Fermer sites icon close
Search form

Recherchez un site de pays.

Profil du pays

Site web du pays

Le Gouvernement syrien utilise des camps de vacances pour héberger les Libanais

Articles et reportages

Le Gouvernement syrien utilise des camps de vacances pour héberger les Libanais

Pour faire face au flux quotidien de milliers de Libanais qui continuent à fuir le conflit dans leur pays, la Syrie a commencé à utiliser les locaux de camps de vacances situés à proximité de la capitale, Damas.
3 Août 2006
Des Libanais déplacés originaires de Beyrouth sont hébergés dans le centre de vacances de Zabadany près de Damas. Chaque bungalow accueille deux familles.

ZABADANY, Syrie, 3 août (UNHCR) - Pour faire face au flux quotidien de milliers de Libanais qui continuent à fuir le conflit dans leur pays, la Syrie a commencé à utiliser les locaux de camps de vacances situés à proximité de la capitale, Damas.

On estime que plus de 140 000 Libanais ont franchi la frontière depuis le début du conflit, à la mi-juillet. Le nombre d'arrivées quotidiennes a atteint un maximum de 20 000 il y a deux semaines, pour redescendre ensuite au chiffre actuel de 5 000. Toutefois, le personnel de l'UNHCR qui surveille les points de passage aux frontières ont remarqué que les personnes qui traversent désormais la frontière sont en plus mauvaise condition physique.

Les Libanais qui arrivent maintenant sont traumatisés, apeurés et bouleversés. Environ 90 pour cent des personnes qui se sont réfugiés en Syrie ces deux derniers jours sont des femmes et des enfants qui ont fui les bombardements dans leurs régions. Certains, dont un nouveau-né, ont été séparés de leurs familles. A la frontière, ces personnes obtiennent des adresses d'hébergement, comme dans des maisons privées, des écoles et d'autres abris organisés.

Les équipes de l'UNHCR visitent quotidiennement les personnes déplacées dans leurs logements d'accueil temporaires afin d'évaluer leurs besoins. Pour la seule ville de Damas, on compte 39 lieux d'hébergement, dont 20 écoles publiques. Avec la perspective de la rentrée scolaire à la mi-septembre, le gouvernement cherche donc des solutions alternatives pour le logement.

Les centres de colonies de vacances, où les écoliers passent d'habitude leurs vacances d'été, ont été réquisitionnés pour diminuer la pression. « On nous a dit de venir ici il y a quelques jours. Un bus est venu nous chercher et nous a emmenés ici », dit Fatima Taleb depuis Zabadany, une des colonies au nord-ouest de Damas.

Avec sa famille, elle fait partie des 850 Libanais qui ont été transférés à Zabadany. Fatima Taleb partage un petit bungalow avec son mari, leurs deux enfants et quatre autres proches. Chaque nouvel arrivant dans le camp d'été reçoit un matelas, des draps, des oreillers, des couvertures, des vêtements et des articles de toilette ainsi qu'un tapis de prière et des foulards.

« Pour le moment, c'est bien d'être ici », explique Fatima. « Les enfants ont de l'espace pour jouer et les Syriens sont vraiment généreux. Ils nous donnent tout ce dont nous avons besoin. Mais nous commençons à être inquiets et à nous ennuyer. Nous sommes assis ici et nous ne pouvons rien faire d'autre. Nous voulons rentrer chez nous dès que possible. »

Fatima Taleb et sa famille ont fui en taxi leur maison située près de Baalbek, une ville du nord du Liban, juste trois jours après le début du conflit. « Nous n'avons pas eu le temps de faire nos valises », se rappelle-t-elle. Elle a été si traumatisée qu'elle n'avait plus de lait pour nourrir son bébé. Le lait pour les enfants, les sous-vêtements et les habits manquent cruellement dans le camp.

Ruba Yasim a été dirigée vers le camp de Zabadany dès qu'elle a traversé la frontière à Al Jdedeih en début de semaine. Elle était à Beyrouth quand son quartier a été bombardé. Elle a pu s'échapper seulement quelques heures avant que son immeuble ne soit à son tour touché par les bombes.

« J'ai pris mon bébé et mon petit garçon dans les bras, j'ai couru vers la maison de ma mère et nous sommes partis », raconte-t-elle. « Nous avons pris un taxi pour traverser le Liban et nous nous sommes arrêtés plusieurs fois avant d'arriver ici. Je n'ai même pas emporté mes papiers d'identité, ni même d'argent, rien. »

Les responsables du camp font tout leur possible pour remonter le moral des nouveaux arrivants à Zabadany. « Nous avons maintenant besoin de programmes de divertissement pour les enfants et les femmes ; nous voulons leur changer les idées. Je les plains, ils ont tout perdu », explique Abdul Hamid, président du comité administratif du camp de Zabadany, qui peut héberger jusqu'à 1 200 personnes.

« Les Libanais peuvent rester ici aussi longtemps qu'ils en auront besoin. Pour le moment, nous continuons à recevoir des dons de la part des habitants de Damas. Ils nous apportent des vêtements, des articles de toilette et de la nourriture. Nous cuisinons quotidiennement pour toutes les personnes hébergées ici », explique Hamid. « Nous considérons les réfugiés comme nos invités. »

Mais les standards humanitaires dans les camps d'été varient grandement et quelques déplacés libanais sont mécontents d'avoir été transférés des écoles vers les camps.

Parallèlement, l'UNHCR ouvre de nouveaux bureaux dans les villes d'Alep, Homs et Tartous pour renforcer la surveillance aux frontières et son soutien envers le Liban ainsi que pour offrir une meilleure assistance aux dizaines de milliers de Libanais dans le pays. Les employés de l'UNHCR se sont rendus jeudi dans le sud de la Syrie pour une mission d'évaluation dans la zone de Dara, où des Libanais et des Palestiniens sont arrivés.

Sur un autre sujet, le Gouvernement syrien a décidé d'autoriser les réfugiés iraquiens qui traversent la frontière depuis le Liban à rester plus longtemps sur son territoire. Les autorités avaient indiqué précédemment que les Iraquiens recevraient un visa de transit valable seulement pour 48 heures. Elles ont finalement décidé, sur demande de l'UNHCR, de donner aux réfugiés des visas valables pour trois mois.

Par Annette Rehrl à Zabadany, Syrie