Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a rencontré Abdulazez, un photographe syrien, pour savoir ce qui l’attend à l’avenir et en quoi l’espoir, la détermination et les petits gestes de gentillesse sont essentiels pour accueillir et inclure les réfugiés dans leurs pays d’accueil.
Par Benjamin Mason
Abdulazez Dukhan est un photographe syrien de grand talent qui raconte les histoires des réfugiés en Belgique et ailleurs. À travers ses photos, il souhaite changer le discours sur les réfugiés et apporter un changement dans la vie des personnes déplacées de force.
Le voyage d’Abdulazez vers la photographie et la transmission d’histoires a commencé avec trois éléments clés : l’espoir, la détermination et la gentillesse. Tout cela dans un seul but : faire évoluer la situation des réfugiés dans leur pays d’accueil. Bien qu’il ait été contraint de fuir La Syrie en 2015, Abdulazez n’a jamais perdu espoir :
» Ça a toujours été l’espoir. Je pense que lorsque vous réalisez que cette situation ne changera pas si vous n’essayez pas de la changer, c’est un moment très intéressant… Vous ne savez pas si ce qu’il s’est passé n’est en fait qu’une ligne, dans un paragraphe, dans une page, dans une histoire, dans un livre… vous ne savez pas ce qu’il va se passer par la suite. »
Alors qu’il attendait la décision concernant sa demande d’asile en Grèce, c’est l’espoir et le dynamisme d’Abdulazez, ainsi que la gentillesse d’inconnus, qui l’ont amené à commencer à amplifier les voix des réfugiés qui, trop souvent, ne sont pas entendues.
Abdulazez a commencé à parler à d’autres réfugiés dans le centre d’accueil et d’identification, et à documenter leurs histoires avec la caméra de son téléphone. Il a également commencé à aider les bénévoles humanitaires en matière de traduction.
En remerciement, l’un des bénévoles a offert à Abdulazez un nouvel appareil photo digital – un acte de gentillesse qui lui a donné les outils nécessaires pour améliorer sa pratique de la narration et du photo-journalisme. Les images impressionnantes publiées sur sa page Facebook Through Refugee Eyes ont immédiatement commencé à toucher et à influencer un public plus large.
« Les messages, les photos, les histoires, tout cela touchait les gens, et cela m’a donné tellement d’espoir, et tellement d’énergie positive que – wow – ce que je fais a de l’importance et peut apporter un changement. J’ai essayé d’aborder les choses différemment, j’ai essayé de comprendre ce qui se passait des deux côtés.
En 2017, Abdulazez et sa famille ont déménagé en Belgique dans le cadre d’un programme de relocalisation de l’Union européenne (UE). À ce moment-là, Through Refugee Eyes s’était transformé en un vaste réseau de lecteurs et de sympathisants en ligne, et Abdulazez a pu entrer en contact avec des habitants qui soutenaient sont projet.
« J’avais des amis qui étaient très patients avec moi, qui essayaient de m’apprendre certaines choses… C’est honnêtement la chose que j’essaie toujours de pousser les gens à faire – regardez autour de vous, cherchez s’il y a un réfugié dans votre quartier, et découvrez la magie qui se produit lorsque vous leur dites quelques mots gentils, faites en sorte qu’ils se sentent les bienvenus… ».
En 2020, Abdulazez a lancé son projet photographique le plus ambitieux : 50 Humans. Cette puissante collection de portraits raconte les histoires de 50 personnes réfugiées à travers la Belgique. Elle met l’accent sur les nouvelles vies qu’elles se forgent dans leur nouveau pays, ainsi que sur leurs espoirs et leurs rêves pour l’avenir.
« 50 Humans est en quelque sorte le projet dans lequel j’ai mis tout ce que j’ai appris au cours des cinq ou six dernières années. J’ai rencontré 50 personnes et j’ai essayé de me concentrer sur leur vie ici [en Belgique]… Il est très important de parler de la réussite qui s’est produite dans beaucoup des cas.
Au cours de l’été 2023, 50 Humans se rendra dans la ville côtière d’Ostende pour la dernière étape de sa tournée belge. Cependant, Abdulazez prépare déjà la prochaine étape de son voyage créatif : Own Narrative.
« Il s’agit d’une organisation à but non lucratif où l’art, la photographie, le photojournalisme, l’activisme, la vidéographie se rencontrent en un seul endroit. Et il y a un autre élément dans l’équation : le monde académique et technologique. J’étudie l’informatique et l’intelligence artificielle, et je sais que la technologie peut aider beaucoup de gens aujourd’hui qui sont dans le besoin. Ce sera donc l’un de mes objectifs majeurs à l’avenir : faire intervenir le monde universitaire et la technologie dans ces domaines.
L’objectif est de permettre aux réfugiés de raconter leur propre histoire, faite d’espoir, de gentillesse et de détermination, en s’appuyant sur la technologie. La première exposition innovante, « Bright Tomorrow », présentera le travail d’artistes syriens. Les œuvres seront vendues et les recettes seront reversées à des organisations locales travaillant avec les réfugiés. Abdulazez a même l’intention de faire voyager l’exposition en Europe.
La créativité et la détermination d’Abdulazez ont permis à ses photographies et à sa narration de se propager à grande échelle, démontrant ainsi que de petits actes de gentillesse donner de l’espoir aux réfugiés, loin de chez eux.
« C’est l’effet papillon… certaines petites choses qui se sont produites dans le passé me touchent encore aujourd’hui. Grâce à elles, j’ai rencontré des milliers de personnes, je parle avec leurs mots, je raconte leurs expériences », conclut Abdulazez.
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