Après avoir fui la violence des gangs dans la capitale du Salvador, Julio (27) affirme avoir enfin trouvé une certaine sérénité en Belgique. Le dessin l’a aidé à surmonter ses souvenirs de la menace qui pesait sur sa vie et celle de sa famille au Salvador. Le dessin qui a fait de lui le lauréat régional pour l’Europe du concours d’art du HCR apparaît comme une renaissance dans ce contexte de destruction, un appel à l’harmonie entre les peuples du monde.
En février 2020, Julio et sa femme décident de chercher refuge dans une région où leur fille et la petite sœur de Julio pourront grandir en toute sécurité. Ils décident de se rendre en Belgique, que Julio connaît, en tant que boulanger, via les pâtisseries belges vendues dans son pays. Un mois après leur arrivée sur le bateau Reno, un centre d’accueil flottant amarré à un quai de canal à Gand, le pays entier est entré en confinement.
Le confinement dans un centre d’asile en tant que famille de quatre personnes a été une expérience difficile, mais aussi réconfortante : « Tout le monde respecte l’espace de l’autre, et le fait que tout le monde se dise « Bonjour » le matin illumine ma journée à chaque fois. » Le confinement s’est aussi vite transformé en opportunité lorsque Julio, artiste passionné, a reçu des crayons et du papier à dessin.
Lorsque le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a lancé son concours concours artistique « Les jeunes avec les réfugiés, avec pour thème « chacun compte dans la lutte contre le virus, y compris les réfugiés. », sa créativité s’est éveillée et a débouché sur ce dessin, gagnant du concours pour l’Europe. Riche d’éléments interconnectés – des mains formant un arbre composé de visages, et tenant la terre – le dessin semble raconter une histoire de diversité et d’unité mondiale.
Le HCR a demandé à l’artiste des explications sur son dessin.
Une solidarité multicolore envers l’humanité et la planète
« A travers mon dessin, j’ai voulu montrer que tous les humains, issus de toutes les régions du globe, doivent soutenir le monde entier : d’où l’image des deux mains. Nous devons tous nous montrer solidaires envers tout le monde en ces temps de coronavirus. Chacun compte. Nous pouvons – et devons – tous aider », dit Julio.
Si certains des visages sur ce dessin, dit-il, sont ceux de membres de sa famille, d’autres représentent des personnes d’autres régions du monde, dont certaines qu’il a rencontrées sur le bateau de Reno.
« J’ai voulu montrer que tous les humains, issus de toutes les régions du globe, doivent soutenir le monde entier : d’où l’image des deux mains. Nous devons tous nous montrer solidaires envers tout le monde en ces temps de coronavirus. Chacun compte. Nous pouvons – et devons – tous aider ».
« Nous devons sauver le monde et protéger Mère Nature, que j’ai représentée par l’arbre sur ce dessin. La nature a besoin de notre soutien, surtout en ces temps difficiles », raconte Julio. Bien que les paysages salvadoriens lui manquent, il apprécie l’attitude écologique de la Belgique.
Encouragé par le concours, Julio ose rêver
Julio a du mal à croire où ce dessin l’a mené. « Je n’ai jamais rien gagné auparavant. D’où je viens, il est très difficile de gagner quoi que ce soit dans le domaine de l’art. Aujourd’hui, ça reste un passe-temps pour moi, mais c’est peut-être parce que je n’ai jamais espéré devenir une personne importante dans mon pays.
Il ose rêver plus grand, bien que précautionneusement. « Au Salvador, j’étais boulanger. J’aimerais bien en être un ici aussi un jour, et pimenter le paysage de la boulangerie belge de saveurs salvadoriennes. Mais comme je vois qu’il existe de nombreuses opportunités pour les artistes ici, comme les organisations de soutien aux peintres et les concours comme tremplin vers une carrière artistique, je rêve aussi de travailler avec d’autres artistes ici à Gand ».
Julio souhaite transmettre sa passion pour la peinture à sa fille de 7 ans, qui elle aussi adore peindre. Il a aidé le directeur de l’école à réaliser une fresque sur laquelle les élèves pouvaient s’exprimer. « Ma fille est très heureuse ici en Belgique, car nous avons pu laisser nos angoisses quotidiennes derrière nous et nous concentrer sur les études et l’art. Elle apprend aussi très vite le néerlandais ».
« L’imagination ne connaît pas de limites », déclare Julio, en regardant le canal. Tout comme les différentes images de solidarité et de diversité qu’il a intégrées dans son dessin.
Partager sur Facebook Partager sur Twitter