Le HCR se joint au groupe de travail chargé de réduire la tension entre Somaliens et communauté locale dans les townships sud-africains
Le HCR se joint au groupe de travail chargé de réduire la tension entre Somaliens et communauté locale dans les townships sud-africains
PORT ELISABETH, Afrique du Sud, 15 mars (UNHCR) - Hamud Hire est arrivé en Afrique du Sud en 1994, rempli d'optimisme et d'espoir après une vie difficile en Somalie en tant que membre d'une tribu minoritaire. Ses parents ont été tués tous les deux durant la longue guerre civile qu'a connue son pays et il avait décidé de chercher un avenir meilleur dans un lieu plus sûr.
« Je ne pouvais pas arriver à un meilleur moment », a-t-il expliqué, ajoutant que 1994 a été l'année des premières élections démocratiques après des décennies de régime d'apartheid et qu'une atmosphère de pardon et de réconciliation régnait alors dans le pays.
Hamud Hire a ensuite mené une vie agréable - jusqu'au mois dernier lorsqu'il a dû affronter cette même haine qu'il croyait avoir laissée à tout jamais derrière lui en Somalie. Il avait économisé suffisamment d'argent durant toutes ces années pour ouvrir une petite épicerie à Motherwell, l'un des plus grands townships de Port Elisabeth, et croyait à l'avenir de son commerce.
Mi-février, la vie de Hamud Hire, et de nombreux autres Somaliens à Motherwell, a soudain basculé, lors du dernier regain de violence contre les réfugiés somaliens. Ceux qui étaient visés ont quitté Motherwell, espérant que les représentants de la communauté réfugiée, les représentants du gouvernement, les membres de l'UNHCR, la société civile et d'autres acteurs concernés puissent résoudre le problème accru de xénophobie avant leur retour.
Hamud Hire a indiqué qu'en ce jour fatal, le mois dernier, il a été réveillé par une foule scandant des slogans dans la rue. « Une multitude de gens était descendue dans la rue, criant hamba kwerekwere, phuma kwerekwere [les étrangers doivent partir, les étrangers dehors] », se rappelle-t-il.
« J'ai mis dans ma poche les gains de la soirée et au moment où j'allais sortir par l'arrière de la boutique, ils ont commencé à démolir la porte d'entrée du magasin. Ils ont tout pris et je suis parti en courant », a ajouté Hamud Hire. A la fin de la journée, plus de 20 magasins appartenant à des Somaliens ont été pillés et endommagés.
Les attaques xénophobes contre les commerçants somaliens ont commencé à augmenter ces dernières années, mais l'incident du mois dernier - apparemment provoqué par le meurtre d'un garçon sud-africain âgé de 15 ans lorsque le cambriolage d'un commerçant somalien a mal tourné - a été particulièrement préoccupant à cause de l'exode des Somaliens qui a suivi.
De nombreux commerçants somaliens ont fermé leurs magasins et sont partis avec leurs familles - soit 300 personnes au total - vers la mairie d'un autre quartier de Port Elizabeth. Le centre communal de gestion des catastrophes, la Croix Rouge sud-africaine et d'autres agences ont fourni des draps et des couvertures, de la nourriture et des articles non alimentaires.
Le gouvernement central a rapidement condamné la violence, alors qu'il a été demandé aux Somaliens de retourner dans le township de Motherwell. Mais ceux-ci ont fait part de leur réticence à rentrer avant d'être sûrs que leur sécurité soit garantie.
Quelques uns ont dit qu'ils n'avaient pas d'argent pour rouvrir leur commerce. « Qui va me dédommager pour la perte de mon stock d'une valeur de 55 000 rands (6 750 dollars) environ ? Comment vais-je recommencer ma vie », a demandé Hamud Hire.
Le cabinet gouvernemental d'Afrique du Sud, dans sa déclaration du 22 février, a indiqué que « les Somaliens et d'autres immigrants doivent être assurés que le gouvernement rejette la violence qu'ils subissent et s'engage à assurer la recherche de solutions durables pour remédier aux causes du conflit et aux tensions. »
Le gouvernement a ajouté qu'il « soutient pleinement les initiatives des responsables provinciaux et locaux pour empêcher de nouvelles explosions de violence. Nos services de police vont et devront gérer le cas de toute personne impliquée dans l'incitation à la violence et les attaques. »
La police de Motherwell a lancé une opération pour récupérer et rendre les biens pillés durant les saccages. A ce jour, quelques réfrigérateurs ont été retrouvés. Parallèlement, les responsables des townships à Motherwell ont organisé des réunions d'habitants et ont fait des interventions à la radio pour dénoncer la violence.
De plus, l'UNHCR a rejoint un groupe de travail créé le 8 mars pour répondre à ces problèmes. Ce groupe comprend aussi des fonctionnaires municipaux, des membres du ministère de l'intérieur, de la police, des représentants de communautés de Motherwell, de la commission des droits de l'Homme sud-africaine et d'autres parties concernées.
Mais les représentants de la communauté somalienne ont indiqué être fâchés et frustrés et qu'ils feraient part publiquement de leurs griefs lors d'une réunion qui se tiendra vendredi sur le plan d'action du groupe de travail.
« Leur désespoir est compréhensible », a indiqué Monique Ekoko, chargé de protection de l'UNHCR. « Cependant, nous nous occupons de cette affaire avec tout le sérieux qu'elle mérite. Nous apprécions les efforts du gouvernement pour résoudre pacifiquement ce problème. Pour des solutions à long terme, nous étudions la situation de chaque personne et leurs besoins pour une réinstallation possible. »
« L'UNHCR fait partie intégrante du groupe de travail de Motherwell, qui se va se réunir régulièrement pour prévoir des stratégies d'intervention à long terme avec d'autres parties concernées. Nous ferons tout notre possible pour contribuer à la résolution de ce problème, aussi longtemps qu'il le faudra. C'est notre mandat, notre responsabilité et notre promesse », a-t-elle ajouté.
Par Pumla Rulashe à Port Elizabeth, Afrique du Sud