Ouvert le 28 juillet 2012 et abritant 80 000 personnes à ce jour, le camp de réfugiés de Zaatari est devenu un symbole de la crise prolongée des réfugiés syriens.
Par Lilly Carlisle à Amman, Jordanie.
Il y a dix ans, un groupe de 450 Syriens ayant fui les combats dans leur pays émergeait du désert dans l’obscurité de la nuit et franchissait la frontière avec la Jordanie voisine. Plus tard dans la journée, ils sont devenus les premiers résidents du nouveau camp de réfugiés de Zaatari.
En un an, la population du camp est passée à 120 000 personnes. Les tentes qui offraient temporairement un toit durant les premiers mois ont été remplacées par des milliers d’abris métalliques. Des routes, des écoles et des hôpitaux ont été construits pour répondre aux besoins des résidents. Des magasins et de petites entreprises ont vu le jour, gérés par des entrepreneurs réfugiés.
Dix ans après l’ouverture du camp, la population s’est stabilisée à environ 80 000 personnes. Zaatari demeure le plus grand camp de réfugiés du Moyen-Orient, l’un des plus vastes au monde et un symbole de la crise prolongée des réfugiés syriens.
Voici dix points à retenir sur le camp de réfugiés de Zaatari.
Les premiers réfugiés arrivés au camp de Zaatari ont reçu des tentes du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, pour s’abriter de la chaleur torride en été. En 2013, les tentes ont été remplacées par des mobil-homes. Leur durée de vie est de six à huit ans, ce qui signifie que la plupart d’entre eux ont désormais besoin de réparations urgentes. Selon une évaluation récente, l’état des murs, des sols et des plafonds de plus de 70% des abris est désormais considéré comme inférieur aux normes.
Cela équivaut à environ 40 bébés nés chaque semaine. La moitié de la population du camp est constituée d’enfants et beaucoup d’entre eux n’ont jamais dépassé le périmètre du camp. Des soins de santé aux centres communautaires, tous les services dont les enfants ont besoin sont fournis à l’intérieur du camp, y compris les écoles, qui sont gérées par le ministère jordanien de l’éducation.
Une mère et son enfant assistent à une consultation dans une clinique spécialisée dans les femmes et les nourrissons à Zaatari en 2013. © HCR/Jared Kohler
Le « Sham Elysées » – un jeu de mots combinant « ash-Sham », le mot que les Syriens utilisent pour désigner Damas, et le célèbre boulevard parisien, les Champs-Élysées – s’étend sur près de 3 kilomètres au centre du camp. On peut y trouver, entre autres, des magasins de légumes et des ateliers de réparation de vélos. Tous ces commerces sont gérés par des réfugiés. L’esprit d’entreprise des réfugiés de Zaatari a fait l’objet de reportages dans le monde entier. Les relations commerciales avec les entreprises jordaniennes locales et les fournisseurs de la ville voisine de Mafraq se traduisent par un flux constant de camions de livraison à destination et en provenance du camp.
Vue de l’artère commerciale très fréquentée « Sham Elysees » à Zaatari en juin 2015. © HCR/Christopher Herwig
Gérés par des organisations internationales et locales, les centres de soins de santé primaires sont disséminés à travers le camp pour traiter tout le monde, depuis des patients urgents amenés par le service d’ambulance du camp aux réfugiés qui s’y présentent. Environ 25 000 consultations médicales sont assurées chaque mois, les cas les plus graves étant envoyés dans les hôpitaux jordaniens des villes voisines.
Faire fonctionner le camp de Zaatari n’est pas une mince affaire. Près de 1200 personnes sont employées par 32 agences des Nations Unies et de nombreuses ONG travaillant dans le camp. De la protection à la santé, en passant par les aides en espèces et l’entretien des abris, la coordination est essentielle pour que tout fonctionne bien. Le HCR gère toutes ces activités en coopération avec le gouvernement jordanien.
La Jordanie étant reconnue comme le deuxième pays le plus dépourvu en eau au monde, l’eau est une ressource précieuse au camp, qui est situé dans le nord-est aride du pays. Bien que tous les abris du camp soient reliés au réseau d’eau, une enquête récente a révélé que 30 % des ménages de Zaatari ont déclaré que l’approvisionnement en eau ne suffisait pas à couvrir tous leurs besoins.
De jeunes Syriens jouent sur un camion-citerne, qui était la principale source d’eau du camp durant l’été 2013. © HCR/Jared Kohler
La centrale solaire de Zaatari a été ouverte en 2017 pour fournir de l’énergie renouvelable et de l’électricité aux familles de réfugiés. Conçue à l’origine pour fournir de l’électricité pendant près de 12 heures par jour, la centrale a transformé la vie dans le camp, le marché pouvant fonctionner la nuit. Emprunter les rues de nuit est désormais plus sûr. Ces derniers mois, le HCR a cependant dû réduire la fourniture d’électricité à 9 heures par jour pour gérer les coûts, la demande d’électricité ayant explosé.
La plus grande centrale solaire jamais construite dans un camp de réfugiés fournit de l’énergie propre au camp de réfugiés de Zaatari en Jordanie. © HCR/Mohammad Hawari
Des permis de travail peuvent être accordés aux réfugiés syriens en Jordanie pour travailler dans tous les secteurs ouverts aux non-Jordaniens, notamment l’agriculture, la construction, les services et les industries de base. Toutefois seulement 4% des réfugiés en âge de travailler à Zaatari possèdent actuellement un permis de travail. Alors que l’impact de la pandémie continue à affecter l’économie jordanienne, le manque d’opportunités d’emploi, tant pour les réfugiés que pour les Jordaniens, pousse davantage de résidents du camp à accepter des emplois à haut risque ou à s’endetter. Deux tiers des familles réfugiées à Zaatari déclarent être endettées.
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Odai, 28 ans, habite dans le camp depuis 2012 où il a un magasin de dessert Arabe traditionnel. © UNHCR/Yousef Alhariri
Le HCR distribue une aide en espèces chaque trimestre à tous les réfugiés vivant dans le camp pour les aider à répondre à leurs besoins essentiels. Au cours des derniers mois, les distributions d’aides en espèces ont cependant été largement remplacées par les transferts d’argent via les smartphones. 95% des ménages de réfugiés dans le camp disposent désormais d’un portefeuille sur leurs téléphones mobiles. Cette innovation permet aux réfugiés d’effectuer des paiements numériques et d’économiser de l’argent pour l’avenir.
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Les données de l’enquête montrent que la majorité des résidents du camp souhaitent rentrer en Syrie dès que possible. Si la plupart d’entre eux estiment que le pays n’est pas encore sûr à l’heure actuelle, la nostalgie de leur pays reste forte – même parmi la jeune génération qui n’a jamais connu la Syrie. Les traditions transmises de génération en génération contribuent à faire vivre la culture et le patrimoine syriens dans le camp, grâce notamment à de solides liens communautaires qui se sont développés au camp de Zaatari au cours des dix dernières années.
Une vue aérienne du camp de réfugiés Za’atari, Jordanie. © UNHCR/Mohammad Hawari
Publié par le HCR le 29 julliet 2022.
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