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Des réfugiés aisés rentrent au Somaliland pour investir dans leur pays

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Des réfugiés aisés rentrent au Somaliland pour investir dans leur pays

Dans l'Etat autoproclamé du Somaliland au nord-ouest de la Somalie, des milliers de réfugiés rentrent de l'étranger, prêts à investir avec enthousiasme les économies faites à l'étranger pour la reconstruction de leur pays, dévasté par la guerre civile depuis la fin des années 80 jusqu'aux années 90.
24 Mars 2006
Une femme et sa famille devant la porte de son squat à State House, à Hargeisa. La palissade est fabriquée avec des boîtes de fer récupérées et applaties, comme de nombreuses maisons habitées par des rapatriés.

HARGEISA, Somaliland, 24 mars (UNHCR) - Ali Abdibihi, un jeune homme de 16 ans, aussi brillant que chaleureux, ne rate jamais l'occasion de pratiquer son anglais lorsqu'un visiteur se présente dans ce bidonville qu'il considère comme sa maison.

Il habite dans un toukoul, un habitat traditionnel en forme de hutte, fait de chiffons et de boîtes de fer récupérées et applaties, avec son père aveugle, sa mère et ses frères et soeurs plus âgés, qui sont tous sans emploi. Pourtant il sait très bien comment il peut les aider : « Je vais être professeur. Je vais enseigner l'informatique. »

D'où lui vient l'inspiration pour un projet aussi précis ? D'un autre Somalien, qui après avoir trouvé refuge en Angleterre, y ayant réussi son doctorat et être rentré dans son pays d'origine, a créé un centre Internet pour les habitants de toukouls à qui il enseigne l'informatique.

Hargeisa, la capitale de l'Etat autoproclamé (mais non reconnu par la communauté internationale) du Somaliland, est surpeuplée ces temps-ci par d'anciens réfugiés rentrés dans leur pays qui, comme Ali et sa famille, ne peuvent se loger que dans des abris de fortune, souvent construits sans autorisation sur des terrains appartenant à l'Etat ou à des propriétaires privés.

En même temps, la ville se développe grâce à d'autres rapatriés, comme ce professeur formé en Angleterre, qui rentrent chez eux avec leurs compétences acquises en exil, et souvent leurs économies. Selon les statistiques des Nations Unies, les Somaliens de l'étranger ont envoyé dans le pays 750 millions de dollars l'année dernière pour alimenter l'économie de la région, cette année le chiffre attendu s'élève à 1 milliard de dollars. Ce flux financier participe à la forte expansion de la construction à Hargeisa.

Le Somaliland, aussi connu comme le nord-ouest de la Somalie, s'est détaché du reste du pays et s'est déclaré République indépendante du Somaliland en 1991. Il a été dévasté par une guerre civile violente à la fin des années 80, sous le gouvernement central de l'ancien dictateur Mohamed Siad Barre, suivie par de violents combats anarchiques inter-clans après sa chute en 1991.

« Non seulement les gens sont rentrés des camps de réfugiés situés dans les pays voisins », indique Edna Adan Ismail, la Ministre des affaires étrangères du Somaliland, « mais beaucoup d'autres sont revenus de pays plus éloignés. Des rapatriés sont rentrés du Canada, des Etats-Unis, de l'Angleterre, de l'Australie, de l'Arabie saoudite. Ces rapatriés, et j'en fais partie, remettent sur pied le Somaliland. »

De l'autre côté de la ville, loin des installations de Sheikh Nour où se trouve le centre Internet que fréquente Ali, une classe d'informatique plus formelle se déroule dans les locaux de Havoyoco (Horn of Africa Voluntary Youth Committee). Cette organisation non gouvernementale locale financée par l'UNHCR déclare que 90 pour cent de ses diplômés trouvent des emplois rémunérés. Aujourd'hui, une classe d'environ 30 jeunes femmes apprend comment saisir des données sur ordinateur pour effectuer des paiements.

Ailleurs à Hargeisa, SOWDA (Somali Women's Development Association), avec le financement de l'UNHCR, enseigne des notions d'alphabétisation aux femmes et aux jeunes filles, ainsi que des compétences professionnelles comme la couture, la fabrique d'encens et de savon.

Ougbad Ibrahim Kahin, âgée de 16 ans, rêve elle de devenir un jour médecin. Pour le moment, assise derrière une machine à coudre à pédale au centre SOWDA, elle est heureuse d'apprendre la couture « qui pourra améliorer son quotidien ».

Elle fait partie d'une famille de huit enfants, dont le père est mort et la mère ne trouve pas de travail. « J'ai pensé que je pourrais gagner de l'argent et aider ma famille », explique l'adolescente.

Aider les habitants du Somaliland à acquérir des compétences pour subvenir à leurs propres besoins fait partie des nombreux objectifs d'un Plan global d'action de 200 millions de dollars, destiné à améliorer la vie des Somaliens dans les quatre principaux pays d'asile (Djibouti, Ethiopie, Kenya et Yémen), ainsi que celle des rapatriés et des déplacés internes.

Dans une région où seuls les riches mangent trois fois par jour, le Plan global d'action a été défini pour aider les Somaliens à stabiliser leur situation, parmi d'autres objectifs, en protégeant les rapatriés et les personnes déplacées, en améliorant l'alimentation des femmes et des enfants et l'accès à l'eau, en favorisant l'accès aux soins de santé et à l'éducation.

Avec le soutien initial de la Commission européenne, du Danemark, des Pays-Bas et du Royaume-Uni, l'UNHCR et les autres agences des Nations Unies prévoient de présenter le Plan global d'action aux donateurs en cours d'année. Cette collecte de fonds constituera la première phase d'un appel plus général aux donateurs, afin de mettre en place un plan de développement de trois ans en faveur des Somaliens.

Dans le cadre de ce processus commun, les rapatriés du Somaliland devraient être en meilleure position pour se réintégrer complètement ainsi que retrouver un semblant de « normalité » dans leur vie avec d'autres groupes vulnérables, notamment les déplacés internes.

La Ministre des affaires étrangères, Edna (connue de tous sous son prénom) dit que l'investissement pour l'avenir des rapatriés est une belle initiative. Elle estime aussi que l'énergie des rapatriés du Somaliland, rentrés des camps de réfugiés et d'ailleurs, peut être un modèle à suivre pour les réfugiés dans d'autres pays.

Une femme et sa famille devant la porte de son squat à State House, à Hargeisa. La palissade est fabriquée avec des boîtes de fer récupérées et applaties, comme de nombreuses maisons habitées par des rapatriés.

« Ce qui se passe au Somaliland est encourageant pour tous les réfugiés », a-t-elle ajouté, « ils devraient rentrer et reconstruire leur pays comme les habitants du Somaliland le font. »

Par Kitty McKinsey à Hargeisa, Somaliland