En avril 2020, douze enfants non accompagnés, afghans et syriens, ont été relocalisés au Grand-Duché de Luxembourg depuis la Grèce. Asma, 14 ans, et Tamim, 16 ans, retracent leur séjour au Luxembourg et partagent leurs espoirs pour l’avenir. Ils expliquent comment leur vie a changé grâce à la solidarité et l’accueil chaleureux du gouvernement, de la communauté locale et de la société civile.
Par Benjamin Mason et Frederik Bordon
Nichée au cœur des collines du village pittoresque de Munshausen, dans le nord du Luxembourg, la Maison Saint-Hubert accueille dans ses murs un groupe d’enfants réfugiés qui ont été relocalisés depuis la Grèce en avril 2020. Le foyer pour enfants non accompagnés a été ouvert par l’ONG Caritas Luxembourg, qui s’occupe de ces enfants depuis le premier jour – en assurant des rendez-vous médicaux, des cours et des rencontres individuelles avec des conseillers et des avocats spécialisés dans les questions d’asile, ainsi que des activités ludiques et pédagogiques.
« Quand je peins, c’est pour moi la paix.»
« Quand je peins, c’est pour moi la paix, » déclare Asma, en contemplant fièrement la tapisserie d’esquisses, de portraits et d’aquarelles abstraites qui ornent les murs de sa chambre. La tranquillité de la campagne luxembourgeoise a été une source de bien-être et de soulagement pour Asma après un long et dangereux périple. Fuyant l’Afghanistan à l’âge de 12 ans, seule avec son petit frère, elle a été contrainte d’endosser plus de responsabilités qu’aucun enfant ne devrait avoir.
« Je me disais … je suis dans un pays ou je ne connais rien. Je ne connais pas les langues, et maintenant qu’est-ce que je dois faire ? J’ai passé de nombreuses nuits en me sentant vraiment seule… et vivre sans parents, sans famille, à notre âge ce n’est pas facile”.
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Pouvoir communiquer était une priorité pour Asma et Tamin. « Quand on sortait, on se disait ; ‘regarde, il y a des gens qui savent parler le luxembourgeois, le français et l’anglais’ – alors que nous, on ne parlait aucune de ces langues. Et c’était très difficile au début, » se souvient Tamim qui est arrivé au Luxembourg à l’âge de 14 ans.
Installés dans leur nouvelle maison et épaulés par leur entourage, Asma et Tamim n’ont pas mis longtemps à trouver leurs marques. Grâce à des cours de langues intensifs et au soutien de Caritas, leur persévérance et leur travail acharné ont porté leurs fruits. Tamim s’épanouit pleinement dans le Luxembourg multilingue :
« J’ai appris trois langues, et j’ai maintenant beaucoup d’amis luxembourgeois et d’autre pays aussi. Maintenant c’est plus facile pour nous, parce qu’on peut parler aux gens, et donc rentrer en contact avec eux… En français, en anglais et un peu en luxembourgeois »
Grâce à leurs nouveaux acquis linguistiques, les enfants se sont parfaitement intégrés dans le système scolaire local – Asma se révélant à la hauteur des défis académiques : « Bon, j’ai toujours adoré l’école depuis que je suis petite. Mais bon, franchement ce n’était pas facile du tout d’aller à l’école ici… Mais j’ai fait beaucoup d’efforts pour arriver au même niveau que les autres…Maintenant je me sens vraiment bien. Ce que j’aime le plus ce sont les cours de français, et d’anglais, d’économie, et de sciences naturelles. »
En dehors des cours, Caritas organise une série d’activités sportives et de loisirs pour les enfants. Le mini-golf, le bowling et le karting sont les activités préférées de Tamim, tandis qu’Asma préfère développer ses talents artistiques.
Asma et Tamim sont désormais pleinement tournés vers l’avenir, ce que confirme Tamim : « Je veux seulement me concentrer sur mon futur…Pour ma famille, pour mon job »
Tamim envisage de faire des études d’infirmier. Lorsqu’on lui demande pourquoi, sa réponse est simple : « Parce que je veux aider les gens ».
Asma souhaite faire des études de droit, mais en attendant, elle compte mettre ses talents artistiques au service des autres. « Des gens m’ont aidée. Et maintenant, c’est à mon tour d’aider les autres… je me dis que je pourrais vendre certaines de mes peintures pour aider des personnes qui en ont besoin.»
En accueillant ces enfants et en investissant dans leur avenir, dans le cadre des efforts déployés avec d’autres pays de l’Union européenne, le Luxembourg contribue à donner un formidable exemple de solidarité à l’égard des réfugiés. Accompagnée d’un accueil chaleureux de la part de la communauté d’accueil la relocalisation peut ainsi permettre à des enfants comme Asma et Tamim de s’épanouir et de vivre un avenir meilleur et plus sûr dans leur nouveau chez soi.
Comme le dit Asma, « À mon avis, la maison c’est où on peut être détendus, en paix, et où il y a de l’amour… Le Luxembourg m’offre tout ça »
Le programme de relocalisation est dirigé par le gouvernement grec avec les États membres de l’UE participants et est coordonné par la Commission européenne. Le HCR travaille en étroite collaboration avec ses partenaires des Nations Unies, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), pour appuyer tous les aspects du processus de relocalisation, en étroite collaboration avec le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO – (EASO, aujourd’hui L’Agence de l’Union européenne pour l’asile) et d’autres partenaires.
Pour plus d’informations sur la relocalisation: Explications : Relocalisation des enfants non accompagnés de la Grèce vers d’autres pays de l’UE
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