28 mars 2006, ce qui entrave sérieusement leur liberté de mouvement et leur sécurité.
L'Iraq accueille plus de 24 000 Palestiniens enregistrés. Certains ont fui vers l'Iraq, quittant leurs maisons dans le nouvel Etat d'Israël créé en 1948. D'autres sont nés dans le pays. Quelques Palestiniens ont reçu un traitement préférentiel sous le régime de l'ancien président Saddam Hussein et ont soutenu son invasion au Koweït en 1990. Mais ils sont devenus des cibles depuis la chute de Saddam en 2003.