Choix difficiles pour les réfugiés syriens qui ont besoin d'une aide vitale
Choix difficiles pour les réfugiés syriens qui ont besoin d'une aide vitale
Erbil, Iraq, 20 décembre 2012 (HCR) - La plupart des réfugiés fuient leur pays pour échapper à la violence ou à la persécution. Pour un malade atteint de cancer, Ahmed *, quitter la Syrie était une question de vie ou de mort au sens propre. Ahmed, 43 ans luttait contre un cancer de l'estomac depuis six mois lorsqu'il s'est enfui en aout dernier pour Erbil, la plus grande ville du Kurdistan, au nord de l'Iraq.
Jusque-là, il allait à Damas toutes les deux semaines pour recevoir un traitement médical. Mais il lui devenait de plus en plus difficile de faire ce voyage depuis chez lui au nord-est de la Syrie vers la capitale en raison de la dégradation du conflit.
« Je devais faire un voyage de 12 heures d'Al Hassakeh à Damas une semaine sur deux pour suivre une chimiothérapie. Je devais conduire sous les tirs et les bombardements. J'ai pris ce risque pour ma survie », raconte Ahmed.
Toujours pâle et amaigri, tenant un grand sac de médicaments chez sa soeur à Erbil, Ahmed explique que les violences en Syrie ont failli le priver du traitement anticancéreux dont il a un besoin vital. Il y a un manque énorme et croissant de médicaments dans la plupart des hôpitaux locaux du pays et les médecins ne parviennent pas toujours à se rendre dans les hôpitaux.
« Ma vie était en danger, je n'arrivais plus à trouver de médicaments et j'étais sur le point de mourir. J'ai dû quitter la Syrie pour survivre », dit Ahmed. « Quand je suis arrivé ici à Erbil, je me suis fait enregistrer par le HCR. Cet enregistrement m'a permis d'obtenir la résidence au Kuridstan [iraquien]. Le HCR m'a orienté vers l'hôpital Nana Kelly à Erbil où je reçois mon traitement gratuitement. »
Ahmed dit qu'il est content du traitement et de la chimiothérapie dont il bénéficie. « Même les vitamines sont prévues. J'ai repris cinq kilos ces cinq derniers mois. Je peux voir mes cheveux repousser. Je renais. Je suis vraiment reconnaissant au HCR.
Le réfugié syrien montre les tâches sur les veines de ses bras, qu'il attribue à sa chimiothérapie en cours. « C'est très douloureux. Je dois rester allongé entre trois et cinq heures chaque fois qu'on m'administre le traitement. Cela fait très mal. Mais cela sauve ma vie », dit-il doucement.
Ahmed est arrivé à Erbil par ses propres moyens en laissant sa femme et ses quatre enfants à la maison. « Je suis très préoccupé pour ma famille. Il y avait déjà beaucoup de tirs dans mon quartier. Mais j'ai dû partir pour sauver ma vie », répète-t-il.
Seliman*, 10 ans est l'unique fils d'Ahmed. Il souffre d'un handicap mental depuis sa naissance. Deux mois après le départ d'Ahmed de Syrie, le garçon est tombé gravement malade et a dû être admis à l'hôpital d'Hassakeh.
« Seliman avait une pneumonie mais il n'y avait plus de médicaments pour sauver sa vie », raconte doucement Ahmed, ses yeux se remplissant de larmes. « J'ai perdu mon seul fils. Je n'arrive pas à y croire. Plus de médicaments pour sauver la vie de mon fils. C'est trop. »
La femme d'Ahmed et ses trois filles l'ont finalement rejoint à Erbil début novembre. Ils vivent tous chez la soeur d'Ahmed, qui a fui un peu plus tôt. Plus de 20 personnes vivent dans cet appartement de trois pièces.
Cette famille fait partie des 9500 réfugiés syriens accueillis par la communauté locale d'Erbil. Le Kurdistan iraquien accueille trois quarts des réfugiés syriens en Iraq. Dans tout l'Iraq, le nombre des réfugiés enregistrés ou en cours d'enregistrement a triplé depuis le 1er septembre - passant de 18 700 à plus de 65 000. Et des centaines continuent à arriver chaque jour.
* Noms fictifs pour des raisons de protection
Mohammed Abu Asaker, Erbil, Iraq