La distinction Nansen pour les réfugiés est décernée à une avocate qui défend les boat people à Malte

GENEVE, 18 septembre (UNHCR) - Katrine Camilleri a démontré son dévouement à la cause des réfugiés arrivant à Malte non seulement au travers de son travail - qu'elle effectue avec le Service Jésuite des réfugiés (JRS) depuis une dizaine d'années - mais aussi par sa détermination à continuer malgré les menaces, dont un incendie criminel perpétré contre sa voiture et sa maison.

Cette avocate de 37 ans a été nommée, mardi, lauréate 2007 de la distinction Nansen pour les réfugiés par l'agence des Nations Unies pour les réfugiés. Il s'agit d'un prix remis à des individus ou à des organisations qui se sont distingués pour leur travail en faveur des réfugiés.

« Le Comité a nommé le docteur Katrine Camilleri de Malte en reconnaissance de son dévouement exceptionnel à la cause des réfugiés et de sa remarquable contribution à la protection et à l'assistance des réfugiés, à travers son travail au sein du Service Jésuite des Réfugiés », indique le communiqué détaillant la sélection officielle du Comité.

« Le comité se félicite des efforts inlassables du docteur Camilleri pour faire avancer et défendre la cause des réfugiés. Le Comité est par ailleurs impressionné par le courage politique qu'elle a démontré dans la gestion de la situation des réfugiés à Malte. En remettant la distinction au docteur Camilleri pour son courage civique et pour l'exemple qu'elle donne par ses actions, le Comité de la distinction Nansen pour les réfugiés souhaite rendre hommage à toutes les personnes qui, grâce à leur travail, améliorent le bien-être des réfugiés. »

La distinction, qui est attribuée chaque année, était précédemment connue sous le nom de Médaille Nansen. Elle est dotée d'un prix de 100 000 dollars offert par la Norvège et la Suisse, destiné à un projet en faveur des réfugiés proposé par le lauréat. La cérémonie officielle d'attribution de la distinction Nansen aura lieu à Genève au mois d'octobre, à l'occasion de la réunion officielle du Comité exécutif de l'UNHCR. La distinction tient son nom de l'explorateur de l'Arctique, le Norvégien Fridtjof Nansen, nommé en 1921 premier Haut Commissaire pour les réfugiés par l'ancêtre des Nations Unies, la Société des Nations.

« Katrine Camilleri oeuvre courageusement pour la protection des réfugiés », a dit António Guterres, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. « Le docteur Camilleri et le JRS sont des partenaires essentiels ; ils aident l'UNHCR à atteindre son objectif qui consiste à assister les gouvernements à identifier les réfugiés pris dans les mouvements migratoires, et à répondre à leurs besoins. »

Katrine Camilleri est née en 1970, sur l'île méditerranéenne de Malte. Après avoir obtenu son diplôme de l'université de Malte en 1994, elle est rentrée en contact avec des réfugiés lorsqu'elle a commencé à travailler dans un petit cabinet d'avocats. Elle a ainsi aidé à éviter l'expulsion d'un demandeur d'asile libyen qui risquait la persécution s'il rentrait dans son pays ; puis son intérêt pour la cause des réfugiés s'est développé et elle a commencé en 1997 à travailler avec le bureau du Service Jésuite des Réfugiés (JRS) à Malte.

D'abord en tant que volontaire, puis travaillant à temps partiel et enfin à plein temps, Katrine Camilleri a contribué à développer les services d'assistance du JRS. En 2000, elle s'est occupée du cas d'un demandeur d'asile détenu dans un centre de détention, et d'autres se sont bientôt présentés pour demander une assistance juridique. Le JRS est devenu la première organisation à offrir aux détenus un service juridique professionnel sur une base régulière.

En 2002, le nombre de demandeurs d'asile et de migrants économiques arrivant à Malte par bateau a enregistré une nette augmentation - une situation similaire à de nombreux autres pays européens du bassin méditerranéen. Convaincu que les demandeurs d'asile en détention sont les personnes ayant le plus besoin d'aide, le JRS a de plus en plus concentré son action sur les centres de détention.

Le docteur Camilleri, mère de deux enfants, a consacré son énergie à développer les services du JRS, en obtenant des fonds pour employer davantage de personnel qualifié et mettre en place de nouveaux projets, dans le domaine de l'aide sociale, des services de santé et de l'éducation en faveur de l'ensemble des réfugiés, quelles que soient leur race, leur religion ou leur ethnie.

Katrine Camilleri dirige l'équipe juridique du Service Jésuite des Réfugiés de Malte, qui est composée de deux avocats et de deux travailleurs sociaux. Outre le traitement des demandes d'asile, ce service présente des recours contre les détentions dans certains cas individuels et assure le suivi du traitement des personnes se trouvant dans les centres. Consciente de la nécessité de former un plus grand nombre d'avocats au droit des réfugiés, Katrine Camilleri a aidé à la création d'une section spécifique pour les étudiants en droit à l'Université de Malte, dans le cadre de laquelle ils étudient des cas réels, entrant ainsi en contact avec les demandeurs d'asile.

Avec l'augmentation du nombre des demandeurs d'asile qui arrivent à Malte, la migration irrégulière est devenue un problème politique hautement médiatisé. Le JRS oeuvre dans le but de sensibiliser l'opinion publique à la question des réfugiés, du droit d'asile et des problèmes interculturels. Des réactions violentes de la part de certaines personnes ont toutefois vu le jour, qui ont choqué les Maltais et ont été condamnées par le gouvernement.

L'année dernière, le JRS et le docteur Camilleri ont été victimes d'une série d'attaques. Neuf véhicules appartenant aux Jésuites ont été incendiés lors de deux attaques séparées. Et en avril dernier, des incendiaires ont mis le feu à la voiture et à la porte d'entrée de la maison de Katrine Camilleri, terrorisant sa famille piégée à l'intérieur.

Cet incident, raconte-t-elle, a brisé le sentiment d'invulnérabilité de ses propres enfants, mais n'a pas modifié son désir de venir en aide aux demandeurs d'asile, qui risquent leur vie dans de frêles embarcations en quête de sécurité.

« Je suis toujours impressionnée par l'espoir si fort de ces personnes et par leur capacité non seulement de garder espoir envers et contre tout, mais surtout d'agir pour que les choses changent », a dit Katrine Camilleri à l'UNHCR.