Après l’invasion de l’Ukraine en février 2022, Sofiia Nazarenko, 22 ans, a fui sa ville natale de Zaporijia. À des centaines de kilomètres de là, à Bruxelles, Christophe Leclercq et sa famille cherchaient un moyen de venir en aide aux réfugiés ukrainiens. Voici leur histoire pleine de solidarité, de soutien et de volonté journalistique de raconter l’histoire des personnes contraintes de fuir.
Par Benjamin Mason
« Hier, j’ai soutenu ma thèse », raconte Sofiia Nazarenko, avec le soulagement caractéristique d’une étudiante dont l’été vient de commencer. « C’est comme une nouvelle étape de ma vie ».
Cette nouvelle étape pour Sofiia est le début de sa carrière de journaliste à Bruxelles, avec le soutien de la population locale et des Ukrainiens.
L’invasion de l’Ukraine en février 2022 a contraint Sofiia à fuir en quête de sécurité, et d’un endroit où poursuivre ses études, commencer sa carrière et construire une nouvelle vie loin de chez elle.
Pendant ce temps, à Bruxelles, le fondateur du réseau médiatique en ligne EURACTIV, Christophe Leclercq, et sa famille cherchaient un moyen de venir un aide aux réfugiés.
« Nous avons pensé que nous devions aider quelqu’un, pas seulement sur le plan logistique, mais aussi en termes de carrière », se souvient Christophe, pilier du secteur des médias à Bruxelles.
Il a suffi d’une amie commune – Natalia Richardson, ancienne journaliste ukrainienne à Bruxelles – pour mettre Sofiia et Christophe en contact. En peu de temps, Christophe et son épouse ont préparé leur chambre d’amis dans leur maison de Bruxelles pour accueillir Sofiia. Ce n’était pas la première fois que Christophe et sa famille ouvraient leur maison à des personnes contraintes de fuir. En effet, ils avaient déjà accueilli des réfugiés d’Afghanistan et de Mauritanie dans leur appartement parisien en 2015. Mais le soutien de Christophe aux réfugiés va bien au-delà de l’accueil.
En tant que professionnel chevronné dans les médias, il est très conscient de la nécessité et des défis d’un reportage dédié, précis et inclusif sur les déplacements forcés dans le monde :
« À mon avis, la question n’est pas tant de savoir comment informer sur les réfugiés, mais comment faire pour que les questions relatives aux réfugiés soient abordées dans les médias»
Sa solution ? Le ‘Europe Media Lab’, qui, parmi de nombreux autres objectifs, vise à augmenter et à améliorer les reportages sur les urgences humanitaires et à renforcer un paysage médiatique plus représentatif à Bruxelles. En parallèle, Christophe envisage également de transformer sa maison en ‘Maison du Media Lab’ afin d’accueillir de nouveaux journalistes d’Europe de l’Est.
« Il y a des gens brillants qui étudient le journalisme, y compris des réfugiés venant de pays en guerre », explique Christophe. « Par exemple, il n’y a que six correspondants ukrainiens à Bruxelles en ce moment. La septième sera Sofiia ! »
Installée dans son nouveau foyer, en toute sécurité, et inspirée par les médias, Sofiia a maintenant terminé ses études de sciences politiques à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) et se tourne vers l’avenir.
« À l’école, je ne m’intéressais pas seulement au journalisme, mais aussi à l’histoire et à la politique. C’est sans doute la raison pour laquelle je me concentre aujourd’hui sur le journalisme politique. J’espère vraiment devenir correspondante pour une chaîne de télévision ukrainienne ou un autre média. »
Outre l’accueil chaleureux et le soutien académique et professionnel qu’elle a reçu de la famille Leclercq, Sofiia a également trouvé une communauté dynamique de Belges et d’Ukrainiens qui travaillent ensemble à Bruxelles pour accueillir les réfugiés d’Ukraine et répondre à leurs besoins.
« Les autorités belges m’ont aidée à m’intégrer – de nombreux Ukrainiens reçoivent une aide de la Belgique. Cela m’a beaucoup aidée. Mais aussi la société civile en Belgique, à Bruxelles, et en particulier les Ukrainiens, font tout ce qu’ils peuvent pour que nous nous sentions chez nous. »
L’aide pour les réfugiés ukrainiens – tant de la part des autorités belges que des généreuses familles d’accueil comme les Leclercq – reste exemplaire.
Comme le dit Christophe, « l’accueil des réfugiés ukrainiens est vraiment exemplaire. Aulieu d’avoir peur, inspirons-nous de cette histoire si positive. »
Sofiia est d’accord : « En tant que journaliste ukrainienne, je peux raconter des histoires sur les réfugiés ukrainiens en Belgique, sur la façon dont ils vivent ici et sur ce que la Belgique fait pour eux ».
L’accueil de Christophe et de sa famille, ainsi que les talents et la carrière journalistique florissante de Sofiia ne laissent aucun doute sur le fait qu’ils sont un exemple.
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