Les îles grecques peinent à assurer la scolarité de milliers d’enfants demandeurs d’asile.
Plus des trois quarts des 4656 enfants d’âge scolaire dans les îles grecques sont des demandeurs d’asile qui vivent dans des centres de réception tels que celui de Kos et ne sont pas scolarisés.
C’est une situation que le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, entend améliorer.
« Tous les enfants devraient avoir un accès aisé à l’enseignement officiel aussi tôt que possible. Il faut faire davantage pour éviter qu’ils ne prennent du retard », a déclaré Philippe Leclerc, le représentant du HCR en Grèce.
Environ 1800 demandeurs d’asile vivent dans le centre de réception de l’île de Kos où les conditions sont difficiles, en partie parce que le centre avait été prévu pour des séjours provisoires, avec une capacité d’accueil de 800 personnes seulement.
De nombreux réfugiés se disent aujourd’hui mécontents des conditions médiocres et du surpeuplement du centre qui n’a même pas assez de toilettes. Des résidents vivent dans des abris de fortune maintenus avec des piquets et certains des nouveaux arrivants n’auraient même pas de matelas. Plusieurs font valoir que le surpeuplement et le manque d’installations sont source d’insécurité. La situation est particulièrement angoissante pour les enfants.
« Le camp est déplorable », dit Samir qui est préoccupé par la frustration croissante des gens vivant au centre de réception.
Comme la plupart des autres jeunes réfugiés, Samir et ses amis veulent retourner à l’école le plus rapidement possible et regagner le temps perdu avant d’accumuler trop de retard pour pouvoir le rattraper.
Samir, qui est arrivé à Kos depuis Kaboul, la capitale afghane, sait pourtant qu’il fait partie des plus chanceux.
Même si son parcours éducatif a été perturbé par l’insécurité en Afghanistan et qu’il a de nouveau manqué l’école pendant son périple jusqu’en Turquie, puis durant la traversée vers la Grèce, il est aujourd’hui de retour à l’école.
Il a commencé à apprendre le grec depuis qu’il est inscrit à KEDU, une école informelle soutenue par le HCR à Kos.
Les demandeurs d’asile sont supposés vivre temporairement dans les installations de l’île et ceux dont le dossier a abouti ou qui présentent des vulnérabilités sont autorisés à rejoindre le continent. L’instruction des dossiers peut toutefois durer des mois. Les besoins humanitaires concurrents prennent la priorité.
Étant donné la faible capacité d’accueil des écoles de ces îles minuscule où résident peu d’enfants, les écoles sont trop petites pour absorber soudainement cette nouvelle demande.
Environ 112 enfants fréquentent chaque jour l’école KEDU. Il n’y a ni examens ni devoirs, mais des projets et des activités ludiques visant à familiariser les jeunes demandeurs d’asile avec la langue grecque. Comme il s’agit d’une école non officielle, aucun certificat n’est délivré pour attester du niveau des élèves.
Le HCR est d’avis que les écoles certifiées enseignant le programme national devraient être ouvertes à tous les enfants réfugiés et demandeurs d’asile en Grèce.
La routine scolaire favorise le retour à la normalité après les traumatismes endurés par de nombreux jeunes réfugiés et une réinsertion rapide dans la vie scolaire contribue à rétablir un quotidien normal. Comme tous les autres enfants, les jeunes réfugiés doivent en outre étudier pour réaliser leur potentiel.
Malheureusement, les choses ne sont pas toujours aussi faciles.
La barrière de la langue complique l’intégration. Le gouvernement grec organise l’après-midi des cours de langue destinés aux demandeurs d’asile afin de faciliter leur transition vers un nouveau système et des organisations non gouvernementales locales apportent un soutien aux élèves pour les devoirs.
Le HCR juge qu’il faut faire davantage. Le gouvernement a essayé d’inclure tous les enfants réfugiés et demandeurs d’asile dans l’enseignement officiel mais des difficultés subsistent, surtout dans les îles.
« La plupart des enfants réfugiés en Grèce continentale sont inscrits dans l’enseignement officiel en début d’année scolaire. La Grèce a fait d’importants progrès en ouvrant l’accès aux maternelles et aux écoles primaires et secondaires. Le gouvernement doit aujourd’hui étendre et intensifier ses efforts, avec les financements et le soutien persistant de l’UE, pour que tous les enfants réfugiés puissent être accueillis en classe », a encore déclaré Philippe Leclerc.
Partager sur Facebook Partager sur Twitter