Iryna Morykvas raconte comment le fait de fuir l’Ukraine avec son fils a changé sa perspective sur l’amour, la paix et la sécurité, et l’a inspirée pour concevoir l’émoji de la Journée mondiale 2022 du réfugié.
Iryna Morykvas est une artiste ukrainienne et une illustratrice de livres pour enfants. Elle a fui la guerre en Ukraine avec son fils de 10 ans pour trouver refuge en Pologne, puis aux Pays-Bas, où elle est actuellement accueillie par une famille.
À l’occasion de la Journée mondiale du réfugié, Iryna a créé un émoji unique – un cœur avec une porte ouverte – symbolisant l’amour et la solidarité qu’elle a rencontrés tout au long de son périple vers la sécurité. Grâce à un partenariat entre Twitter et le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, l’emoji sera disponible sur Twitter du 19 au 25 juin, avec le hashtag #withrefugees, pour rendre hommage aux 100 millions de personnes contraintes de fuir la guerre et les persécutions.
Des illustrations par l’artiste Iryna Morykvas. © UNHCR/Iryna Morykvas
Iryna Morykvas est une artiste ukrainienne et une illustratrice de livres pour enfants. Elle a fui la guerre en Ukraine avec son fils de 10 ans pour trouver refuge en Pologne, puis aux Pays-Bas, où elle est actuellement accueillie par une famille.
À l’occasion de la Journée mondiale du réfugié, Iryna a créé un émoji unique – un cœur avec une porte ouverte – symbolisant l’amour et la solidarité qu’elle a rencontrés tout au long de son périple vers la sécurité. Grâce à un partenariat entre Twitter et le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, l’emoji sera disponible sur Twitter du 19 au 25 juin, avec le hashtag #withrefugees, pour rendre hommage aux 100 millions de personnes contraintes de fuir la guerre et les persécutions.
Des illustrations par l’artiste Iryna Morykvas. © UNHCR/Iryna Morykvas
Avant la guerre, je n’étais pas vraiment concernée par la notion de sécurité. Je vivais dans une ville magnifique et paisible, je peignais beaucoup, je voyais des amis, je voyageais. J’ai une famille merveilleuse, un appartement avec une belle vue sur la forêt.
La guerre a tout changé et m’a amenée à réfléchir sur le plan émotionnel et de façon abrupte. Quand la guerre survient, la seule chose que l’on souhaite, c’est qu’elle se termine au plus vite. On veut la paix. Toutes les autres peurs et toutes les autres considérations disparaissent. La guerre balaie tout sur son passage, elle laisse un vide.
Mon fils et moi avons décidé de fuir vers un pays sûr, où il pourrait dormir et vivre en paix, où il n’y aurait pas besoin de se cacher dans la cave au son des sirènes parce que les missiles pleuvent.
Je me suis sentie poussée par la peur et par un désir de sécurité. Je me sentais comme un oiseau migrateur qui s’envole vers des terres plus chaudes, fuyant l’hiver. Je n’ai emporté avec moi que mon fils, une petite valise et de l’amour. L’amour de mon enfant, de mon pays, de la vie, des gens et du monde. Je pense que la paix et l’amour sont les plus belles valeurs et le fondement du développement harmonieux de la société.
Lorsque cette famille nous a accueillis aux Pays-Bas, j’ai voulu apporter un peu de joie aux fenêtres, comme je l’avais fait chez moi. J’ai découpé des oiseaux blancs, deux oiseaux blancs. J’ai utilisé ce que j’avais sous la main – une feuille du cahier de mon fils et un couteau de cuisine.
Pour les choses de la vie quotidienne, on peut souvent compter sur soi-même, on peut planifier, on peut faire des efforts. Avec l’arrivée de la guerre, tout change – le sentiment de sécurité disparaît, il y a de l’incertitude, de la peur, de l’impuissance. Le moindre geste devient alors très précieux. Que ce soit quelqu’un qui vous offre un thé chaud, une couverture, de la nourriture, qui donne un jouet à un enfant ou même simplement un mot d’encouragement ou un sourire.
Je n’oublierai jamais le sentiment ressenti lorsque mon fils et moi avons franchi la frontière entre la Pologne et l’Ukraine, apeurés et fatigués, et que nous avons été accueillis avec des sourires et des accolades par les gardes-frontières et les habitants de la Pologne. Ils nous ont demandé si nous avions besoin de quelque chose, si nous avions faim ou si nous avions un endroit où passer la nuit. Les enfants ont reçu des jouets et des bonbons. Un sourire est enfin réapparu sur les petits visages effarouchés des enfants. C’était un merveilleux moment de soutien et d’unité, malgré les différences de nationalité et de statut.
Avoir un toit au-dessus de sa tête est très important pour se sentir en sécurité. Ce toit est votre chez-vous, mais lorsque des roquettes tombent autour de vous, vous devez le quitter.
J’aime voyager. C’est facile pour moi de communiquer avec les gens, mais je n’ai jamais pensé qu’un jour dans ma vie, je pourrais devoir emmener mon enfant, tout quitter rapidement et n’emporter que l’essentiel. Et entamer un voyage que je n’ai pas voulu et dont on ne sait pas quand et où il se terminera. Dans ces circonstances, on a envie d’emporter toute sa maison, parce que même les murs sont importants, son odeur est importante, ainsi que la vue depuis la fenêtre.
Lorsque nous avons été accueillis au début par une famille polonaise, mon fils et moi sommes entrés dans la chambre qu’ils nous ont donnée. Je me suis assise sur le lit et j’ai pris une grande respiration. Tout va bien. Je suis en sécurité. Je suis vraiment en sécurité. J’ai ressenti la même chose trois semaines plus tard lorsque nous sommes arrivés aux Pays-Bas dans une famille néerlandaise. Au début, c’est étrange, tout est nouveau, quand on range ses affaires, qu’on fait les gestes habituels du quotidien, mais le plus important, c’est que ce foyer existe – même s’il n’est que temporaire.
Quand on ouvre la porte de sa maison à quelqu’un qui cherche refuge, on ouvre aussi son cœur.
Car le foyer est le cœur de la famille.
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