GENÈVE – Alors que plus de 4 millions de personnes sont désormais déracinées par la crise au Soudan, le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est profondément préoccupé par la détérioration des conditions sanitaires dans tout le pays, y compris dans les camps de réfugiés et aux points d’entrée aux frontières, ainsi que dans les centres de transit dans les pays voisins, où arrivent les personnes contraintes de fuir leur foyer.
Ceci est un résumé des propos tenus par William Spindler, porte-parole du HCR – à qui toute citation peut être attribuée – lors de la conférence de presse qui s’est tenue le 8 août 2023 au Palais des Nations à Genève.
08 Août 2023
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La situation au Soudan, où les équipes du HCR sont présentes, devient intenable car les besoins dépassent de loin ce qu’il est humainement possible de faire avec les ressources disponibles. Dans l’État du Nil Blanc, le manque de médicaments, de personnel et de fournitures essentiels entrave gravement le fonctionnement des services de santé et de nutrition dans les dix camps de réfugiés, où plus de 144 000 réfugiés provenant de Khartoum ont trouvé refuge depuis le début du conflit. Ces derniers doivent partager les infrastructures sanitaires existantes avec des milliers de réfugiés sud-soudanais et des membres des communautés locales. De même, les services de santé mentale et de soutien psychosocial sont pratiquement inexistants.
Comme de nombreuses familles sont en déplacement depuis plusieurs semaines, et qu’elles n’ont accès qu’à très peu de nourriture et de médicaments, on observe une augmentation des taux de malnutrition, l’apparition de maladies et un nombre croissant de décès. Entre le 15 mai et le 17 juillet, plus de 300 décès, principalement chez les enfants de moins de 5 ans, ont été enregistrés pour cause de rougeole ou de malnutrition. Si le financement des programmes de santé essentiels continue de se faire attendre, ce chiffre risque d’augmenter.
La pénurie chronique de personnel de santé, ainsi que les attaques contre le personnel signalées par l’Organisation mondiale de la santé, compromettent considérablement la qualité des soins dispensés dans l’ensemble du pays. Les observations des équipes du HCR dans la région du Nil Blanc font état d’au moins 70 patients par médecin et par jour, ce qui est supérieur aux recommandations et indique clairement que les services de santé sont surchargés. La rupture des chaînes d’approvisionnement a entraîné une pénurie de médicaments et d’autres fournitures pour des centaines de milliers de personnes qui en ont désespérément besoin.
En outre, on s’attend à une augmentation du nombre de cas de choléra et de paludisme dans les mois à venir en raison des inondations résultant des pluies incessantes et du manque d’installations sanitaires.
Au-delà des frontières du pays, la situation est tout aussi sombre. L’état sanitaire et nutritionnel des personnes fuyant le Soudan s’est fortement dégradé depuis le début du conflit en avril et continue de s’aggraver. Le manque de financement entrave gravement la réponse apportée au Soudan du Sud, où 57 enfants, la plupart âgés de moins de 5 ans, sont morts de la rougeole et de la malnutrition à Renk. Quinze d’entre eux sont décédés au cours de la semaine écoulée.
De la même manière, au Tchad, seules 17 cliniques mobiles sont opérationnelles sur 15 sites dans les zones frontalières et les camps de réfugiés où les gens arrivent. Plus de 2 400 réfugiés et rapatriés blessés sont arrivés jusqu’à présent, nécessitant des soins médicaux urgents, avec environ 130 blessés admis chaque jour en juin.
En collaboration avec ses partenaires du secteur de la santé et les autorités gouvernementales, le HCR s’efforce de renforcer son action. Les agences humanitaires ont déployé du personnel et des volontaires supplémentaires dans les camps, les points d’entrée aux frontières et les centres de transit afin de soutenir le dépistage de la malnutrition et d’autres activités. Les équipes sur place fournissent également des kits médicaux, intensifient la vaccination des enfants contre la rougeole et s’emploient à réhabiliter les installations existantes et à en créer de nouvelles. En outre, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour relocaliser rapidement les nouveaux arrivants depuis les points d’entrée frontaliers et les centres de transit afin d’y éviter la surpopulation et d’enrayer la propagation de maladies potentiellement mortelles. Nous avons cependant besoin d’un soutien accru de la part des donateurs pour pouvoir venir en aide à ces populations.
Depuis le début du conflit, plus de 4 millions de personnes ont été contraintes de fuir tant à l’intérieur du Soudan qu’au-delà des frontières du pays. Ce chiffre comprend près de 700 000 réfugiés et demandeurs d’asile qui ont fui vers les pays voisins et 195 000 Sud-Soudanais contraints de retourner au Soudan du Sud. Au Soudan, plus de 3,2 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, dont plus de 187 000 réfugiés qui résidaient déjà dans le pays au début de la crise.
Des fonds supplémentaires sont désespérément nécessaires pour permettre la fourniture de soins de santé et d’autres formes d’aide vitale. Sur les 566 millions de dollars requis par le HCR et ses partenaires dans le cadre du Plan régional d’intervention en faveur des réfugiés (RRRP) pour fournir une assistance aux pays voisins du Soudan, seuls 29 % ont été reçus. Le Plan inter-agences pour le Soudan n’est quant à lui financé qu’à hauteur de 24 %.
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