Ceci est un résumé des déclarations du porte-parole du HCR Babar Baloch – à qui toute citation peut être attribuée – lors de la conférence de presse du 03 avril 2020 au Palais des Nations à Genève.
Un an après le lancement d’une offensive militaire à Tripoli en Libye, les combats s’intensifient, et la pandémie de Covid-19 ajoute désormais une nouvelle menace, avertit le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Plus de 300 civils ont été tués et 150 000 autres ont été déplacés de leurs foyers depuis avril 2019. Malgré l’accord provisoire sur une trêve humanitaire, les combats se sont considérablement intensifiés la semaine dernière. La détérioration de la sécurité a également entravé la capacité de dizaines de milliers de personnes anciennement déplacées à rentrer en toute sécurité dans leur région d’origine.
Parallèlement, les autorités ont déjà confirmé dix cas de coronavirus et un décès en Libye, ce qui suscite de nouvelles craintes quant à la capacité de réaction des services de santé affaiblis du pays.
Le conflit en cours a de graves répercussions sur le système de santé et les services médicaux du pays, qui disposent de ressources financières limitées et sont confrontés à des pénuries d’équipements et de médicaments de base. De nombreux hôpitaux ou établissements de santé, situés dans des zones proches du conflit, ont également été endommagés ou fermés.
Le HCR et ses partenaires fournissent des générateurs, des ambulances, des conteneurs préfabriqués et des cliniques sous tente, en soutien aux services de santé locaux. Nous sensibilisons également les réfugiés, les demandeurs d’asile et les Libyens aux gestes barrières par le biais d’affiches, de SMS et de messages sur les médias sociaux, afin de réduire les risques d’exposition au coronavirus.
Conjointement avec d’autres agences humanitaires, le HCR appelle les autorités libyennes à garantir l’accès et l’inclusion de tous les groupes de population en Libye à la surveillance sanitaire, à la préparation, aux plans et aux activités pour la prévention et la lutte contre le coronavirus.
Avec d’autres agences, nous réitérons également nos appels pour la libération ordonnée des personnes détenues au sein de la communauté. Les demandeurs d’asile et les réfugiés, placés en détention parce qu’ils ne disposent pas de documents légaux, sont particulièrement vulnérables et exposés, compte tenu des installations sanitaires souvent médiocres, des services de santé limités et des conditions de surpopulation. De nombreux centres de détention sont également situés dans des zones proches des lignes de combat.
La vie quotidienne devient de plus en plus difficile pour les habitants de la Libye déchirée par le conflit. Les civils libyens ainsi que les réfugiés et les demandeurs d’asile sont confrontés à des défis importants pour accéder aux articles de première nécessité et aux services essentiels ou pour trouver du travail. Les prix des loyers, de la nourriture et du carburant ont atteint des sommets et les habitants éprouvent de grandes difficultés à répondre à leurs besoins fondamentaux.
Le HCR est particulièrement préoccupé par le manque croissant de logements à prix abordable et par l’augmentation des loyers, alors que de plus en plus de Libyens déplacés ou déplacés secondaires ont été forcés de quitter leur maison et cherchent de nouveaux logements à louer.
Cette situation affecte tout particulièrement les réfugiés et les demandeurs d’asile qui ne peuvent pas trouver de travail régulier. Les réfugiés ont déclaré au HCR que le montant de la location pour des chambres individuelles a été multiplié par six, tandis que le coût de location pour les maisons a triplé. Beaucoup d’entre eux vivent dans des bâtiments ou des garages surpeuplés, inachevés et non meublés, où jusqu’à dix personnes partagent une seule pièce.
L’instabilité de la sécurité a également entraîné une hausse de la criminalité, avec une augmentation des cas de vols et d’attaques ciblés.
Le HCR continue d’opérer en Libye pour aider à fournir protection et assistance aux réfugiés, aux demandeurs d’asile, aux Libyens déplacés et aux rapatriés, mais les prestations d’assistance sont sérieusement entravées par des protocoles de sécurité stricts en matière de mouvements et par une présence réduite sur le terrain.
Ces 12 derniers mois, le HCR a assuré des consultations médicales à plus de 25 500 personnes, a distribué des articles de secours à plus de 42 700 personnes et a fourni des allocations d’aide en espèces à près de 2500 personnes. Le HCR a également soutenu 37 projets visant à favoriser la coexistence pacifique entre les réfugiés, les Libyens déplacés, les rapatriés et les communautés d’accueil, notamment via la réhabilitation d’infrastructures sociales telles que les écoles et les cliniques.
Le HCR se fait l’écho de l’appel lancé par le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, exhortant les parties belligérantes à travers le monde à cesser leurs combats pour soutenir la réponse face à la menace posée par la pandémie du coronavirus.
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