Des dizaines de milliers de congolais trouvent abri dans une ville frontalière en Ouganda
Des dizaines de milliers de congolais trouvent abri dans une ville frontalière en Ouganda
KAMPALA, Ouganda, 7 septembre (UNHCR) - Quelque 25 000 à 35 000 réfugiés congolais ont trouvé abri pour la nuit dans la ville frontalière de Bunagana, en Ouganda, afin d'échapper aux combats au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC).
Pendant la journée, la plupart des hommes traversent de nouveau la frontière pour rentrer en RDC et surveiller leurs biens, laissant derrière eux près de 12 000 à 15 000 femmes et enfants. Presque tous sont hébergés chez des proches et amis congolais qui habitent à Bunagana, dans la province occidentale de Kisoro, en Ouganda.
Selon les autorités ougandaises, la plupart des Congolais affirment qu'ils préfèrent rester près de la frontière et qu'ils veulent rentrer chez eux dès que la situation s'améliorera. Jeudi soir, seules 200 personnes environ s'étaient enregistrées auprès du site d'accueil de Nyakabanda, soutenu par l'UNHCR, à environ 20 kilomètres à l'intérieur de l'Ouganda.
« Nos équipes sont sur le terrain et nous continuerons à surveiller de près la situation. Nous voyons bien que les réfugiés congolais désirent rentrer chez eux le plus vite possible, et beaucoup sont déjà en train de le faire », a déclaré Stefano Severe, le délégué de l'UNHCR en Ouganda.
Beaucoup de femmes et d'enfants restent toutefois en Ouganda. « Je suis partie avec mon mari et mes sept enfants. Nous ne pouvions plus rester chez nous ; il y a la guerre », raconte Nirandi Kubwimana, 30 ans, à son arrivée à Nyakabanda. « Je ne veux pas rentrer à moins d'être sûre que la guerre est terminée », a-t-elle ajouté, faisant allusion aux combats qui continuent entre les forces gouvernementales, les troupes insurgées et les rebelles.
« En collaboration avec les autorités ougandaises et d'autres partenaires, nous continuerons à nous tenir prêts à fournir protection et assistance à ceux qui en ont besoin », a indiqué Stefano Severe de l'UNHCR.
Les autorités ougandaises du district, l'UNHCR, l'UNICEF, le Programme alimentaire mondial (PAM), la Croix-Rouge ougandaise et MSF France ont stocké, dans un entrepôt des environs, des couvertures, des jerrycans, des bâches en plastique, de la nourriture et des médicaments qui pourront être utilisés à Nyakabanda, si nécessaire.
Depuis fin août, les équipes de l'UNHCR en Ouganda ont mené plusieurs missions à Kisoro, pour assurer un contrôle des arrivées et fournir une assistance, suite à un afflux précédent de 10 000 Congolais, le 21 août. Il était prévu qu'une équipe de l'UNHCR se rende de nouveau à Kisoro vendredi matin.
Parallèlement, les employés de l'UNHCR qui se trouvent dans la province du Nord-Kivu ont également rapporté que des milliers de Congolais avaient fui la ville et les environs de Sake, à l'ouest de Goma, à cause d'intenses combats. On estime que la majorité de la population a quitté la ville jeudi. Des colonnes de déplacés se dirigeaint vers le camp de déplacés de Mugunga, à environ 15 kilomètres de Goma, et vers la ville de Goma même.
Dans la région de Mugunga, il y a plusieurs camps et des sites de fortune accueillant au moins 35 000 personnes déplacées. Leur nombre augmente chaque jour. Les conditions de vie sont terribles : les déplacés s'abritent dans de frêles cabanes faites de feuilles et de branches, dans des écoles surpeuplées en plein air.
L'UNHCR n'a qu'un accès limité, à certaines zones, y compris Mugunga, et craint que le déplacement dont nous avons connaissance ne soit que la partie visible de l'iceberg. L'agence négocie actuellement avec les autorités au sujet de l'ouverture d'un site pour les nouveaux déplacés dans la ville de Goma. Ces derniers jours, le personnel de l'UNHCR à Goma a été témoin de l'arrivée régulière de camions transportant des personnes déplacées et leurs biens. Depuis décembre 2006, le nombre des nouveaux déplacés dans le Nord-Kivu a dépassé les 180 000 personnes et continue à augmenter. Au total, on dénombre plus de 640 000 déplacés internes dans cette province située dans l'est de la RDC.
L'UNHCR coordonne étroitement l'effort global d'assistance fourni par les autres agences des Nations Unies et les ONG partenaires, particulièrement l'UNICEF et le PAM, qui ont aidé les déplacés ces dernières semaines en distribuant des articles ménagers, des bâches en plastique et des rations alimentaires.
A Genève vendredi, Ron Redmond, le porte-parole en chef de l'UNHCR, a indiqué : « A nouveau, nous appelons instamment toutes les parties au conflit dans le Nord-Kivu à s'abstenir d'attaquer la population civile et contre les déplacés en particulier. Lors des procédures de sélection des nouveaux arrivés, l'UNHCR et son partenaire non gouvernemental ont identifié de nombreuses victimes de viols et de torture. »
Il a indiqué que les équipes de l'UNHCR avaient aussi reçu des informations sur des meurtres de civils. « De tels actes constituent de sérieuses violations du droit humanitaire international », a indiqué Ron Redmond, ajoutant : « Nous espérons toujours que les négociations pour résoudre les causes à l'origine de ce conflit pourront reprendre, afin d'éviter davantage de déplacements et une nouvelle dégradation de la situation humanitaire, qui est déjà critique. »
Par Roberta Russo à Kampala, Ouganda, et Jens Hesemann à Goma, République démocratique du Congo