Ceci est un résumé des déclarations du Directeur régional du HCR pour l’Europe, Philippe Leclerc – à qui toute citation peut être attribuée – lors de la conférence de presse qui s’est tenue le 20 février 2024 au Palais des Nations à Genève.
Deux ans après le début de la guerre en Ukraine, entre destructions massives, bombardements et attaques de missiles à travers le pays, l’avenir de millions de personnes déracinées reste incertain.
Tandis que la guerre fait rage, les conditions humanitaires demeurent très difficiles en Ukraine, où quelque 40 % de la population a besoin de protection et de soutien humanitaire. Pour de nombreuses personnes, ce n’est pas la première fois qu’elles sont confrontées à la guerre et au déplacement, puisque cette semaine marque également le dixième anniversaire du début de la guerre dans l’est de l’Ukraine.
À ce jour, près de 6,5 millions de réfugiés ukrainiens ont fui à l’étranger, tandis que quelque 3,7 millions de personnes sont toujours déplacées à l’intérieur du pays.
Selon les résultats préliminaires d’une enquête récente menée par le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, la majorité des réfugiés ukrainiens et des personnes déplacées internes qui ont été interrogés (65 et 72 pour cent respectivement) ont exprimé le souhait de rentrer un jour chez eux. La proportion de ces personnes a toutefois diminué, car un plus grand nombre d’entre elles font part de leur incertitude en raison de la guerre en cours.
Cette étude du HCR, intitulée en anglais « Lives on Hold : Intentions and perspectives of refugees, refugee returnees and internally displaced peoples from Ukraine » (Des vies en suspens : intentions et perspectives des réfugiés, des rapatriés et des personnes déplacées internes d’Ukraine), est basée sur des entretiens menés en janvier et février de cette année auprès de quelque 9 900 ménages ukrainiens réfugiés, déplacés internes et rapatriés se trouvant tant dans le pays qu’à l’étranger.
Les personnes déplacées qui ont été interrogées ont cité l’insécurité qui règne en Ukraine comme le principal facteur empêchant leur retour, alors que leurs autres préoccupations portent sur le manque d’opportunités économiques et la pénurie de logements. L’une des priorités du HCR en Ukraine est de remettre en état les habitations afin que les personnes puissent rester chez elles. Plus de 27 500 habitations ont été remises en état à ce jour. Parmi les réfugiés rapatriés interrogés en Ukraine, plus de la moitié (55 %) ont affirmé que les possibilités d’emploi étaient moins nombreuses qu’ils ne l’avaient espéré.
Il est par ailleurs inquiétant de constater qu’une proportion importante des réfugiés ukrainiens interrogés (environ 59 %) ont indiqué qu’ils pourraient être contraints de rentrer chez eux, même si ce n’est pas là leur souhait, en raison de la guerre en cours, s’ils continuent à rencontrer des difficultés dans leurs pays d’accueil, principalement en matière d’offres d’emploi et du statut légal qui leur est assigné.
Des enquêtes antérieures indiquent par ailleurs que certains réfugiés qui présentent des besoins particuliers ou un état de vulnérabilité spécifique, notamment des personnes âgées ou en situation de handicap, envisagent de rentrer chez eux, parce qu’ils estiment qu’il ne leur reste pas d’autre solution.
La crise des réfugiés d’Ukraine se caractérise par un degré élevé de séparation au sein des familles, car de nombreux hommes restent en Ukraine. Cette situation prive de soutien familial tant les personnes qui ont dû fuir le pays que celles qui sont restées sur place, ce qui peut être difficile. Il ressort de cette enquête que le regroupement familial a été un facteur déterminant pour les réfugiés qui sont rentrés chez eux de manière permanente.
Davantage de réfugiés effectuent aujourd’hui des séjours de courte durée en Ukraine (environ 50 pour cent contre 39 pour cent l’année dernière) principalement pour rendre visite à leurs proches, mais aussi pour vérifier l’état de leurs biens. Comme l’indique la note de position du HCR sur les retours volontaires en Ukraine, ces visites peuvent contribuer à faciliter la prise de décisions informées sur un éventuel retour à plus long terme, une fois que les conditions le permettront.
Le HCR demande instamment aux pays d’accueil de maintenir une certaine tolérance à l’égard des visites à court terme des réfugiés en Ukraine, et de faire en sorte que le statut juridique des réfugiés et les droits qui y sont associés dans un pays d’accueil ne soient pas affectés par des séjours d’une durée inférieure à trois mois. La protection et le soutien aux réfugiés doivent être assurés jusqu’à ce qu’ils puissent rentrer chez eux de manière librement consentie et durable, en toute sécurité et dans la dignité.
Tant que la guerre se poursuit, les réfugiés, les personnes déplacées internes et les personnes affectées par la guerre qui se trouvent encore dans les régions proches des lignes de front ont impérativement besoin d’une assistance. Bien que la résilience des populations soit forte et que les efforts de redressement soient bien engagés dans de nombreuses régions, il faut continuer à y apporter un soutien, faute de quoi la protection et la résilience des Ukrainiens seront mises en péril.
Le HCR a besoin de 993, 3 millions de dollars cette année, dont 599 millions de dollars pour l’Ukraine et le reste pour soutenir les réfugiés dans les pays d’accueil. La réponse à la crise ukrainienne n’est actuellement financée qu’à hauteur de 13 %. Si le HCR ne reçoit pas les fonds nécessaires en temps voulu, il pourrait être contraint de réduire certaines de ses activités essentielles en Ukraine et dans les pays voisins.
La population ukrainienne, qui subit au quotidien les conséquences de cette guerre, ne peut pas être oubliée. Nous avons assisté au début de la guerre à un élan massif de solidarité et de soutien à l’égard de l’Ukraine. Ce soutien ne peut pas prendre fin maintenant.
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