L’Ukraine a subi des pertes civiles sans précédent cette année. Les réseaux électriques, constamment pris pour cible, exposent désormais les populations à des températures glaciales. En Syrie, la dernière escalade des hostilités a contraint des dizaines de milliers de personnes à prendre la fuite. Le Liban, qui accueillit autrefois plus d’un million de Syriens fuyant la guerre, se retrouve à son tour confronté à une crise humanitaire. Les réfugiés syriens font face à un avenir incertain, tandis que leurs hôtes, les Libanais, ont eux aussi subi les ravages de bombardements massifs. Entretemps, les Palestiniens de Gaza sont au bord de la famine, Haïti est en proie à une recrudescence de la violence, et de nouveaux affrontements sanglants secouent le Soudan. La liste des tragédies est interminable. Face à ces drames, des milliers de personnes se voient contraintes de prendre la route, à la recherche de sécurité, de nourriture et d’un abri pour leurs familles.
Très peu de ces personnes déplacées de force atteindront nos côtes. Malgré cette dure réalité, le discours politique en Europe s’oriente toujours plus vers la fermeture des frontières et la restriction de l’accès à l’asile. Ceux qui sont impliqués dans l’accueil des demandeurs d’asile savent que nombreux sont ceux qui, parvenus jusqu’en Europe, se retrouveront sans abri et devront dormir dans la rue, exposés au froid de l’hiver qui s’installe.
Je sais que beaucoup d’entre nous s’inquiètent pour l’économie, la sécurité et les incertitudes mondiales. Cependant, les défis liés à l’accueil, au logement et au sans-abrisme auxquels nous faisons face à travers l’Europe ne sont pas dus aux personnes cherchant refuge et sécurité ici sur notre continent. Ces problèmes sont le résultat d’un ensemble de facteurs tels que les pressions économiques, les inégalités sociales, les dynamiques du marché immobilier et les décisions politiques. En réalité, restreindre l’accueil et l’accès au logement, tout en laissant un nombre croissant de personnes sans abri, ne renforce ni la sécurité, ni l’économie. Sur le terrain, les faits montrent tout le contraire.
Alors que nous entamons les dernières semaines de l’année 2024, je me joins à beaucoup d’entre nous pour dresser le bilan de l’année écoulée et me demander : avons-nous encore la capacité de prendre soin des autres ?
Avons-nous perdu de vue notre responsabilité commune de protéger les plus vulnérables, quelle que soit leur origine, leur religion ou la couleur de leur peau ?
Que ce soit dans des contrées lointaines ou ici en Belgique, je reste convaincu que nous avons de nombreux soutiens – parfois une majorité silencieuse – qui souhaitent toujours faire une différence pour les réfugiés. Et vous pouvez compter sur le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, pour continuer à plaider auprès des gouvernements afin de préserver l’accès à l’asile pour les personnes ayant besoin d’une protection et de garantir la mise en place de services visant à soulager et prévenir davantage de souffrances humaines. Cet hiver, nos équipes en Ukraine, au Liban et ailleurs travailleront sans relâche pour réparer des abris, fournir des chauffages ou proposer des abris collectifs à ceux qui n’ont nulle part où aller.
En savoir plus sur l’aide hivernale du HCR
Ici en Belgique, nous continuerons de plaider auprès des autorités pour que tous les demandeurs d’asile bénéficient de conditions d’accueil adéquates. Le HCR travaille également avec les réfugiés et d’autres acteurs qui gèrent des abris collectifs pour héberger des personnes sans abri de nos villes. Disposer d’un toit, surtout en hiver, est une bouée de sauvetage. C’est un premier pas pour retrouver sa dignité. Un pas essentiel pour panser ses plaies.
Nous ne pouvons pas y parvenir seuls – aussi comptons-nous sur vous. Pour les millions de personnes fuyant la guerre et la violence, l’humanité est essentielle. Faites entendre votre voix et exigez que les réfugiés, où qu’ils soient, soient traités et accueillis avec dignité, y compris ici, dans notre propre communauté.
Jean-Nicolas Beuze
Représentant du HCR pour l’UE, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas.
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