Ce mardi 9 novembre, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi était en visite au Luxembourg. Il a rencontré le Premier ministre Xavier Bettel, le ministre de l’Économie, de la Coopération et de l’Action humanitaire Franz Fayot et le ministre des Affaires étrangères et européennes, de l’Immigration et de l’Asile Jean Asselborn. Un accord de partenariat avec le Luxembourg a notamment été signé, le pays contribuera à hauteur de 32 millions d’euros au HCR pour la période 2022-2025.
Tout d’abord je souhaiterais remercier le Luxembourg et le peuple luxembourgeois pour son support sans faille et de longue date. La contribution, régie par l’accord que nous avons signé aujourd’hui, est une contribution très importante. Elle arrive après de longues années de partenariat qui nous ont permis de développer ensemble un travail très important. Vous en avez déjà parlé, monsieur le ministre, mais je veux le souligner également. Ce type de partenariat très prévisible, multi-annuel, qui permet une grande flexibilité dans l’utilisation des fonds, est précieux pour nous, dans une situation où nous faisons face à des crises multiples et gravissimes.
Cette année seulement, en 2021, et l’année n’est pas encore terminée, nous avons dû faire face à 33 opérations d’urgence, c’est un très malheureux record. Pensez à l’Afghanistan, à l’Éthiopie, au Venezuela et à beaucoup de pays africains, qui sont confrontés à des crises multiples. Nous connaissons en Afghanistan et en Éthiopie des crises massives, nous sommes également très préoccupés par la situation au Liban qui est parallèle à la crise syrienne, toujours en cours, le tout dans la région très peu stable qu’est le Moyen-Orient. Les risques sont sévères et réels. Donc avoir des moyens sur lesquels nous pouvons compter à l’avance et qui sont flexibles, c’est très important lorsqu’il faut affronter des urgences. Il faut ajouter que, même quand une partie des fonds dont vous avez parlé, monsieur le ministre, sont alloués à nos opérations en Syrie ou en Afghanistan, nous avons besoin de beaucoup de flexibilité dans l’utilisation de ceux-ci. Et cela n’est pas le cas pour tous les pays donateurs. C’est vraiment un exemple que je tiens à mettre en avant pour également encourager d’autres pays à suivre le Luxembourg dans cette direction.
J’aimerais aussi souligner l’importance de la technologie et de l’innovation. Je cite souvent le fait que la pandémie de la covid-19 nous a souvent obligés à innover. Qu’il s’agisse d’innovation dans la vie de tous les jours ou dans le domaine de la communication pour une organisation qui a 82 millions de personnes sous son mandat. La perte de contacts physiques avec beaucoup de ceux qui ont besoin d’appuis, de conseils et d’interactions avec nos collègues nous a forcés à développer énormément l’aspect technologique et la communication à distance. Le fait que le Luxembourg depuis déjà plusieurs années ait souhaité centrer nos collaborations sur l’aspect technologique, surtout lors des situations d’urgence, est un bel exemple pour d’autres donateurs. Je suis ravi que vous ayez pris l’initiative d’organiser un Forum sur l’innovation dans l’action humanitaire qui je pense sera le bienvenu pour l’ensemble du secteur humanitaire car nous avons besoin de développer des partenariats, avec les États mais aussi avec le secteur privé.
Je veux souligner un autre point fondamental, qui n’est peut-être pas directement lié à cet accord mais qui fait partie du partenariat du HCR avec le Luxembourg. Le HCR apprécie beaucoup, et, je dirai même plus, le HCR compte sur le Luxembourg pour qu’il continue d’être une voix de raison et de principes en Europe, dans le débat tellement difficile sur les réfugiés et les migrations. Le Luxembourg, dans les forums européens et lors de discussions qui sont parfois extrêmement dures, a toujours été réaliste tout en exprimant des positions de principe qui nous ont beaucoup aidés. Ces positions ont aussi ouvert la voie à d’autres pour poursuivre ce que le Luxembourg avait fait si courageusement dans un domaine où il y a beaucoup de prudence et d’appréhension de s’aliéner une partie de l’opinion publique. On sait que le phénomène des réfugiés et de la migration en Europe est complexe, on sait aussi qu’il peut être géré et on a besoin de cette voix de raison pour que les solutions pratiques qu’on suggère aient une place dans cette discussion et puissent être adoptées par les États. Donc je veux aussi remercier le Luxembourg pour ça, je l’ai d’ailleurs dit au Premier ministre aujourd’hui, tout comme lors de mon échange au Parlement avec la Commission des Affaires étrangères et nous allons ensuite rencontrer Monsieur le ministre Asselborn pour poursuivre la discussion. Je voudrais à nouveau, et via les médias, remercier le peuple luxembourgeois pour ce soutien très important et très apprécié, qui, je l’espère et j’en suis sûr, va continuer dans les prochaines années.
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