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De petits groupes de réfugiés ivoiriens rentrent chez eux, selon le HCR

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De petits groupes de réfugiés ivoiriens rentrent chez eux, selon le HCR

29 Novembre 2004
Des réfugiés ivoiriens vivent parmi la population libérienne à Butuo, au nord-est du Libéria.

BUTUO, Libéria, 29 novembre 2004 (UNHCR) - Quelques petits groupes de réfugiés ivoiriens au Libéria sont rentrés chez eux après que les tensions en Côte d'Ivoire se soient apaisées. Alors que l'afflux de réfugiés au Libéria semble marquer une pause, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés et ses partenaires poursuivent l'observation des zones frontalières et fournissent l'assistance nécessaire.

Aucune nouvelle arrivée de Côte d'Ivoire n'a été enregistrée depuis le week-end dans le comté de Nimba, au nord-est du Libéria, où l'UNHCR et la Croix-Rouge libérienne avaient jusqu'à présent enregistré 10 045 réfugiés ivoiriens dans et autour des villes de Butuo et Gporplay. Les réfugiés avaient commencé à fuir leurs régions d'origine début novembre craignant de nouveaux affrontements entre les troupes gouvernementales ivoiriennes et les rebelles.

Aujourd'hui, la rivière Cestos qui sépare ces deux pays d'Afrique de l'Ouest ne connaît plus le va-et-vient des canoës de réfugiés ivoiriens vers le Libéria. Au contraire, les mouvements de populations se sont inversés avec le départ de petits groupes de réfugiés qui rentrent dans leurs villages en Côte d'Ivoire.

« La situation en Côte d'Ivoire s'améliore et la population peut rentrer sans crainte, » selon Labeh Tion, un responsable qui travaille à la municipalité de Zouan-Houinien dans l'ouest de la Côte d'Ivoire. Il était à Butuo avec une délégation de sa municipalité pour informer ses compatriotes que les échanges de tirs avaient cessé.

« Bien que la situation soit revenue à la normale, l'UNHCR continuera d'observer la situation très attentivement et sera prêt dans l'éventualité d'un nouvel afflux de réfugiés de Côte d'Ivoire », a précisé Moses Okello, le Représentant de l'UNHCR au Libéria. « L'UNHCR travaille avec le gouvernement pour renforcer notre présence commune dans les comtés de Nimba, Grand Gedeh et Maryland. »

Jean Serakounne fait partie des personnes récemment arrivées qui vivent dans le centre de transit de l'UNHCR à Butuo. Elle avait déjà trouvé refuge au Libéria, lorsque le premier conflit ivoirien s'est déclenché en septembre 2002, et a perdu son père qui est tombé d'un canoë surchargé et s'est noyé.

Jean était retournée dans son village à Zouan-Houinien et était bénévole dans un orphelinat tenu par une mission catholique jusqu'à ce qu'elle soit forcée de fuir de nouveau récemment. « Quand nous avons entendu les coups de feu, tout le monde a été évacué du centre et je suis venue avec quelques enfants » raconte-t-elle. Elle a maintenant 3 enfants sous sa responsabilité.

Tout comme ses compatriotes, Jean surveille de près la situation en Côte d'Ivoire grâce à la radio et en questionnant les équipes de l'UNHCR. Elle sait que la vie se normalise petit à petit dans son pays et espère reprendre son travail à l'orphelinat très prochainement.

Dans le même temps, les réfugiés ivoiriens s'intègrent bien dans leur pays d'accueil. Il est fréquent de voir des réfugiés et les populations locales portant des outils agricoles le long des routes pour travailler côte à côte dans les fermes. Des femmes réfugiées s'occupent de bébés libériens et aident aux tâches ménagères des autres femmes des villages.

« Les Africains sont un même peuple et les Ivoiriens nous ont aidés pendant les huit années de conflit libérien. Maintenant c'est notre tour, » dit Albert Fanga, le représentant local du gouvernement à Butuo.

Avec l'aide du gouvernement libérien, des agences des Nations Unies continuent d'apporter leur assistance le long de la frontière. L'une des principales priorités est de remettre les routes en état pour permettre aux camions d'atteindre les zones isolées et apporter aux populations dans le besoin les rations alimentaires du PAM et les kits de secours de l'UNHCR, qui contiennent couvertures, savons et ustensiles de cuisine. Le partenaire opérationnel de l'UNHCR, LUSH (Liberians United to Save Humanity), a commencé à réparer les ponts pour rétablir le passage d'ici peu de temps. Mais le manque d'équipements adéquats dans le pays rend le processus de réhabilitation difficile.

En dépit du mauvais état des routes, les équipes de l'UNHCR sont basées à Saclepea et font des visites quotidiennes dans les villages isolés et sur les points de passage possible le long des 45 kilomètres de frontière, empruntant parfois des pistes au milieu de la jungle.

« Des réunions régulières avec les communautés réfugiées sont essentielles pour les informer de l'assistance que nous pouvons leur fournir et rassembler les informations les plus précises possibles sur leur histoire et leurs souhaits pour l'avenir, » explique Fidelis Swai, chef du bureau de l'UNHCR à Saclepea.

Des cliniques mobiles mises en place par les partenaires santé de l'agence apportent des kits d'urgence vers le nord et le sud de Butuo. L'UNHCR a également fourni des motos pour aider les équipes de la Croix-Rouge à se rendre dans les endroits isolés et collecter des informations quant au nombre et à l'état de santé des nouveaux arrivants. Heureusement seuls quelques cas de malaria et de diarrhée ont été jusque là recensés.

L'UNHCR a prévu d'augmenter le nombre de projets - spécialement en matière de santé ainsi que dans les secteurs de l'eau et du sanitaire - destinés à renforcer les capacités des communautés libériennes qui doivent supporter la charge des réfugiés et se tenir prêtes à accueillir d'éventuels nouveaux afflux de populations.

Par Francesca Fontanini à Butuo