Le programme JPO, quand de jeunes professionnels s’efforcent d’améliorer les conditions de vie des personnes déplacées de force en RDC
Maarten Loeckx a travaillé en tant que Junior Professional Officer (JPO) pour le HCR, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, pendant trois ans à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Il a aidé à fournir une assistance humanitaire et a contribué au monitoring de la situation des droits de humains pour les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI) dans le cadre de l’une des crises humanitaires les plus complexes au monde. Le programme belge des JPO lui a donné l’occasion d’acquérir une expérience pratique au sein des Nations unies et de travailler à l’amélioration des conditions de vie des populations vulnérables en RDC. Maintenant qu’il est de retour en Belgique, nous l’avons rencontré pour en savoir plus sur son expérience dans l’est du Congo, sur la manière dont le HCR travaille pour mieux protéger les personnes déplacées de force et sur les défis auxquels l’organisation est confrontée en RDC.
Qu’est-ce que le programme Junior Professional Officers (JPO) et comment y avez-vous eu accès ?
Le programme JPO a pour but d’apporter de nouveaux talents et de nouvelles idées aux Nations unies. Pour l’ONU, et en l’occurrence pour le HCR, cela signifie que le personnel est parrainé par les gouvernements nationaux. Pour le participant, comme moi, le programme offre une formation approfondie et une expérience pratique, ce qui lui permet de construire sa carrière au sein des Nations Unies. Le programme JPO est bénéfique pour toutes les parties.
Comment le programme a-t-il contribué à répondre aux besoins des réfugiés et aux déplacés internes en République démocratique du Congo (RDC) ?
À Goma, dans l’est de la RDC, nous sommes confrontés à une « crise de protection » due au conflit armé et aux violations des droits humains. Dans cette région, le HCR fournit aux personnes déplacées des services de base, tels que des abris, mais nous informons également les gens de leurs droits et de leurs devoirs. Nous construisons des camps, offrons une assistance humanitaire et surveillons les violations des droits humains afin de protéger les groupes vulnérables de la violence et de l’exploitation.
À Goma, je me suis rendu compte que les services de base et la sécurité vont de pair. Les personnes déplacées qui vivent dans des tentes dans un camp de réfugiés sans éclairage public sont très vulnérables à de nouveaux dangers, y compris la violence sexuelle et de genre. Le programme JPO m’a aidé à comprendre ces dangers et permis de jouer un rôle actif dans la fourniture d’une assistance essentielle.
Maarten partage son expérience au HCR à Goma
Comment le HCR soutient-il les réfugiés et les déplacés internes dans l’est de la RDC, et quel a été votre rôle à cet égard ?
Le HCR à Goma est responsable de l’assistance humanitaire dans le Nord et le Sud-Kivu, deux des provinces les plus durement touchées dans l’est de la RDC. Le Congo compte près de sept millions de déplacés internes, dont la plupart se trouvent dans ces provinces orientales. Le HCR opère à deux niveaux. Tout d’abord, le HCR est très actif au niveau pratique, humanitaire, en fournissant des abris. Nous pouvons construire jusqu’à 250 tentes par jour. Ainsi, en une semaine, nous pouvons faire en sorte que des milliers de personnes déplacées de force, dont de nombreuses familles, aient un toit au-dessus de leur tête. Nous veillons également à ce que les personnes disposent d’articles de première nécessité, tels que des couvertures, des nattes et des ustensiles de cuisine.
Deuxièmement, le HCR s’efforce de sauvegarder les droits humains des personnes déplacées de force. Cela fait partie de notre travail de protection. Nous enregistrons les violations des droits humains à l’aide de statistiques, mais aussi grâce à des entretiens avec les personnes contraintes de fuir. Nous les aidons à s’adresser aux autorités et veillons à ce qu’elles puissent s’exprimer au sein de leur communauté d’accueil.
En tant que JPO, j’ai pris la tête du projet « Protection Monitoring ». En collaboration avec une ONG, nous avons effectué un monitoring des violations des droits humains auxquelles sont confrontées les personnes déplacées de force. L’objectif est de communiquer au gouvernement, tant national que local, ainsi qu’aux autres organisations humanitaires, les causes des problèmes fondamentaux rencontrés par ces personnes, les endroits où elles sont en danger et leurs besoins spécifiques.
« Nous avons eu un impact étonnamment important au sein du système humanitaire, car nous avons analysé statistiquement et par le biais d’entretiens les vulnérabilités auxquelles sont confrontées les personnes déplacées de force ».
Un exemple concret est celui des femmes qui courent un risque lorsqu’elles vont chercher du bois dans la forêt, car elles peuvent devenir la proie de bandits ou de groupes armés. En écoutant ces femmes et en s’engageant avec elles dans des discussions de groupe, des solutions peuvent être trouvées, telles que des combustibles alternatifs pour la cuisine qui éviteraient à ces femmes de devoir aller chercher du bois. En procédant à de petits ajustements, on peut grandement améliorer la sécurité de ces personnes. Il est très gratifiant de travailler d’une manière scientifique et très efficace.
Comment la communauté internationale, en particulier la Belgique, peut-elle continuer à soutenir les réfugiés et les personnes déplacées en RDC ?
La crise humanitaire dans l’est du Congo ne reçoit malheureusement pas assez d’attention. Le HCR et d’autres organisations des Nations unies peuvent apporter des solutions concrètes, mais un soutien plus important est nécessaire. Premièrement, il est important de continuer à soutenir les solutions diplomatiques aux conflits. Deuxièmement, nous devons nous attaquer aux flux illicites d’armes et de matières premières, qui continuent d’alimenter les conflits. Troisièmement, il est essentiel de libérer des fonds suffisants pour l’aide humanitaire afin de pouvoir répondre rapidement aux situations de crise. Enfin, les relations et les négociations internationales doivent toujours être fondées sur les droits et le droit international. Cette approche garantit une solution plus durable et pacifique aux problèmes complexes de la RDC.
Quels sont vos projets et aspirations pour la suite ?
J’espère revenir au travail de protection, en explorant d’autres régions pour acquérir plus d’expérience dans la gestion de la protection. Je crois fermement que les droits humains sont essentiels à des relations internationales fondées sur des règles, et j’aimerais continuer à travailler avec l’équipe des Nations unies pour renforcer ces droits.
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