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Dilemme à la fermeture du plus grand camp de réfugiés du Pakistan

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Dilemme à la fermeture du plus grand camp de réfugiés du Pakistan

La saga de Jalozaï, le plus grand camp de réfugiés afghans au Pakistan, pourrait bientôt s'achever. Les Afghans concernés par la fermeture de ce site sont confrontés à des choix difficiles.
28 Février 2008
A Jalozaï, des Afghans discutent de la fermeture du site avec des employés de l'UNHCR.

JALOZAI, Pakistan, 28 février (UNHCR) - La longue saga de Jalozaï, le plus camp de réfugiés afghans le plus important au Pakistan, pourrait bientôt s'achever. Les Afghans concernés sont confrontés à des choix difficiles à l'approche de la date de fermeture fixée au 15 avril.

La décision de fermer Jalozaï - un camp situé dans la Province frontière du Nord-Ouest - a été prise suite à des problèmes sécuritaires. Elle avait été approuvée par une commission tripartite composée des Gouvernements du Pakistan et de l'Afghanistan ainsi que de l'UNHCR, en 2006 et 2007.

Jalozaï a accueilli jusqu'à 110 000 Afghans enregistrés qui avaient fui des années de conflit en Afghanistan. En août dernier, quand les autorités ont entrepris de fermer ce site tentaculaire, quelque 25 000 habitants ont été rapatriés vers l'Afghanistan.

Par crainte d'un déplacement de masse et d'une crise humanitaire, au début de l'hiver dernier, l'UNHCR et les autorités afghanes avaient demandé une suspension temporaire de la fermeture. En conséquence, des représentants des réfugiés vivant à Jalozaï avaient signé un engagement selon lequel ils quitteraient le camp de réfugiés entre le 1er mars et le 15 avril 2008. Ils ont eu le choix entre deux options : le rapatriement volontaire vers l'Afghanistan ou le transfert vers un autre camp de réfugiés existant au Pakistan.

« Nous sommes conscients que ce nouveau délai accordé par le gouvernement arrive maintenant à son terme et nous ne remettrons pas en cause la décision du gouvernement », a indiqué Aziz Khan, un représentant de réfugiés originaire de la province de Paktya dans le sud-est de l'Afghanistan. « Cependant, je ne peux pas prendre la décision de rentrer, et ce pour différentes raisons, notamment à cause des conditions de sécurité, de la difficulté de la réintégration et des désaccords que nous avons avec des personnes influentes là-bas. »

Maulvi Sahib Toti, qui est originaire de la province de Kuner dans l'est de l'Afghanistan, confirme : « L'Afghanistan ne s'est pas encore remis des décennies de guerre. Nous sommes conscients de ce qui se passe là-bas. Nous savons que la situation économique est difficile pour les gens qui sont déjà rentrés. Il y a très peu d'opportunités d'emploi dans notre région d'origine et, en plus, il y a un sentiment d'insécurité. »

Au sujet du transfert vers un autre camp de réfugiés au Pakistan, il a indiqué, « Notre problème, c'est que nous voulons nous décider une seule fois pour une situation durable. Si nous choisissons le transfert dans un autre site au Pakistan, alors, dans un an ou deux, il se pourrait que nous soyons à nouveau déracinés, quand nous voudrons retourner chez nous en Afghanistan. Tout ceci nous rend la prise de décision encore plus difficile. »

En reconnaissant que la fermeture de Jalozaï est inévitable et que ses habitants sont confrontés à de difficiles décisions, l'UNHCR travaille étroitement avec les autorités pakistanaises et afghanes pour assurer une fin sans heurts à cette saga.

« Nous avons demandé à ceux qui ont choisi le rapatriement volontaire de nous donner leurs noms et leurs coordonnées. Nous voulons planifier leur retour afin d'éviter une ruée de dernière minute au centre de rapatriement volontaire », a indiqué Mohammed Adar, responsable de l'UNHCR à Peshawar. « Quand ce sera possible, nous donnerons la priorité aux Afghans qui rentrent dans des régions aux conditions météorologiques plus tempérées, comme l'est de l'Afghanistan. Pour ceux qui sont originaires des provinces les plus froides, comme le nord du pays, le retour sera prévu en avril. »

Les Afghans qui retournent dans leur pays avec l'aide de l'UNHCR reçoivent une allocation en espèces d'un montant de 100 dollars par personne, pour couvrir les frais de leur voyage et leurs dépenses initiales pour la réintégration.

Les habitants de Jalozaï qui ne souhaitent pas rentrer en Afghanistan ont été informés des différentes options pour leur transfert au Pakistan - vers des camps de réfugiés existants dans les districts de Dir et de Chitral, dans la région de la Province frontière du Nord-Ouest. L'UNHCR a négocié avec les autorités qu'un transfert soit possible dans le camp de réfugiés de Kot Chandana dans la province du Punjab.

Ceux qui souhaitent le transfert pourront bénéficier de services basiques comme les soins de santé, l'éducation, la distribution d'eau et les équipements sanitaires. L'UNHCR organisera aussi le transport des réfugiés qui auront opté pour le transfert. Des visites de reconnaissance sont actuellement organisées pour donner aux représentants des réfugiés de Jalozaï une image plus claire des services sociaux et des moyens de gagner sa vie qui sont possibles dans ces régions.

Seulement six semaines avant de quitter Jalozaï, Sahib Toti, originaire de Kunar, attend encore un miracle qui verrait le Gouvernement pakistanais changer d'avis sur la fermeture de Jalozaï. Cependant, les autorités gouvernementales pakistanaises confirment qu'il n'y aura pas de miracle. « Il ne sera accordé aucun nouveau délai pour la fermeture », a indiqué récemment le docteur Imran Zeb, Commissaire pakistanais pour les réfugiés afghans à Islamabad, à un journal national.

Quelque 80 000 Afghans enregistrés vivent encore à Jalozaï à ce jour. Une analyse de cette population montre qu'environ 18 pour cent d'entre eux sont originaires de la province de Nangarhar en Afghanistan, 15 pour cent de Kaboul, 12 pour cent respectivement de Kunar et de Paktya et enfin, huit pour cent de Jawzjan.

On compte actuellement quelque deux millions d'Afghans enregistrés au Pakistan. Ils sont autorisés à rester dans ce pays jusqu'à la fin de l'année 2009.

Par Babar Baloch à Jalozaï, Pakistan